DON – La famille du premier cinéaste en Afrique subsaharienne enrichit l’Ucad
La Bu reçoit la bibliothèque personnelle de Paulin Soumanou Vieyra
22 ans après sa disparition, la famille de Paulin Soumanou Vieyra vient d’offrir à la Bibliothèque universitaire (Bu), sa bi bliothèque personnelle. Un don de 500 ouvrages et revues qui viennent enrichir la documentation de l’Université Cheikh Anta Diop.
Après avoir reçu les bibliothèques personnelles des Professeurs Amady Aly Dieng, Ibnou Diagne, Alassane Ndao et de Lyliane Kestoloot de l’Ifan, la Bibliothèque centrale de l’Université Cheikh Anta Diop vient de recevoir en don la bibliothèque personnelle du cinéaste Paulin Soumanou Vieyra. Il s’agit, informe un document de presse, d’un don d’environ 500 ouvrages et revues que la famille de l’illustre disparu, considéré par ailleurs comme le père du cinéma en Afrique au Sud du Sahara, a bien voulu offrir à l’Ucad.
Paulin Soumanou Vieyra né le 31 janvier 1925 à Porto-Novo au Bénin est en effet décédé en novembre 1987 à Paris, après un brillant parcours. Il était un écrivain, un critique, un réalisateur et un historien du cinéma africain. Afro-brésilien par son père Tertulien Vieyra, et de mère fon, il était béninois de naissance et sénégalais d’adoption. Car, c’est à l’âge de 10 ans qu’il quitta le Bénin pour poursuivre ses études au Sénégal. Par la suite, c’est à Paris qu’il découvre le monde du cinéma en faisant de la figuration dans un film interprété par Gérard Philippe. Il obtient d’autres rôles dans des films, tels que : Après l’amour ou Emile l’Africain.
En 1952, il est admis au concours de l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec), aujourd’hui la Femis, où Georges Sadoul et Jean Mitry figurent parmi ses professeurs. Son film de fin d’études, C’était il y a quatre ans, fait scandale, car il refuse de censurer un plan jugé subversif. Aussi, Afrique-sur-Seine, son premier court-métrage de 1955 en collaboration avec d’autres étudiants, est réalisé à Paris, car à cette époque-là, les Africains n’étaient pas autorisés à tourner dans les colonies françaises. Il soulève la question de l’identité culturelle des jeunes africains vivant en France dans les an nées 1950 et s’interroge sur leurs rapports au continent africain. Le sujet est inédit alors, mais la diaspora restera un thème majeur du cinéma africain. Quoi que tourné en France, ce petit film fait de Paulin Vieyra un pionnier, le premier réalisateur d’Afrique subsaharienne.
Après cette expérience, il revient à Dakar en 1956 et occupe un poste au ministère de l’Information où il a en charge le service des Actualités sénégalaises. Paulin Vieyra réalise alors une trentaine de documentaires, par exemple Présence africaine à Rome (1959) lors du deuxième Congrès des écrivains et artistes noirs organisé par la revue Présence africaine ou Une na tion est née (1961), célébrant l’In dé pendance du Sénégal. En 1966, lui et ses amis tournent Môl (Les Pêcheurs), l’histoire d’un jeune pê cheur or gueil leux. Lorsque Georges Pom pidou se rend au Sénégal pour rendre visite à Léopold Sédar Sen ghor, Vieyra tourne un court métrage au ton ironique, Ecrit de Dakar, suivi de beaucoup d’autres.
En 1969, il participe à la création de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci). En 1975, c’est lui qui pu blie la toute première histoire du cinéma africain, Le cinéma africain. Des ori gines à 1973. Comme les productions de ce continent sont peu prises en compte par les critiques européens, par manque d’intérêt ou de repères, il incarne longtemps à lui seul la critique cinématographique africaine. Lié d’amitié avec Sembène Ousmane, il est l’auteur de la première biographie du réalisateur et produit également plusieurs de ses films, tels que Taw, Emitaï ou Xala, Mandat et Ceddo. Il fut aussi le mentor du réalisateur bissau-guinéen Flora Gomes.
En 1981, il tourne son premier et unique long métrage, En résidence surveillée. En parallèle, sous la direction de Jean Rouch, il prépare une thèse à l’Université de Paris I, sous le titre A la recherche du cinéma africain. Ancien enseignant au Cesti, à l’Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes et au Centre régional des animateurs culturels de Lomé au Togo, Paulin Soumanou Vieyra, décédé le 4 novembre 1987 à Paris, a laissé à la postérité de nombreuses réalisations cinématographiques, mais également de riches publications.
Par Gilles Arsène TCHEDJI *
(*avec Wikipédia)
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25 juillet 2009
Source: http://www.lequotidien.sn