A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Charles Darwin, BBC News a interrogé l’un des premiers scientifiques africains, le Dr Ave Kludze, de l’Agence spatiale américaine, NASA, sur les raisons qui ont motivées sa carrière stellaire et sur son avis au sujet de l’état actuel de l’enseignement des sciences en Afrique.
J’étais un jeune home très curieux.
Mes parents n’aimaient pas me laisser seul à la maison, parce qu’il savaient que j’allais démonter la radio.
Même chez des amis, je me retirais avec le téléviseur pour comprendre comment il fonctionne.
Mais ma vie a véritablement changé la première fois que j’ai été à l’aéroport d’Accra, où j’ai vu un avion atterrir et décoller.
J’ai alors su que je voulais être pilote et depuis ce jour, je ne me suis intéressé qu’à la science, jusqu’à l’école, où j’ai opté pour des études scientifiques.
Mon père voulait me voir devenir avocat, mais, j’ai eu beaucoup de chance, parce qu’il a soutenu mes ambitions.
Malheureusement, à l’âge de 17 ans, je me suis rendu compte que je ne pourrais pas réaliser mon rêve, je ne pouvais pas devenir pilote. En effet, mon frère, mon père et ma mère portaient tous des lunettes. Ce qui impliquait qu’un jour, j’en porterai aussi, et c’est justement le cas. J’étais très déçu.
Energie solaire
J’ai alors décidé de canaliser mon énergie vers un autre objectif, l’ingénierie.
J’ai étudié le génie électrique aux Etats-Unis, à l’Université de Rutgers, dans le New Jersey.
Mon intention était de retourner au Ghana, je me suis donc intéressé davantage à l’application de l’énergie solaire aux appareils électriques : réfrigérateurs solaires, congélateurs solaires, bref, tout appliquer au solaire.
Puisque l’énergie solaire est gratuite, j’ai pensé que nous devions l’utiliser en Afrique, travailler avec les ressources disponibles. Mais au lieu de travailler sur des panneaux solaires au Ghana, j’ai été recruté par la NASA, pour la construction et le lancement d’engins spatiaux.
Je n’aurais jamais imaginé avoir un jour l’opportunité de travailler pour la NASA. Pas avec mon cursus.
Je me souviens de l’accident du Challenger ; j’avais vu la navette se désintégrer. Après l’incident, j’ai visité le « Centre américain » au Ghana, où j’ai vu la tragédie au journal télévisé. J’ai ensuite écrit à la NASA et ils m’ont répondu. Ils m’ont envoyé des photos et des documents concernant certains engins spatiaux, que j’ai collés sur mon mur.
J’ai encore ces photos aujourd’hui.
Aujourd’hui, plusieurs années plus tard, je travaille au quartier général de la NASA, à Washington, comme directeur des spécifications. J’aide l’agence à prendre des décisions stratégiques.
Le Président George Bush a exprimé son voeux de voir la NASA envoyer une navette sur la lune d’ici 2020. L’agence y travaille donc actuellement.
Je travaille sur le système de communication que les astronautes utiliseront sur la lune et sur mars.
Ils enverront des photos prises en temps réel. Je m’assure que nous ne perdions pas de vu la moindre spécification. Nous avons faits de grands progrès depuis Apollo.
J’ai fait voler de nombreux engins spatiaux, y compris le satellite Calipso.
Je ne vais pas sur orbite – Je fais voler les engins depuis le sol, à l’aide des commandes robotisées du centre de contrôle de la NASA.
Mission en Afrique
La question m’a été plusieurs fois posée de savoir ce que la NASA fait pour l’Afrique.
Pourtant de nombreux Africains ont des téléphones portables, dont la technologie a été développée par la NASA.
Leurs voitures, leurs paires de lunettes, toutes ces choses dont bénéficie même le citoyen ordinaire, sont des produits de la NASA.
La NASA ne travaille pas que dans l’espace, nous développons également des technologies pour les avions.
Et puis notre modèle de conception des systèmes s’applique à tous les types de projets d’ingénierie.
Si vous avez par exemple un projet d’aménagement hydraulique pour l’agriculture, les travaux de la NASA peuvent rendre votre projet plus viable.
Je pense que la jeune génération du Ghana a aujourd’hui plus de chance de devenir scientifiques que je n’en ai eu dans le passé.
PARCOURS SPATIAL D’AVE
1966 : Naissance à Hohoe au Ghana
1978 : Etudes à Adisadel College, sur la Côte du Cap
1989 : Etudes de génie électrique à l’Université Rutgers, aux USA
1995 : Entrée à la NASA
2004 : Participation à la conception de la caméra infrarouge pour activité extravéhiculaire (EVA IR) pour les astronautes
2006 : Conseiller technique de l’Inspecteur général du bureau de la NASA
2006 : Lancement de l’environnement satellitaire du Calipso, avec le Dr Kludze comme ingénieur systèmes
Source: BBC News