DR. OLIVIER KOUADIO OBROU, L’IVOIRIEN DE LA NASA
Son succès américain ne lui fait oublier l’Afrique et ses nombreux besoins en technologie
Dr. Olivier Kouadio OBROU, n’est certes pas l’unique africain qui travaille pour et / ou prend part à des travaux de recherche à la NASA, la prestigieuse. Mais partir d’Assié-Orié (Commune de Yakassé-Attobrou) en Côte d’ivoire, où l’Ivoirien de la NASA a fait son cycle élémentaire à l’école Primaire Publique de la localité, pour aller s’imposer dans le très sélectif centre de recherche américain mérite qu’on s’y arrête.
En 1997. En présentant avec succès son doctorat en Physique de l’Atmosphère sur le thème « Electrojet équatorial: Etude à l’aide du modèle physique local de Richmond. Analyse comparative avec les observations » à l’Université de Cocody , Olivier Kouadio Obrou était loin d’imaginer que seulement 6 ans après, il ferait parti des chercheurs de la NASA.
Pour olivier Obrou, la porte de la Nasa s’est ouverte en Italie comme il le raconte lui-même : « après ma thèse, j’ai travaillé avec la permission de l’université de Cocody au Aeronomy and Radio propagation Laboratory, qui est au centre international de physique théorique (ICTP) de Trieste en Italie. Dans le cadre de ses activités de recherche, la NASA a un programme de visiteurs temporaires à travers lequel elle collabore avec les chercheurs du monde entier. C’est dans ce cadre que je me suis retrouvé dans cette institution en Juin/ Juillet 2001, Juin /Juillet 2003 et depuis octobre 2003 ».
La Nasa, comme nous l’explique Dr. Obrou, est une « institution qui, comme l’indique son sigle, administre tous les travaux de recherche en ce qui concerne l’espace et l’aéronautique. Elle a 9 centres de recherches répartis sur le territoire américain. A savoir: Dryden Flight Research Center, Glenn Research Center, Goddard Space Flight Center, Jet Propulsion Laboratory, Johnson Space Center, Kennedy Space Center, Langley Research Center, Marshall Space Flight Center, Stennis Space Center ». C’est donc au Goddard Space Flight Center à Greenbelt, dans l’Etat de Maryland, le centre le plus proche du quartier général de la NASA, qui est à Washington DC, que travaille en ce moment notre compatriote.
Le travail de Dr. Obrou consiste selon lui, «à étudier le comportement d’une couche de l’atmosphère qui a des effets sur la propagation des ondes qui transitent par l’espace ». Il s’agit pour le chercheur ivoirien de comprendre la manière dont l’atmosphère se comporte vis-à-vis des communications entre les satellites et les stations de réception au sol, ainsi que les ondes dites courtes utilisées par certaines chaînes de radio pour couvrir le monde de leur production.
De fait, selon Dr. Obrou, notre planète est couverte par une enveloppe gazeuse. C’est l’atmosphère terrestre. Celle-ci peut être stratifiée en deux couches en fonction de sa densité électronique, c’est-à-dire le nombre d’électrons par unité de volume qu’on y rencontre. On a ainsi, l’atmosphère neutre qui s’étend du sol à 70-80 Km au-dessus de nos têtes; et l’atmosphère conductrice ou ionosphère qui s’étend au-delà de cette altitude. Ainsi, Pour diffuser les résultats des différents travaux sur l’ionosphère, et aider les industriels à utiliser de manière très efficace les résultats, la communauté scientifique a mis au point un modèle dont l’objectif noble est de reproduire les caractéristiques de l’ionosphère à n’importe quel endroit de la terre.
Malheureusement, les résultats du modèle présentent quelque fois des résultats différents de la réalité, notamment dans des zones comme l’Afrique où il n’existe quasiment pas d’instrument de mesures ».
Heureusement, souligne Dr. Obrou, «en Afrique de l’Ouest et particulièrement en Côte-d’Ivoire, nous avons la chance de disposer de cet instrument, une ionosonde. C’est donc avec les mesures effectuées en Côte-d’Ivoire que je corrige avec plus de précision les résultats du modèle en Afrique de l’Ouest ».
L’utilité pratique du type de recherche que conduit notre compatriote au sein de la NASA est plus qu’évident. « Si par exemple vous ambitionnez de construire un satellite qui diffusera des informations dans la zone ouest africaine pour ne prendre que cet exemple, il vous faut avoir une idée sur les caractéristiques de l’ionosphère dans cette zone pour optimiser les puissances des émetteurs et récepteurs à bord de ce satellite» conclut olivier Obrou.
La qualité du travail accompli et son utilité pratique sont autant de raisons d’être fier de soi ou même de tourner le dos à ses origines, comme on a l’habitude de constater.
Pour Dr. Obrou, le succès américain ne doit pas faire oublier ses origines africaines et ses nombreux besoins en technologie. Ainsi avec d’autres Africains, travaille-t-il à l’intérieur d’une organisation dénommée Afranet (African Radio Network) pour promouvoir et vulgariser les nouvelles technologies de l’information en Afrique. Celle-ci étant étroitement liée à la télécommunication.
En outre, les membres de Afranet entendent Continuer les recherches dans divers domaines afin que les résultats servent à faire baisser les coûts de la communication en Afrique et dans les autres pays.
Toutefois, lorsque le chercheur ivoirien parle de l’application des résultats des recherches en Afrique, il ne voile pas sa déception. « En Afrique et particulièrement en Côte-d’Ivoire, nous avons des idées et souvent de très bonnes idées. On a dans nos tiroirs toutes les solutions de nos difficultés. Malheureusement hélas, on ne va jamais au-delà de nos propositions. Nous cultivons, et je ne sais ce, à quoi cela est dû, une attitude d’attentisme déconcertante. Des amis et moi avons un projet d’identification des habitations à partir d’adresses physiques exactes. Nous pensons que c’est l’une des bases du développement qui a souvent été négligées par nos pays. Par exemple, Si votre banque vous expédie votre carte électronique à l’adresse physique qui lui a été fournie et qu’elle constate des opérations effectuées à partir de cette carte. Elle n’aura pas d’inquiétude à se faire car à tout moment elle sait où vous trouver. Cette base de donnée sera expérimentée à partir d’un village dont je ne citerai pas le nom pour l’instant», note Dr. Obrou.
Par ailleurs, un chercheur à la NASA ne fait pas que travailler. Dr. Obrou, qui est un passionné de l’informatique affirme aimer lire, surtout les biographies et les autobiographies d’un certain nombre de personnages hors du commun. Il s’intéresse également à l’ethnosociologie des peuples d’Afrique. En matière de musique, il dit être un grand admirateur des grands Jazzmen du siècle dernier (The classic Jazz). «Je ne saurait vous décrire dans quel état je me trouve quand j’écoute par exemple «What a wonderful world» ou «Saint James infirmary» de Louis Armstrong ou encore Nat King Cole. J’ai toute une collection de Jazz qui peut animer une soirée. J’étais un fidèle auditeur de l’émission de Jazz de radio Côte-d’Ivoire du maître Tony KOUASSI que je salue au passage » conclut-il.
Auteur: David YA
Source : Fraternité Matin