DOUALA (Reuters) – La jeunesse du Cameroun chasserait du pouvoir le gouvernement du président Paul Biya dans l’hypothèse d’élections libres, affirme le cardinal Christian Tumi au lendemain de la visite du pape Benoît XVI.
Dans un entretien à Reuters, l’archevêque de Douala déclare que la corruption et la mauvaise gouvernance alimentent les frustrations et qu’il faut tirer les enseignements de la situation à Madagascar, où le chef de l’Etat vient d’être déposé par la rue et l’armée.
“Je ne pense pas qu’il y ait une politique de dialogue avec quelque groupe que ce soit exprimant son mécontentement (…) Nous sommes plus proches d’une dictature que d’une démocratie”, dit-il à propos du Cameroun.
Réputé pour son franc-parler, Mgr Tumi est le chef spirituel et moral des quelque cinq millions de catholiques du Cameroun, qui compte au total 18 millions d’habitants. Il a aussi gagné l’estime et le respect de nombre de ses compatriotes pour ses prises de position régulières contre les atteintes aux droits de l’homme dans son pays.
Certains pensent même que cet ecclésiastique de 78 ans, qui doit prendre sa retraite pastorale cette année après 20 ans passés à l’archevêché de Douala, est la seule personnalité capable d’unifier une opposition très disparate.
L’an dernier, des “émeutes de la faim” avaient éclaté pour protester contre la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant. Les manifestants entendaient aussi protester contre la décision du chef de l’Etat de supprimer la limitation des mandats présidentiels, une mesure lui permettant de se représenter en 2011 au terme de 27 années sans interruption au pouvoir.
Après les émeutes de 2008, qui ont fait des morts, l’opposition et la société civile reprochent aujourd’hui à la nouvelle commission électorale Elecam, censée être neutre, d’être en réalité truffée de responsables proches de Biya. Les précédentes consultations électorales ont été entachées d’irrégularités au Cameroun.
“CELA POURRAIT ARRIVER N’IMPORTE OÙ”
Selon Mgr Tumi, l’Elecam a “déçu” les Camerounais en observant par exemple que l’âge minimal de voter est fixé à 20 ans alors que celui de se marier n’est que de 16 ans pour les femmes. La majorité fiscale est quant à elle de 18 ans pour les hommes.
“S’ils (les jeunes) sont libres de prendre une décision aussi importante, pourquoi ne pourraient-ils pas aussi voter ? Nos … [lire la suite]
Source : Challenges