Toilette féminine : Règles d’or pour une bonne hygiène intime
Le sujet est tabou. Toutes les dames et les jeunes filles que nous avons rencontrées pour en parler nous ont opposé un refus poli. Pourtant, il est d’une importance capitale pour la santé du ***e. Il s’agit, vous l’avez sans doute deviné, des toilettes intimes. L’appareil génital féminin sécrète des liquides biologiques naturels qui contiennent des bactéries protectrices.
Certaines sécrétions dégagent des odeurs nauséabondes. Pour ne pas mettre mal à l’aise l’entourage, il arrive que les femmes utilisent des déodorants ou procèdent à un lavage vaginal régulier parfois intempestif. S’il est important d’avoir une bonne hygiène génitale, par respect pour le partenaire et afin que l’acte ***uel et l’épanouissement ***uel ne soient pas freinés par le dégoût de l’un des deux partenaires, il faut cependant noter qu’une hygiène excessive peut causer d’énormes dégâts sur la flore vaginale et vulvaire. A ce propos, nous avons rencontré le Dr Charlemagne Ouédraogo, gynécologue-obstétricien des hôpitaux, un médecin qui fait montre de disponibilité constante et de promptitude à nous recevoir chaque fois que nous le sollicitons pour donner l’information sanitaire juste à nos lecteurs.
La région ano-génitale a la particularité d’être un lieu de communication entre le monde environnant et les organes internes, à savoir les appareils urinaire, digestif et génital, de par la présence de l’abouchement de ces conduits naturels dans cette région (urètre, anus, vagin). Le corps a ses propres moyens de défenses naturels (la flore vaginale normale du bacille de Döderlein par exemple), encore faut-il qu’il ne soit débordé par la création de conditions défavorables, soit par défaut, soit par excès d’hygiène locale.
C’est surtout la malpropreté (défaut d’hygiène) de la région ano-génitale, associée à la transpiration, la macération, les microtraumatismes, l’apport de germes ou de virus, voire « l’excès de propreté », qui créent les conditions favorables à l’éclosion de certaines pathologies nuisibles à sa santé, à son bien-être et à ses relations intimes (des sécrétions malodorantes peuvent entraîner la répulsion du partenaire, certaines affections peuvent lui être transmises).
Les habitudes vestimentaires (vêtements, sous-vêtements)
Pour éviter cette situation, certains comportements et habitudes s’imposent,des règles d’or pour respecter une bonne hygiène de vie intime.
Eviter le port prolongé de vêtements serrés (jeans serrés) ou de collants, qui favorisent les microtraumatismes par le frottement, la transpiration persistante entraînant une humidité prolongée et une macération ;
porter des sous-vêtements (slips, culottes) en coton et non en synthétique ou en nylon ;
éviter le port de sous-vêtements comme les strings ;
laver les sous-vêtements à 60° et plus, et bien, séparément des autres vêtements. Ce degré élevé de température est conseillé pour détruire d’éventuelles formes de résistances des champignons, les chlamydospores, à l’origine des mycoses ;
ne pas rester longtemps avec des maillots de bain humides à même le corps et veiller à les faire sécher rapidement ou à les échanger contre un sous-vêtement ou maillot sec, car l’humidité et la macération sont à l’origine des mycoses.
ne jamais échanger ou utiliser une serviette de toilette, éponge, linge, maillot de bain, sous-vêtement utilisé par autrui dont on n’est pas certain de la propreté rigoureuse ;
changer les sous-vêtements pour des sous-vêtements propres, au moins une fois par jour ou plus en cas de transpiration excessive, surtout après un effort physique ou en cas de conditions atmosphériques de chaleur (humidité) ;
laver les sous-vêtements avec une lessive adaptée (évictions de produits allergisants, agressifs, décapants).
Ne pas laisser traîner les sous-vêtements sur le sol pour les porter ensuite.
Les comportements au quotidien
Avoir les mains propres (lavage au savon) avant de toucher la région ano-génitale, les siennes comme celles du partenaire ;
ne pas toucher poignées, abattants des W-C publics et même chez soi, avec la main utilisée pour l’hygiène locale au risque de s’exposer aux maladies infectieuses telles que l’herpès et les condylomes ;
ne pas s’asseoir sur l’abattant d’un W-C utilisé par autrui sans avoir pris la précaution de désinfecter ou de poser un système de protection intercalaire.
Après avoir uriné, possibilité d’assécher localement la vulve avec un tissu ou papier tissu doux (Kleenex, lotus, lingettes, etc.) propre, toujours avec un geste d’avant en arrière par tamponnement ou essuyage doux, en suivant les replis intimes (région du méat urinaire et des petites lèvres puis les sillons entre les petites et les grandes lèvres).
Après défécation, essuyer la marge anale et l’anus avec ses plis radiés correctement d’avant en arrière, sans gestes intempestifs, risquant l’apport de matière fécale vers la vulve et le vagin pour éviter l’apport de matière corrosive et l’ensemencement de germes ;
pour le rasage des poils pubiens, laver la vulve en premier avec un savon adapté, désinfecter localement avec un produit adéquat, pratiquer le rasage avec douceur puis désinfecter à nouveau avec le produit antiseptique avant de remettre un sous-vêtement propre, (éviction du risque de folliculite locale). Eviter les crèmes épilatoires irritantes ;
éviter le piercing dans cette région et si l’on décide de le faire, le pratiquer dans des conditions d’asepsie rigoureuse ;
une toilette complète par jour ou plus, si transpiration excessive par temps de chaleur ou par suite d’effort physique, est recommandée.
Préférer la douche.
Pour le bain quotidien, se limiter à moins de 20 minutes, ce qui ramollit les tissus et déshydrate la peau.
L’eau calcaire, les savonnages répétitifs et trop violents (frénétiques) altèrent le film protecteur de l’épiderme, la peau se dessèche, devient rugueuse, sensible.
Séchage toujours avec un linge propre ou au sèche- cheveux à chaleur douce.
Nettoyage doux de la région clitoridienne, en décalottant avec douceur le capuchon clitoridien.
Les produits de toilette
Ne pas utiliser n’importe quels produits, notamment trop décapants ou des produits antiseptiques quelconques, sans raison ou avis médical.
Utiliser des crèmes, huiles adaptées à la physiologie féminine à pH neutre (pH7), ne perturbant pas l’acidité naturelle. Préférer le savon de Marseille, sans colorant ou des produits conseillés par votre médecin ou pharmacien (bains moussants avec produits enrichis en agents adoucissants et hydratants et se rincer soigneusement ensuite).
Ne pas exagérer avec des bains additionnés en huiles essentielles sans conseils avisés et dosage adéquat.
Certains déodorants sont particulièrement agressifs, provoquant rougeurs, démangeaisons, inflammations, allergies. Ils sont à éviter pour masquer des effluves désagréables nécessitant plutôt un conseil médical (cas de certaines vaginoses).
« Les douches vaginales répétitives fragilisent le vagin »
Elles sont conseillées une fois après les règles et uniquement avec de l’eau claire sans additionner d’autres produits pour ne pas perturber l’écosystème local de défense (sauf avis médical différent). Des ablutions externes à l’eau et au savon adaptées à l’hygiène féminine avec exploration digitale, mains propres, remplacent avantageusement les injections vaginales. L’usage fréquent et régulier de la douche vaginale à l’aide d’une poire gynécologique est à proscrire, car le milieu vaginal assure lui-même sa protection (sauf avis médical différent).
Certaines femmes musulmanes procèdent à des douches vaginales répétitives à longueur, de journée, cela n’est pas conseillé ! A la longue, elles vont fragiliser leur vagin et s’exposer à des infections vaginales. Le mécanisme est simple, c’est par destruction de la flore protectrice du vagin ! « Le vagin n’est pas une marmite à curer et récurer ! », a souligné le Dr Ouédraogo.
Que faire pendant les règles et lors des rapports ***uels ?
Changer les serviettes hygiéniques ou tampons hygiéniques régulièrement sur les 24 heures en fonction du flux.
Faire une toilette minutieuse. Bains et douches externes ne sont pas contre-indiqués, bien au contraire, selon les modalités précitées.
Eviter les rapports ***uels à ce moment (milieu plus propice à contracter des germes, augmentation du risque d’ascension des germes vers le haut de l’appareil génital).
Changer les protèges slips, s’ils sont humides, aussi fréquemment que nécessaire dans la journée, car la pellicule plastifiée empêche l’aération et favorise humidité et macération.
Eviter les rapports ***uels pendant les règles (risques d’ascension de germes).
S’assurer de la bonne hygiène du partenaire avant chaque rapport ***uel (lavage des mains et du ***e) et utiliser un préservatif au moindre doute, même si l’on utilise un autre mode contraceptif.
Se méfier de certaines pratiques ***uelles qui lèsent les muqueuses fragiles de la région ano-génitale, facilitant l’inoculation et ou la propagation des germes, de même que le contact avec certaines lésions à risques de contagion (vésicule herpétique, condylome) du partenaire.
Eviter les rapports ***uels anaux puis vaginaux sans certaines précautions hygiéniques entre ceux-ci (risque d’ensemencement patent des germes).
La fellation et le cunnilingus sont des pratiques ***uelles appréciées par certains, mais qui peuvent être dangereuses quand l’un des partenaires est porteur d’une infection ***uellement transmissible.
Utiliser un préservatif à chaque rapport ***uel avec un partenaire à risque : (un inconnu, partenaires multiples présentant une MST).
Uriner avant et après le rapport ***uel (but : « chasser « autant que possible des germes qui peuvent ascensionner dans l’urètre).
Avoir une culture de la consultation
Ne pas laisser courir une lésion, infection génitale, sans contrôle médical. Ne pas s’automédiquer sans avis compétent préalable.
Consulter, si vous avez des sensations douloureuses ou brûlures mictionnelles (en urinant) ou dysurie (difficulté d’uriner) ou écoulement désagréable (inhabituel, irritant, alodorant…), signes inflamm- atoires locaux, érythèmes (rougeurs), prurit (démangeaisons) permanent ou boutons, ou érosion.
Consulter en cas d’une inflammation persistante de la gorge suite à certains contacts (bucco-génitaux) ;
Par contre, ne pas s’inquiéter à tort des sécrétions vaginales incolores (blanc d’œuf) et inodores surtout au milieu du cycle qui résultent d’un processus physiologique normal de desquamations cellulaires et de sécrétions glandulaires. Pour les femmes ménopausées, le gynécologue conseille de discuter avec un médecin de l’opportunité d’un traitement approprié en sus des règles d’hygiènes préconisées, à but de restauration ou d’amélioration des défenses locales.
Ouédraogo Adama Damiss
L’Osevateur Paalga
17 février 2009