Si tel serait le cas, cette option grossirait à souhait certaines épisodes sans grand intérêt et ne servirait que les visées électoralistes dans la transes desquelles vit le chef de ce régime et qui est lunique déterminant de ses actes.
Le pape peut aussi, à lopposé, choisir le peuple camerounais, ce peuple martyr , prenant ainsi ses distances de lexploitation politico-médiatique que le régime en place voudra sans conteste tirer de son passage. Cette posture serait à la fois à la hauteur du symbole quil incarne et à la mesure de la soif de réparation de linjustice séculaire, qui suinte de la mémoire collective et historique du peuple de notre pays, lui à qui, depuis le début des temps , refuse le droit du choix libre et transparent de ses dirigeants.
Elle se matérialiserait notamment par une parole de feu du pape sil venait, comme nous le souhaitons, à dénoncer la misère spirituelle, morale et matérielle dans laquelle senfonce chaque jour davantage notre peuple, sil venait à dire le droit des Camerounais à jouir du respect de leur dignité à l opposé de la servilité à laquelle les condamne le régime en place, le droit davoir une justice respectueuse des droits humains à lopposé d une machine animée par la seule volonté satanique du règlement de compte et de lépuration politique des concurrents politiques réels ou soupçonnés, comme on la vu hier avec les assassinats de Um Nyobe, Moumié, Ossende, Ouandié, comme on le voit aujourdhui avec l acharnement judiciaire dont sont victime Titus Edzoa, Pierre Engo, et bien dautres, sil venait à proclamer la légitimité de laspiration à la Justice, à la pleine jouissance des droits citoyens et des richesses de leur pays par tous et non par une poignée de personnes.
Faire le choix du peuple
Nous faisons le pari et émettons le vu ardent que le Souverain pontife fasse le choix du peuple et du rappel de ses droits inaliénables. Les Camerounais ausculteront donc son discours pour y déceler les dénonciations des maux qui minent notre pays et dont les figures emblématiques quont été feus Mgr Jean Zoa, le père Ela, le père Mveng ne se sont pas, de leur vivant, privées de dénoncer avec autorité et véhémence.
Ce faisant, ce serait une manière de reconnaissance de la justesse du combat de Um Nyobe et de ses compagnons, eux dont la vie terrestre a été sacrifiée dans la lutte pour la dignité et la justice pour le peuple camerounais qui, depuis plus dun demi-siècle, vit la perpétuation dune oppression matérielle et morale connue de tous. Cela vaudra canonisation de ces saints laïcs, eux dont laction grandiose est sujette à une permanente volonté de dissimulation à lintelligence des Camerounais et principalement des jeunes générations, alors que sont tressés des lauriers à ceux-là qui sont, en vérité, les agents de la perpétuation de la domination et de l extorsion de ses richesses dont sont victimes et le Cameroun, et son le peuple.
Le Souverain pontife qui a été saisi et amplement documenté sur cette situation est informé des maux et affres dont souffre notre pays. Il nest, pour certains comme moi, daucun doute de ce quil sait sa venue être de celles que lon rend à un peuple épuisé par la lutte contre loppression dun régime compradore installé aux commandes du pays à la fin des années 50 par le complexe des intérêts néocoloniaux et dont les suppôts perpétuent la pire des injustices dont un peuple peut être victime à savoir être privé du droit de jouissance de ses richesses, se voir refuser par des procédés iniques lexpression de sa libre volonté dans le choix des ses dirigeants, être condamné à mourir à petit feu des affres de la pauvreté, de la misère et du désespoir, tandis quune minorité senivre dans des fastes orgiaques.
Le combat qui sest livré dans les années 50 et 60 dans notre pays et qui a mis face à face les deux esprits en lutte dans notre pays mérite à cette occasion dêtre ramené à la lumière. Il sest agit de la volonté de la France, pays dont le statut dempire et de puissance était désormais derrière elle et qui est depuis lors cette puissance en déclin que nous voyons, de garder le contrôle politique et économique de pays dont les richesses pouvaient compenser ses faibles ressources en matières premières et en ressources financières. Elle tentera alors dinstaller au pouvoir des individus dont la mission exclusive était de protéger la permanence de sa main mise sur les richesses des pays place alors sous sa colonisation.
Cette tentative lui vaudra une défaite militaire humiliante en Indochine par la bataille de Dien Bien Phu ou les Vietnamiens, conduit par Ho Chi Minh bénéficieront de l appui significatif de la Chine, proximité régionale aidant. Elle lui vaudra ensuite deux défaites politiques significatives en Afrique du Nord ; au Maroc où la mobilisation du peuple le forcera à rétablir le roi Mohamed V sur son trône doù il avait été enlevé, en Tunisie où Habib Bourguiba le contraindra à accorder lindépendance et à évacuer la base militaire de Bizerte, grâce au soutien militaire, politique et logistique que ces deux pays recevront du monde arabe, là aussi, la proximité régionale aidant. Cest en Algérie que lui sera infligée la deuxième défaite militaire notoire, au terme dune guerre qui fera un million de morts et verra le rapatriement force en métropole de plusieurs millions de Français.
Cette volonté connaîtra des sorts divers en Afrique centrale. La France installera le servile Abbé Fulbert Youlu à la tête du Congo. Les événements dit des Trois glorieuses le balaieront et porteront au pouvoir le progressiste Massembat Débat qui sera liquidé pour que soit installé au pouvoir Sassou Nguesso. Le Gabon sera confié à Léon Mba à qui succèdera Bongo, proconsul depuis 40 ans.
Notre pays avait la particularité de receler dune classe de militants nationalistes brillants qui entendaient tirer avantage de son statut de territoire sous mandat des Nations unies que la France navait pas à considérer comme une … [lire la suite]
Source : Ici Cemac