Classement des meilleures universités au monde : où sont les universités africaines ?
Palmarès de l’excellence
Source : http://www.lintelligent.com
Un classement des cinq cents premiers établissements mondiaux confirme la domination sans partage des Anglo-Saxons.
La doyenne des universités chinoises a publié, au début de septembre, un classement original des cinq cents premières universités dans le monde. Fondée en 1896, la Shanghai Jiao Tong University (SJTU) entend ainsi montrer l’écart qui existe entre les établissements du monde occidental et ceux du reste du monde, y compris de la Chine. Ce qui, affirment ses responsables, devrait inciter les pays émergents à rattraper plus vite leur retard.
Les critères utilisés par l’université chinoise sont simples.
Ils privilégient les valeurs scientifiques et techniques au détriment des sciences humaines et des lettres. Cette orientation étant donnée, où se situent les établissements des pays émergents ? Telle est la question à laquelle les auteurs du classement ont tenté de répondre en interrogeant des milliers d’anciens élèves et en examinant la situation et la « production » de 502 universités situées dans trente-cinq pays(1). Chaque établissement reçoit une note (de 0 à 100) sur la base d’une série de critères : le niveau de l’éducation, les infrastructures, la qualité du personnel administratif et enseignant, la production de travaux de recherche (et leur publication dans les revues scientifiques internationales), le nombre de prix et autres médailles décrochés par les professeurs et les élèves (prix Nobel et autres) et la situation professionnelle atteinte par les anciens élèves.
On peut critiquer tel ou tel aspect de l’évaluation (la recherche académique, qui représente 40 % de la note, est, semble-t-il, surévaluée). Il n’empêche : le classement confirme la position dominante des universités occidentales, en particulier américaines : 463 établissements occidentaux sur 502, dont 170 aux États-Unis. La part américaine (34 %) est d’ailleurs proportionnelle au poids des Etats-Unis dans l’économie mondiale. Les pays émergents, eux, ne comptent que 39 universités « distinguées », dont 16 en Chine, 8 en Corée du Sud, 4 au Brésil et 4 en Afrique du Sud(2). L’université de Shanghai se classe elle-même parmi les cent derniers. Elle n’a « produit » aucun Prix Nobel ni reçu de médaille internationale, même si elle compte parmi ses anciens élèves le président Jiang Zemin et un membre éminent du bureau politique du Parti communiste, Ding Guangen. Ses chercheurs ont été rarement cités dans des articles « hautement scientifiques » : 2 % seulement du nombre de citations obtenues par l’illustre université (privée) Harvard, aux États-Unis, leader incontesté avec une note de 100 sur 100. Quant au nombre d’articles scientifiques publiés par ses élèves, il représente 37 % de celui de Harvard.
Dotée de vastes infrastructures (800 000 m2 couverts sur un terrain de 2,5 millions de m2), Shanghai accueille 24 000 étudiants. Elle n’est ouverte aux étrangers (de 100 à 200 par an) que depuis 1978. Le classement qu’elle réalise depuis 2003 est tout à son honneur : en pointant du doigt ses insuffisances, l’université Jiao Tong espère mieux les corriger. C’est le contraire de la méthode Coué. En effet, les autres classements du même type se limitent au territoire national et leur objet se réduit à une simple compétition interne pour attirer plus d’élèves et plus de subventions. Citons, parmi les derniers palmarès publiés à la mi-septembre, celui du Sunday Times(3), qui a décerné le titre d’« université de l’année » à l’University College de Londres (UCL), et celui du Centre Lombardi(4), qui confirme la position unique de Harvard. Ces classements « occidentaux » ajoutent, à la différence de celui de la Chine, un critère purement matériel : le salaire à la sortie de l’école !
1. Résultats complets sur le site : http://ed.sjtu.edu.cn/rank/2004/top500 list. htm
2. Les quatre universités sud-africaines citées sont celles de Cape Town, de Witwatersrand à Johannesburg, de Pretoria et du Kwazulu-Natal.
3. Classement du Sunday Times University Guide : http://www.timesonline.co.uk/section/0,,8403,00.html
4. Classement du centre de Lombardi (Measuring University Performance) :
http://thecenter.ufl.edu/research2003.html
Samir Gharbi