CENSURE AU SENEGAL

EMAIL RECU PAR EXCELAFRICA

Bonjour,

Encore une fois un observateur de la situation sociopolitique du Sénégal est empêché de s’exprimer. Cet observateur c’est moi, Omar BA, auteur du livre « Pauvre Sénégal » paru aux éditions Le Manuscrit le 02 mai 2006. Le livre qui s’étale sur 201 pages est interdit de commercialisation au Sénégal par je ne sais quelle disposition. Il semble qu’il n’y ait rien d’officiel à cette décision qui a été prise complètement en coulisses comme à l’accoutumée. Les prémisses de cette censure sont apparues le 16 mai 2006 lors de la remise du prix Félix Houphouët-Boigny au président Abdoulaye Wade. Cette cérémonie qui s’est tenue à l’enceinte de l’Unesco de Paris (Boulevard de Suffren) a accueilli près de 4000 invités dont plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique et en présence du président français Jacques Chirac. J’ai été interdit de m’approcher de la salle des fêtes malgré des justificatifs sérieux en bonne et due forme, en raison de tracts sur lesquels était marqué le titre de mon livre en gros caractère suivi d’un texte très optimiste qui appelle à la mobilisation sociale et à la concertation citoyenne. C’est un texte qui se posa en critique d’une arène politique tout entière rythmée par des batailles de positionnement au grand mépris des millions de citoyens qui peinent à bénéficier de 2 repas par jour. Ce coup de force injustifié des agents de sécurité a été subtilement soustrait à la vigilance de la presse qui pourtant était venue nombreuse et diversifiée. J’ai décidé de me soumettre aux injonctions de la Police Nationale française et des forces de l’ordre. Je ne voulais pas que mon nom soit au centre d’une polémique politico-médiatique dommageable à mon image et à celle des gens qui me soutiennent. C’est en vertu de ce paramètre que j’ai du battre en retraite jusqu’à la station de métro Cambronne de la ligne 6, à 300 mètres des locaux de l’Unesco, là où s’était donnée rendez-vous une partie des militants de l’opposition pour « manifester contre la remise du prix à Me Wade ». Mes tracts distribués je suis allé rejoindre une foule amassé à l’autre extrémité du Boulevard de Suffren qui accueillait des talibés de Cheikh Béthio Thioune, inconditionnels du président Wade et militants "dévoués" à cet homme. Ces va-et-vient montrent bien ma volonté de ne pas me positionner en partisan ou opposant du régime en place et à plus forte raison du chef de l’exécutif. J’étais simplement parti à l’Unesco faire la promotion de mon livre avec mes maigres moyens et avec la conviction qu’avec ce livre les maux du pays soustraits à la vigilance du peuple seraient enfin dits et que cette dénonciation serait le point de départ d’une nouvelle politique intérieure davantage volontariste et moins tâtonnante. Mais je ne fus pas compris.
Ce 18 mai 2006, un coup de fil à la librairie Clairafrique de Dakar m’a donné froid au dos. Disposez-vous de l’ouvrage qui s’intitule « Pauvre Sénégal » dont l’auteur est Omar BA ? me suis-je permis de demander au standardiste. Mon interlocuteur avoue être au courant de la sortie du livre mais n’est pas en mesure de m’en dire davantage pour « des raisons de sécurité ». J’insiste, lui ai-je rétorqué, je veux savoir ce qu’il en est. Avez-vous reçu des menaces ? Poursuis-je. Un silence pesant s’en suivit après quoi une autre voix, qui doit être celle d’un haut responsable, me confie: « nous n’osons pas le commander Monsieur ; j’espère que vous comprenez ».
Evidemment, je ne saurais comprendre une telle censure qui, j’en suis convaincu, intervient au moment où une part minime des citoyens du Sénégal a réussi à parcourir le livre. Ceux d’entre les autorités publiques qui ont décidé de bloquer la sortie du texte au pays ou qui ont eu à proférer des menaces à l’encontre de la Librairie la plus prestigieuse de Dakar, ne sont pas en mesure de dire l’idée fondamentale de l’auteur (si ce n’est qu’il s’attaque à Wade, ce qui est faux) tant ils n’ont pas pris la peine de prendre connaissance avec le contenu de l’ouvrage. Il est vrai que ces temps-ci les livres fusent à l’encontre de Wade et de son régime mais il est abusif de mettre dans le même ordre d’idée tous les auteurs qui prennent pour objet le Sénégal. Une politique de l’amalgame sciemment montée continue de diviser le Sénégal en partisans et opposants du régime tous armés les uns contre les autres et prêts à passer à l’acte. La preuve en est qu’en distribuant mes tracts je suis tombé sur une personne de grande taille, qui dois faire partie des ex-calots bleus assurant la sécurité de Wade, qui m’interrogea: "De quel parti tu te réclames ?". D’aucun, ai-je répondu. Et le Monsieur de me jeter en pleine figure la feuille que je venais de lui remettre. Les consciences sont tellement politisées dans notre pays que la probabilité d’une observation "neutre" de la sphère politique est d’emblée écartée. On est pour ou contre Wade, semble insinuer cette attitude.
Je refusais de faire une opinion sur le fait que Wade méritait ou non le prix Houphouët-Boigny pour la raison simple que cet homme m’est presque inconnu du fait que ce sont ses options politiques pour le Sénégal qui m’intéressent et non sa personne. Cela dit après cette tentative de censure décidée, j’en suis certain, par son entourage le plus immédiat, je suis en droit de douter de son intégrité et de son statut de combattant « pour la paix et la démocratie ». Si je suis empêché de m’exprimer c’est parce que je suis jeune. Et dans une gérontocratie comme le Sénégal un jeune ne saurait donner son avis. Une fois de plus la jeunesse est empêchée de donner son avis et d’apporter sa contribution à la construction d’un Sénégal qui avance. Quand elle n’est pas mâtée ou persécutée physiquement comme c’est souvent le cas avec les émeutes qui animent nos campus universitaires, la jeunesse est étouffée par un pouvoir gérontocratique à bout de souffle.
Je plains le peuple sénégalais, je compatis à ses souffrances mais je ne suis pas sûr que l’issue heureuse soit pour bientôt. C’est pathétique. Ses intellectuels sont interdits de parole, ses journalistes persécutés, ses femmes assujetties, ses leaders d’opposition et d’opinion convoqués à la Division des Investigations Criminelles ou simplement emprisonnés, ses chefs religieux menacés. Décidément la liberté d’expression est brandie chez nous sans qu’elle ait une réelle assise sur le plan des comportements et des attitudes. Si Wade n’y est pour rien comme on tente de le faire croire, qu’il manifeste la volonté d’en finir avec cette ambiance fétide qui jette un discrédit sans précédent sur l’Etat « démocratique » qu’est le Sénégal.
Je suis censuré au Sénégal mais je suis certain que mon livre ne s’en lira que davantage pour la raison simple qu’Internet échappe à tout contrôle et nargue toute décision d’étouffer le message du jeune dévoué que je suis. Pour témoigner de mon courage, je suis prêt à rencontrer les plus hautes autorités de ce pays, le président y compris, pour leur signifier mon opposition au ternissement de l’image du Sénégal dont sont responsables certaines équipes au pouvoir. Je ne pense pas défier qui que ce soit en affirmant cela. Je prends l’opinion nationale et internationale à témoin. Je mets au défi les autorités dirigeantes de l’actuel Sénégal de déceler dans mon ouvrage une seule ligne qui s’attaque à des personnalités particulières. Je m’attaque à un système politique nauséabonde et pourri qui tente maladroitement d’abuser les masses depuis des décennies.
Personne ne réussira à me faire taire parce que je m’estime être dans mon plein droit en décidant de donner mon avis et de défendre les intérêts de mon peuple dont les souffrances ne sont plus évaluables.
J’espère pouvoir compter sur le soutien de tous ceux qui ont à cœur la sortie de crise de ce pays en otage qu’est le Sénégal.

La sortie du livre Pauvre Sénégal ! Un peuple en Otage est effective depuis le mardi 02 mai 2006. Ce livre de 201 pages, paru aux éditions Le Manuscrit, peut être commandé sur internet aux adresses suivantes: www.manuscrit.com, www.chapitre.com, www.amazon.fr, www.alapage.com ou à partir de n’importe quelle librairie du monde. Les résidents en France peuvent se le procurer à la FNAC ou à FORUM ESPACE CULTURE par exemple. Le site de l’auteur est www.omar-ba.euro.st Contact: [email protected] ou [email protected]

téléphone auteur: 06 26 34 10 71

Omar BA

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