ULB et UCL veulent travailler ensemble
MONIQUE BAUS
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Mis en ligne le 19/01/2005
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Saluées par une enquête internationale, les deux unifs francophones réclament les moyens pour rester au top. Et pour ne plus être concurrentes!
Comment? En renonçant au financement en enveloppe fermée.
JEAN-LUC FLEMAL
ENTRETIEN
Après la satisfaction, c’est l’heure de l’analyse. Pierre de Maret (PdM), recteur de l’ULB, et Bernard Coulie (BC), son confrère de l’UCL, reviennent sur le classement récemment publié par un supplément du «Times» (lire «La Libre» du 14 janvier), qui les classait respectivement 54e et 52e mondiales et, surtout, 15e et 14e européennes. Et ils s’appuient sur ces mises au point pour revendiquer une série de choses.
Avant tout, ce type de classement est-il fréquent?
PdM: Cette tradition de classement nous vient des pays anglo-saxons. Etats-Unis et Canada ont ouvert la voie avec les classements de business schools, puis de leurs universités. Les classements internationaux d’universités, eux, sont plus récents.
B.C.: Celui de l’Université de Shangaï, essentiellement basé sur le nombre de prix Nobel, était le dernier en date. Il remonte à fin 2003. Les universités belges s’y classaient entre la 150e et la 200e place.
Cette fois, quelque 1300 experts ont été amenés à désigner les universités de référence dans leur domaine. C’est donc une question de réputation, et la vôtre semble excellente.
PdM: Nous apparaissons en effet 52e (UCL) et 54e (ULB) sur 17000 établissements d’enseignement supérieur existant de par le monde. Quant au classement européen, si l’on en exclut les instituts plus spécialisés, nous remontons aux 7e (UCL) et 8e (ULB) places des universités complètes.
B.C.: Le concept d’université complète, très peu présent dans le classement, doit d’ailleurs être défendu, car il est vraiment menacé!
PdM: Certains secteurs trouvent plus facilement que d’autres du soutien financier à l’extérieur. C’est pourquoi il est important de garder tout le monde ensemble. Ainsi que pour permettre au débat de se nourrir de perceptions, d’approches et d’analyses différentes.
Dans quelle mesure les universités tiennent-elles compte de tels hit-parades?
B.C.: Il faudra bientôt se faire à l’idée que les universités aient comme objectif de monter dans les classements et réclament de l’argent pour améliorer en priorité des critères pertinents pour cette progression.
Au détriment d’autres?
B.C.: Un élément qui nous distingue des autres, en tête de ces classements, c’est que nous sommes une des rares universités à accueillir tous les étudiants. Il faut nous donner les moyens de continuer! Cela fait partie de nos missions, ce qui n’est pas le cas de toutes les universités du monde. D’ailleurs ici, les onze premières du classement européen sélectionnent!
PdM: L’ULB et l’UCL plaident pour un monde plus solidaire. Il faut remettre cette valeur dans le projet universitaire, à une époque où l’on a trop tendance à l’économie de marché et à la concurrence.
Mais comment échapper à ces dernières tout en restant leader sur la scène internationale?
PdM: Il faut en effet dire qu’avec les moyens dont nous disposons, c’est un miracle que nous soyons aussi bien classés. Bien mieux, d’ailleurs, que d’autres universités qui disposent de plus d’argent que nous (Utrecht, 41e européenne et 120e mondiale, a 544 millions d’euros pour 22420 étudiants; Maastricht, 44e européenne et 123e mondiale a 526 millions d’euros pour 11150 étudiants; et l’UCL a 297 millions d’euros pour 19000 étudiants!) En outre, sept des dix premières universités mondiales (dont les quatre premières) sont américaines. Or, les chiffres OCDE montrent que les Etats-Unis dépensent 19800 dollars par étudiant et par an. En Belgique, on est seulement à 6500 de moyenne. Et la Communauté française, seule, ne doit pas dépasser 5000 dollars! Suède (13200 $), Autriche (11280 $), Pays-Bas (10750 $), Angleterre (9700 $), Allemagne (9500 $) et France (7200 $) nous précèdent. Ne nous suivent que l’Espagne et la Grèce, absentes du classement.
BC: Il faut prévenir: sans moyens supplémentaires, nous ne pourrons pas maintenir le même niveau! Après ce classement, nous lançons donc un appel pour qu’on donne les moyens à l’enseignement francophone de Belgique de rester concurrentiel. C’est simple: s’il ne reste pas sur la scène internationale, il deviendra un enseignement de provi nce!
Vos suggestions?
BC: Nous vivons actuellement dans un système absurde de financement en enveloppe fermée, qui nous oblige à tout faire pour avoir le plus d’étudiants possible.
Il faut modifier cela. Je plaide pour une allocation fixe et une partie seulement liée au nombre d’étudiants.
PdM: Il faut que le système de financement favorise les synergies entre nous, et pas le contraire! Nous devons réfléchir à de nouvelles collaborations entre l’ULB et l’UCL, que le système actuel ne permet pas.
B.C.: Si l’on parle de rayonnement international, une réflexion sur le financement des étudiants s’impose aussi. La Communauté française finance les étudiants de la Communauté française, mais quid des étudiants étrangers? Nous digérons la réforme de Bologne. Mais ces questions devront être abordées sereinement.
© La Libre Belgique 2005
