Des étudiants à plein temps en MBA âgés de 40 ans ou plus sont rares. Mais pour certains c’est une expérience enrichissante.
Durant ses nombreux stages en entreprise, Liza Turley, 42 ans, diplômée de la promotion 2008 de Foster School of Business de l’Université de Washington, a été à chaque fois victime d’un malentendu. Les enseignants et les chefs d’entreprise la prenaient très souvent pour une enseignante et rarement pour une étudiante.
A en juger par la bonne décennie qui la séparait de ses camarades, il n’était pas surprenant qu’on ne la considère pas, au premier abord, comme une étudiante. Les étudiants à plein temps en MBA, âgés de 40 ans et plus sont plutôt rares, et puisque cette formation compte une grande majorité de jeunes, les étudiants plus âgés doivent bien se faire une raison.
Très souvent, les étudiants en commerce optent pour une formation de second cycle après cinq années d’expérience en tant que diplômés du premier cycle, soit, en général dans les dernières années de leurs vingtaine ou au début de leur trentaine ; une période de la vie où de nouveaux chemins sont tracés. Par contre, les adultes de 40 ans sont très souvent déjà bien installés dans leur carrière, ont une famille et ont atteint un niveau où des compétences supplémentaires ne garantissent aucune contrepartie substantielle. C’est pourquoi ils sont plus tentés par des programmes de formation de cadres d’entreprise ou par des programmes à temps partiel.
« Très souvent, à la fin de la vingtaine, on est à une période charnière de sa carrière, un moment où il faut prendre des décisions concernant son avenir », déclare Rachel Edgington, directeur de la recherche et de l’analyse des marchés au Graduate Management Admission Council (GMAC).
Mais pour certaines personnes, l’âge ne compte pas quand il faut prendre ces initiatives. « Il n’est jamais trop tard pour suivre une formation de second cycle, et pour cause. Un diplôme de commerce a toujours amélioré les options de carrière », affirme encore Edgington.
Turley révèle que son MBA lui a permis d’acquérir les compétences et le vocabulaire nécessaires pour passer d’un environnement entrepreneurial réduit à un contexte plus élaboré. Elle a travaillé pendant 12 ans dans l’industrie alimentaire et durant sept de ces années elle détenait de grosses actions dans une entreprise de restauration. « J’avais les mêmes objectifs que mes pairs, à la seule différence que mon background professionnel était plus fourni », révèle Turney.
Turley travaille aujourd’hui pour Akona Consulting à Kirkland, dans l’Etat de Washington, grâce à un camarade d’un an plus âgé qu’elle. Sans complexe par rapport à son âge, elle affirme avec assurance que son MBA en valait la peine.
Tandis que le rapport du Council of Graduate Schools révèle une augmentation du nombre d’étudiants âgés d’au moins 40 ans dans tous les programmes de second cycle entre 1995 et 2005, le GMAC rapporte que le nombre de candidats de 40 à 49 ans, inscrits à l’examen d’entrée dans une école de commerce, ne cesse de chuter depuis de nombreuses années.
Des 217,698 tests GMAT lancés dans la période 2006-07, seuls 7,581, soit moins de 4% ont vu la participation de candidats de 40 à 49 ans. Aussi, ce chiffre est environ un tiers inférieur à celui d’il y a cinq ans, lorsque des candidats de la même tranche d’âge ont participé à 10,092 tests. Pour Edgington, de nombreux facteurs sont responsables de cette baisse, notamment le fait que la génération X est la plus faible tranche de la population.
Toutefois, malgré la baisse du nombre de tests passés par les candidats de 40 ans et plus, les experts en admission rappellent qu’un MBA demeure une option viable pour l’étudiant qui la mérite.
Récemment nommé doyen du Touro College of Business de New York City, Michael Williams est l’un des universitaires qui défend le retour à l’école des candidats de la quarantaine. Touro compte d’ailleurs le plus grand nombre d’étudiants adultes – environ 20% des futurs diplômés des programmes à plein temps sont âgés d’au moins 40 ans. De plus, estime-t-il, la moyenne d’âge des étudiants de la promotion en cours est de 30 ans.
« Je ne pense pas qu’être plus âgé vous empêche de faire un MBA, c’est mon point de vue professionnel et personnel » affirme Williams. « Nous remarquons que les étudiants d’un certain âge nous arrivent avec une expérience avérée. Certains ont un parcours discontinus, [et] ils ne savent pas comment mettre tout cela à contribution. »
Directrice des programmes de perfectionnement professionnel au Graduate School of Business de l’Université of Chicago, qui compte très peu d’étudiants âgés d’au moins 40 ans inscrits au programme à plein temps, et aucun dans la promotion 2008, Anita Brick convient que le succès en MBA de la majorité des étudiants plus âgés repose sur leur expérience.
Elle se souvient d’un étudiant qui ne pouvait plus pratiquer d’opération chirurgicale, mais qui a acquis les connaissances nécessaires dans une école de commerce pour devenir directeur général d’une société de matériels médicaex. « Il s’est véritablement inspiré de son ex`érience, dit-elle, je ne parlerair pas de c`angement de carrière, mais d’extension de carrière. »
Sheryle Dirks, vice doyen chargée de la gestion des carrières à Duke’s Fuqua School of Business soutidnt que les étudiants en MBA, âgés de plqs de 40 ans, devraient être préparés à diversifier leur recherche d’emploi, au-delà des processus de recrutement standards des écoles de commerce.
A l’évidence, « si un étudiant de 40 ans s’intéresse à des offres d’emploi publiées sur le campus, certains employés se demanderont bien comment un étudiant plus âgé parviendra à s’intégrer dans un groupe de collègues plus jeunes, ou ce qu’il attend en termes d’affectations initiales et d’avancement professionnel » révèle Dirks. « Un étudiant de cette tranche d’âge, qui a des réponses pertinentes à ces questions, aura plus de chances de trouver un emploi qu’un autre qui n’en a pas. »
De plus, de nombreux étudiants de plus de 40 ans, ayant récemment suivi une formation à plein temps en MBA, affirment que l’expérience en valait la peine.
Pour Jeff Recker, 41 ans, fréquenter Vanderbilt’s Owen School of Business, a été une « expérience formidable ». Après avoir travaillé avec plusieurs jeunes entreprises qui ont fermé durant le fiasco de la cybercompagnie, il s’est retrouvé avec un emploi inintéressant dans la vente des produits médicaux. Il y a passé deux ans avant de se décider à passer à autre chose.
« Lorsque le vin est tiré, il faut le boire, au risque de perdre toute la bouteille », déclare Recker, qui a achevé sa formation en mai, au sujet de sa longue hésitation à entrer dans une école de commerce. « Si vous croyez en vous-même, vous verrez que les autres le peuvent également. Personne ne peut vous enlever votre éducation une fois que l’avez obtenue. »
Recker a récemment été nommé franchiseur de distribution pour Solar Big Belly, une société spécialisée dans le compactage d’équipements solaires désuets, qu’il a connu au cours d’une étude de cas à Vanderbilt. « J’appelle cela une contrepartie immédiate, car ce que j’ai appris pendant l’étude de cas fait aujourd’hui partie de mon métier », se réjouit-il.
Jonah Zimiles, 51 ans, a décidé de s’inscrire en MBA à Columbia Business School, après six années passées à la maison auprès de son fils autiste. « Cette formation m’a procuré une multitude de compétences au travers desquelles j’ai l’assurance de pouvoir faire face à presque tous les défis économiques que je pourrais rencontrer ou à tous les types de défis professionnels de la vie », révèle Zimiles, qui, pendant 15 ans, avait déjà servi en tant que juriste.
Sorti de l’école en mai, Zimiles exploite aujourd’hui ses connaissances pour démarrer un projet communautaire à son propre compte. Avec son épouse, il a remarqué que la librairie voisine fermait et il l’a acheté sur un coup de tête. Il prévoit de l’étendre, d’apprendre les rudiments de la vente au détail et d’employer des adultes autistes afin de leur procurer une formation et une expérience.
Zimiles confie qu’il n’est pas allé dans une école de commerce pour se faire de nouveau amis ou des « compagnons de jeu », comme il le dit lui-même. Il a tout de même célébré son 50ème anniversaire l’année dernière à Las Vegas en compagnie d’un groupe de collègues de 25 à 30 ans et a pris part à une compétition de « briefcase throw », lors des jeux de Duke MBA.
Il mentionne cependant un inconvénient de l’école de commerce : « ma femme se plaint que je passe trop de temps sur Facebook. »
Source: BusinessWeek