BURKINA-FASO
A la caisse à partir du 12 mai 2004
La mesure de revalorisation des différentes pensions et retraites versées dans les pays antérieurement placés sous souveraineté française, aux nationaux ayant servi la France à titre civil ou militaire sera bientôt réalisée. Les pensionnaires passent à la caisse le 12 mai 2004.
C’est ce que nous a appris, SEM Francis Blondet, ambassadeur de France dans notre pays qui a animé, vendredi dernier à Ouagadougou, une conférence de presse sur le sujet. C’était en présence du DG du Trésor public burkinabè, du délégué de l’Office national des anciens combattants, du président de l’Association des anciens combattants.
"Cristallisées" aux lendemains des indépendances (1961), ces pensions et retraites ont cependant fait l’objet de revalorisations successives décrétées jusqu’en 1995. Elles étaient néanmoins très loin de ce que percevaient leurs collègues en Hexagone. Ce qui avait conduit les bobbies des anciens combattants notamment, à entreprendre la lutte pour obtenir réparation de ce qui s’apparentait à une injustice dans le traitement des pensions de retraités qui avaient travaillé dans les mêmes conditions et affronté les mêmes risques. Un Sénégalais du nom de Diop saisira même le Conseil constitutionnel français qui prendra l’arrêté Diop lui donnant raison. Cet avis fera que le gouvernement français ordonnera une révision générale du mode de calcul des pensions et retraites. Le nouveau dispositif consacre la décristallisation des pensions par une revalorisation de celles-ci à hauteur de 20 % pour compter du 1er janvier 1999 et ce, jusqu’au 31 décembre 2003. Il retient également le principe de leur actualisation annuelle pour compter du 1er janvier 2004 selon un coefficient fixé chaque année et proportionnel aux rapports des parités des pouvoirs d’achats France – Burkina arrêtés et publiés par l’ONU. Auparavant, les actualisations se faisaient au coup, par coup sans tenir compte parfois du coût réel de la vie dans les pays concernés.
Le nouveau dispositif introduit aussi de nouveaux droits : droits de reversion à compter du 1er janvier 2002 pour les veuves des pensionnés civils et militaires (à condition que le mariage ait eu lieu avant le 1er janvier 1961), droits des arrérages à la succession ouvert à compter du 1er janvier 2002 et pour les décès intervenus après cette date.
La pension militaire d’invalidité est aussi concernée par ces réformes. Elle pourra désormais être révisée en cas d’aggravation des infirmités, après expertises médicales réalisées au Burkina Faso.
Le dispositif prévoit enfin l’option pour un capital pour ceux qui souhaitent renoncer à la pension. Dans ce cas, il est servi alors une indemnité globale et forfaitaire unique, dont le montant prend en compte l’âge du bénéficiaire et sa situation famille. Les pensionnaires qui seraient intéressés par cette option ont jusqu’au 31 décembre 2005, pour prendre leur décision.
Pourquoi la décristallisation commence à partir de 1999 ? Le diplomate français qui était entouré du trésorier (Christian Bavoux) et de l’attaché de défense (Lt-colonel Patrick Praud) de l’ambassade de France au Burkina pour l’occasion, estime qu’il s’agit sans doute d’une masse critique que pouvait supporter le Trésor français qui est gardien des cassettes de l’Etat français.
Selon Christian Bavoux, ce sont 7078 Burkinabè qui sont concernés par cette mesure. Chacun recevra le 12 mai prochain, à titre de rappel, l’équivalent d’une pension d’une année. Une opération qui nécessitera une somme de 2 milliards 400 millions de FCFA déjà versée par le gouvernement français. Les pensionnés de Ouagadougou toucheront à la trésorerie de France. Les autres passeront dans les bureaux du Trésor public burkinabè en province, leur dû. Une convention lie en effet, le Trésor public burkinabè et le gouvernement français qui adopte pour l’occasion, le même dispositif que son homologue français.
C’est du reste le Trésor public burkinabè qui accomplira le maximum des paiements qui seront étalés sur quelques jours. Les retraités ont été répartis en groupes de 150 et des dispositions ont été prises pour éviter tout désagrément lors des opérations.
Il y aura ainsi des hangars et des bancs de repos en raison du grand âge des pensionnés. Les plus jeunes auraient 70 ans environ. La police et la gendarmerie nationales seront également dans les environs pour dit-on assurer l’ordre et la fluidité du trafic.
Signalons qu’en dehors du Maghreb, c’est le Burkina Faso qui dispose le plus de bénéficiaires. Suivent après le Tchad, la Guinée et enfin, le Sénégal dont le nom a pourtant été donné (Tirailleurs sénégalais) aux anciens combattants.
Pour l’ambassadeur Blondet, son pays tourne ainsi "une page très importante de cette histoire". Un diplomate heureux de voir la France témoigner, même tardivement, son respect et sa reconnaissance à des hommes qui ont aidé à défendre son intégrité. C’est donc tout émis qu’il a remis le chèque de l’opération au DG du Trésor burkinabè.
Victorien A. SAWADOGO
Source : http://www.sidwaya.bf/