L’emploi au Sénégal préoccupe la Banque mondiale
Dakar, Sénégal (PANA) – Un rapport de la Banque Mondiale consacré au marché du travail au Sénégal et rendu public jeudi à Dakar dresse un état des lieux particulièrement "préoccupant", notamment en matière d’emploi.
Intitulé "A la recherche de l’emploi – le chemin vers la prospérité", le document indique que le taux de chômage de la population active est de 13%, tandis que celui du sous-emploi avoisine les 30% de la population totale du pays.
"Les entreprises sénégalaises embauchent peu", fait remarquer Jacques Morisset, économiste de la Banque mondiale pour le Sénégal, qui commentait le rapport devant la presse, ajoutant qu’elles "préfèrent acquérir du capital que d’embaucher".
La crise des huileries et des industries textiles, qui sont d’importantes pourvoyeuses d’emplois, est l’une des raisons qui expliquent la faiblesse de la création d’emplois au Sénégal, souligne-t-il encore.
Le rapport révèle qu’une personne sur cinq travaille à plein temps, que le secteur informel comptabilise 97% des emplois créés entre 1995 et 2004 au Sénégal, que le salaire médian dans ce secteur ne dépasse pas 68 dollars par mois et que 95% des travailleurs ne bénéficient d’aucune protection sociale.
Une telle situation contribue, selon M. Morisset, à mettre une pression constante sur les travailleurs et sur le taux de pauvreté qui est estimé à un peu moins de 50% des ménages.
En dehors de ces aspects, l’étude révèle aussi un taux de productivité très faible avec des gains de productivité annuels inférieurs à 2% par an contre plus de 5% pour les pays d’Asie de l’Est.
L’économiste de la Banque mondiale explique la faiblesse de la productivité du travail au Sénégal par le faible niveau de qualification estimé à moins de 5% de la population active.
"Quand un travailleur est qualifié, il est souvent recruté par l’administration publique et les partenaires au développement ou de plus en plus par l’étranger", souligne le document, qui ajoute que "les entreprises privées doivent recourir à des réseaux informels pour trouver des travailleurs qui correspondent à leur demande"…
Réagissant aux conclusions du document, M. Morisset a indiqué que les services compétents doivent se servir de ce rapport pour proposer des réformes autour des sept axes qu’il propose.
Il s’agira notamment de mettre l’accent sur l’éducation en redressant les insuffisances de l’enseignement secondaire, notamment technique via le renforcement de la formation professionnelle continue.
Tout en privilégiant la coopération entre les acteurs publics et privés, il faudra aussi développer les liens avec la diaspora pour accroître la qualité du travail.
Le document recommande également d’assurer une allocation optimale des travailleurs qualifiés entre le secteur public et privé, de stimuler la productivité et la demande d’emploi par une action sur les entreprises et le climat des affaires, d’encourager les réseaux et l’accès à l’information, d’assouplir la réglementation du travail et de promouvoir les programmes d’emploi.
12/10/07
Panapress