Entretien avec le professeur Michael Willis : la Chaire Mohammed VI, un pont entre les universités anglo-saxonnes et maghrébines
Source : http://www.lematin.ma
13.10.2004 | 16h56
La création de «la Chaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour les études marocaines et méditerranéennes» à l’Université d’Oxford a été saluée par le Premier ministre britannique, M. Tony Blair, en ces termes : «Je suis certain que cette initiative de la Moroccan British Society servira d’un pont efficace pour la promotion du dialogue et de la compréhension entre le Royaume-Uni, le Royaume du Maroc et la région tout entière».
A l’origine de cette initiative, la Moroccan British Society, que préside S.A Lalla Joumala. La signature de l’accord a eu lieu à Rabat, sous la présidence de S.A.R le Prince Moulay Rachid.
M. Chris Patten, Chancelier de l’Université Oxford et actuel Commissaire européen pour les Relations extérieures, dans une adresse à S.M. le Roi, a déclaré à cette occasion : «C’est pour nous à Oxford, un honneur que cette Chaire porte le nom de Votre Majesté à perpétuité.
Le Royaume du Maroc et le Royaume-Uni ont des relations diplomatiques vieilles de 400 ans. Cette amitié durable représente une fondation solide pour travailler ensemble et créer des liens nouveaux entre nos deux pays».
Dans l’entretien qu’il nous a accordé, M. Michael Willis, professeur titulaire de la Chaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour les études marocaines et méditerranéennes, présente l’impact que ne manquera pas d’avoir cette initiative de la Moroccan British Society sur les relations entre le monde anglo-saxon et le Maghreb dans son ensemble.
Entretien avec Michael Willis, professeur titulaire de la Chaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour les études marocaines et méditerranéennes.
Un accord vient d’être signé entre la Morrocan British Society et l’Université Oxford pour la création de la Chaire de S.M le Roi Mohammed VI. Pouvez-vous nous en donner les détails ?
Les discussions pour la création de la Chaire de S.M le Roi Mohammed VI ont duré plusieurs années entre Oxford et la Moroccan British Society.
L’accord consacre la création d’une chaire des études marocaines et méditerranéennes au sein de l’université Oxford. Cette Chaire vise à établir et à améliorer les liens entre la Grande-Bretagne et le Maroc. Ceci dit, il faut souligner que ce n’est pas un accord entre les gouvernements du Maroc et de Grande-Bretagne. C’est un projet entre Moroccan British Society et l’Université Oxford.
L’enjeu d’un tel accord reste éducatif. Il ouvre les portes aux échanges entre les chercheurs britanniques et marocains qui, par tradition, regardaient du côté des universités françaises. La Grande-Bretagne, traditionnellement, avait des relations plus soutenues et plus denses avec le Machreq. L’histoire a fait que ce soit ainsi.
On peut dire que la création de la Chaire Mohammed VI traduit cet intérêt de la Grande-Bretagne pour le Maghreb en général, le Maroc en particulier ?
Absolument. IL est temps de commencer à favoriser les échanges entre la rive sud de la Méditerranée et la Grande-Bretagne. Cet intérêt s’explique par une certaine prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir au-delà des espaces traditionnels propres à l’histoire de la présence de la Grande-Bretagne dans le monde. Moi-même, je vais enseigner le Maroc, le Maghreb et la région méditerranéenne aux étudiants de la Chaire Mohammed VI.
Des bourses vont être octroyées aux étudiants marocains pour venir à Oxford, une, avec Cambridge, des plus anciennes et prestigieuses universités britanniques. La réputation d’Oxford est établie sur plusieurs siècles.
Oxford est aussi connue pour son enseignement sur le monde arabe ?
Effectivement. Il faut rappeler qu’au sein de l’Université Oxford existe un Centre des études arabes, le Middle East Center, qui se consacre aux politiques arabes.
Ceci dit, il n’y a pas de confusion possible avec la Chaire Mohammed VI. Au premier semestre, le programme établi se penche, à travers un cours magistral, sur les politiques comparatives du Maroc et des autres pays du Maghreb. Il est prévu d’inviter, dans une seconde étape, des conférenciers pour animer des séminaires hebdomadaires : diplomates, hommes politiques, universitaires, etc.
D’après vos réponses, la Chaire Mohammed VI est une chaire de sciences politiques ? L’aspect culture aura-t-il aussi sa place dans l’enseignement ?
Certainement. Mon domaine reste les sciences politiques que j’ai enseignées à l’Université Al Akhawain, avec les relations internationales de la région du Maghreb, l’histoire contemporaine et l’économie politique.
L’enseignement des sciences politiques n’exclut pas la culture. Il y a beaucoup de liens et la culture aura sa place dans l’enseignement de la Chaire Mohammed VI. La Grande-Bretagne est le 3e partenaire économique du Maroc. La culture viendra. Dans une première étape l’enseignement sera concentré sur les sciences politiques, les relations internationales et l’économie politique.
La Chaire Mohammed VI est conçue pour créer des liens plus profonds avec le Maroc et le Maghreb. Comme la Grande-Bretagne est présente sur le plan économique, il n’est pas dit que la culture ne suivra pas.
La présence de la culture anglo-saxonne au Maroc est une réalité. Les Centres culturels anglais et américains, l’Ecole américaine- sans oublier les départements d’anglais dans les universités marocaines- offrent une base importante de connaissances et de formations…l’université Al Akhawain est même conçue sur le modèle anglo-saxonne. La Chaire Mohammed VI pourra-t-elle jouer un rôle d’interface pour une présence plus marquée du Maroc au Royaume Uni ?
C’est notre ambition. Je suis un ancien professeur d’Al Akhawain. Mon ambition est de favoriser les échanges entre les universités marocaines et britanniques. Beaucoup d’étudiants marocains désirent achever leurs études en Grande-Bretagne. La Chaire Mohammed VI peut y contribuer. Elle est appelée à servir de pont entre la Grande- Bretagne et le Maroc.
Propos recueillis par Abdallah Bensmain
