Yaoundé, 22 mars (Xinhua) — Les pays d’Afrique centrale ont commémoré lundi la première Journée CEMAC (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale), instituée par les chefs d’Etat et de gouvernement lors de leur neuvième sommet en juin 2008 à Yaoundé, la capitale du Cameroun, en vue de promouvoir l’intégration sous-régionale, alors que la frontière de la Guinée équatoriale avec le Cameroun est fermée depuis le 8 janvier.
« Il s’agit d’abord d’une journée commémorative, ensuite de sensibilisation de nos populations aux idéaux de l’intégration et du renforcement de l’esprit communautaire. Le but visé, c’est que toutes les populations de la sous-région s’estiment appartenir à un même espace économique », a souligné Hassan Adoum Bakhit, commissaire de la CEMAC en charge des politiques économique, monétaire et financière, désigné pour superviser les manifestations au Cameroun.
Contrairement aux autres régions d’Afrique, l’intégration est diversement vécue en Afrique centrale. Le processus connaît une évolution à deux vitesses, la libre circulation des personnes et biens, matérialisée par un passeport commun comme en Afrique de l’Ouest par exemple, étant effective dans quatre des six pays de la sous-région : le Cameroun, le Congo, le Tchad et la République centrafricaine (RCA). Jaloux de leur souveraineté, le Gabon et la Guinée équatoriale traînent encore les pieds, arguant chercher à se munir au préalable de garde-fous contre l’immigration clandestine.
Autour de la zone frontalière camerouno-équato-guinéenne, le désarroi et l’inquiétude gagnent les populations depuis la fermeture de la frontière. « C’est une situation gênante. Le marché est paralysé. Il y a des boutiques fermées. Nous avons des commerçants qui viennent de partout, y compris de Yaoundé. En temps normal, chacun trouve son compte. Actuellement, ils passent des moments très difficiles », a déploré le régisseur du marché de Kyé-Ossi, ville frontalière camerounaise, Pierre Romuald Essono.
Grand carrefour d’échanges commerciaux entre non seulement le Cameroun et la Guinée équatoriale, mais également avec le Gabon, ce marché joue un rôle important dans l’intégration des populations de ces trois pays. Particulièrement, il ravitaille en vivres la Guinée équatoriale, dont l’économie repose davantage sur l’exploitation pétrolière grâce à laquelle le pays connaît un développement appréciable. Faute d’une main d’oeuvre qualifiée cependant, les multiples chantiers de construction font intervenir des Camerounais.
Au même tire que les populations, les autorités camerounaises ne cachent pas leur embarras suite à la décision de fermeture de la frontière équato-guinénne qualifiée d’unilatérale. « C’est une fermeture unilatérale. Car, nous ouvrons notre frontière tous les jours à 6h00 et la refermons à 18h30. Les Equato-guinéens sont libres de venir chez nous, mais les Camerounais ne sont autorisés à se rendre là-bas », a témoigné le sous-préfet de Kyé-Ossi, Vincent Mbita Obame.
Du côté des responsables équato-guinéens de la ville d’Ebebiyin, frontalière avec le Cameroun, c’est un mot d’ordre : motus, bouche cousue. Personne ne s’exprime pour expliquer les raisons de cette fermeture. « Quand nous causons avec nos collègues équato-guinéens, nous sentons qu’ils sont eux aussi gênés par cette décision. Ils ne s’étalent pas sur le sujet », a confié une source policière camerounaise.
« Ça a été une grande surprise de notre part ce 8 janvier 2009, parce que nous avons ouvert la frontière ensemble à 6h00 du matin. Contre toute attente, le responsable provincial de la police d’Ebebiyin est venu vers 8h00 et a posé un cadenas sur le mât de leur frontière, affirmant que c’est un ordre de Malabo », a indiqué le sous-préfet de Kyé-Ossi.
« Le lendemain, le préfet d’Ebebiyin a demandé à me rencontrer. Il ma expliqué que la cause de la fermeture de la frontière était une cause interne. Il a notamment fait état d’opérations d’atteinte à la sûreté de l’Etat dans lesquelles … [lire la suite]
Source : XINHUA