Un 3e cycle en acridologie à l’IAV d’Agadir : lancement de la formation à partir de l’année prochaine
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12.01.2005 | 16h23
Le Maroc va instaurer, à partir de la prochaine année universitaire, un 3e cycle en acridologie à l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II d’Agadir, a annoncé mardi à Dakar le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, Mohand Laenser.
"Fort de l’appui des autorités de mon pays au plus haut niveau, il m’est agréable de vous annoncer la décision de S.M. le Roi Mohammed VI d’instaurer, à partir de l’année universitaire prochaine, une formation de 3e cycle en acridologie à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II à Agadir", a affirmé M. Laenser à l’adresse des participants à une rencontre scientifique internationale sur le criquet pèlerin.
Le ministre a précisé que ce cycle de formation sera ouvert aussi bien aux étudiants marocains qu’à ceux des autres pays africains.
"Ce faisant, a-t-il dit, le Royaume du Maroc voudrait donner une dimension encore plus large et pérenne à la solidarité Sud-Sud dans un domaine aussi vital que celui de la lutte antiacridienne".
Il a ajouté que le choix d’Agadir pour dispenser cette formation de 3e cycle en acridologie est dicté par la présence dans cette ville aussi bien de l’IAV, qui forme des ingénieurs agronomes, que du Centre national de lutte antiacridienne qui participera à la formation de spécialistes en matière de lutte contre les criquets.
M. Laenser, qui est arrivé lundi soir à Dakar pour participer à ce séminaire ouvert par le Président sénégalais, Me Abdoulaye Wade, a mis l’accent sur la nécessité de "mettre en réseau" les centres de recherches des pays touchés par l’invasion acridienne et d’intégrer dans leurs programmes des projets concernant la connaissance du criquet et les moyens de lutte préservant le système écologique.
"Il nous revient aussi, a-t-il dit, de former des élites scientifiques de haut niveau et des techniciens compétents en matière de lutte et d’analyse des effets des invasions acridiennes".
Le ministre de l’Agriculture, qui participe à ce séminaire aux côtés de ses homologues algérien, mauritanien et bissau-guinéen en plus de plusieurs experts internationaux, a relevé que le criquet représente une "menace permanente" pour la sécurité alimentaire, mais aussi pour les équilibres financiers des pays touchés.
Après avoir rappelé que la lutte contre l’invasion de 1987-1989 a coûté au Maroc plus de 100 millions de dollars, il a révélé que la campagne actuelle de lutte contre les criquets "nous a déjà contraint de débourser un montant presque équivalent" et que la recrudescence des essaims attendus au printemps prochain "laisse augurer d’un effort encore plus important".
Il a précisé que le Maroc a réussi à traiter, depuis novembre 2003, plus de 5 millions d’hectares et que la campagne de lutte mobilise en permanence des milliers de techniciens et des centaines de véhicules et d’aéronefs de tous genres.
Selon M. Laenser, les agriculteurs marocains et le gouvernement "vivent dans l’angoisse permanente de voir le fléau acridien fondre sur les zones agricoles et vivrières et semer la famine et la désolation". "On en arrive, presque, à souhaiter que les conditions climatiques soient défavorables à l’agriculture pour aider à stopper la multiplication de cet insecte ravageur", a-t-il déclaré.
Le ministre a fait remarquer qu’en dépit des progrès enregistrés, la recherche sur les différents types de criquets, leur mode de vie et les moyens d’éradication reste "insuffisante", en déplorant le fait que cette préoccupation des pays touchés par l’invasion acridienne ne soit pas partagée par les pays développés.
"Cela explique, peut-être, aussi la modestie des soutiens apportés aux pays africains dans leurs efforts de guerre contre le criquet", a-t-il noté.
Au cours de cette rencontre scientifique de trois jours, une centaine de responsables politiques et d’experts scientifiques venus des pays sahéliens, maghrébins, européens et américains, doivent étudier les meilleures stratégies de lutte contre les criquets.
La majorité des pays de l’Afrique du Nord et de l’Ouest sont confrontés depuis l’année dernière à la pire invasion acridienne de leur histoire, qui a fortement perturbé la saison des semis et fait planer la menace d’une grave crise alimentaire.