Cameroun: Eto’o Fils échappe à une émeute au campus de Soa
Le Messager
29 juin 2007
Souley Onohiolo
L’attaquant camerounais du Barça n’est pas allé au bout de sa visite. A cause d’une hystérie collective et insaisissable. Le pare-brise de son véhicule cassé par des jets de pierre.
Il est 14 heures au complexe sportif universitaire de Yaoundé II, dans la banlieue de Soa. Le stade est plein d’étudiants. Samuel Eto’o Fils y est attendu pour donner le coup d’envoi du match de circonstance opposant les deux facultés aux grandes écoles de l’institution universitaire. Mais, l’attente sera longue et vaine. Samuel ne viendra plus. La dernière articulation de sa descente à l’université est suspendue. Du fait de l’incapacité des forces de l’ordre à contenir une horde d’étudiants endiablés.
En cette matinée du jeudi 28 juin 2007, le " pichichi " national (pour reprendre le message véhiculé dans les pancartes brandies par les étudiants) arrive dans la banlieue universitaire de Soa une dizaine de minutes après les ministres Augustin Edjoa (des Sports et de l’éducation physique) et Adoum Garoua (de la Jeunesse). Il trouve un campus surchauffé. Inondés par des débordements populaires, le recteur Jean Tabi Manga et l’hôtesse chargée de remettre le bouquet de fleur sont à l’étroit.
Le sociétaire du Barça quitte le rectorat – la porte de service- pour la salle des actes. Là encore, la communication est difficile. Près de 20.000 étudiants sont en délire. Dans une ambiance chaude et très envahissante, Samuel Eto’o reçoit son prix " Inguenium ". Malgré tout. Mais durant la durée de la cérémonie, son avocat est anxieux. Il a la tête à l’extérieur, où la foule gronde d’espoir fou. La décision est prise : il faut écourter la visite de son client et décamper.
Le pare-brise d’Eto’o brisé
A la suite d’une brève discussion dans les coulisses, l’avocat d’Eto’o le convainc de quitter rapidement les lieux avant que le délire collectif des étudiants ne se transforme en une émeute difficile à contrôler. " Toi-même tu sais que je suis plus à l’aise sur un terrain de football. Jusqu’ici ce qui se passe dans les bureaux est secondaire ", lance le " pichichi " à son avocat. Peine perdue. Il faut quitter le campus au plus vite. Ce qui sera fait. La colère des étudiants est au comble. Les dommages sont considérables.
Quelques infortunés étudiants sont piétinés, les forces de l’ordre en prennent pour leur compte. Même le pare brise du véhicule de l’hôte du jour des étudiants n’échappe pas à l’Intifada. Brisé. Les dispositions sécuritaires prises par les dirigeants de l’université depuis le début de la semaine pour empêcher quelques débordements sont vaines. Les trois cents gendarmes et policiers, les personnels de la Croix Rouge, la ceinture de sécurité mise en place par l’université Toutes les forces déployées échouent devant l’hystérie collective. " Qu’on nous laisse seulement le toucher ou le saluer. Il est notre motif de fierté ; le monument et l’icône dont on a besoin pour briser les murs de nos obstacles " entend-on.