L’ESC Toulouse saute les frontières

L’ESC Toulouse saute les frontières
[ 27/03/08 Les Echos ]

Le groupe met les bouchées doubles sur son campus de Barcelone, et s’installe à Casablanca, au Maroc.

Pour les grandes écoles de gestion, l’international n’est pas seulement un passage obligé : il est aussi, de plus en plus, un moyen d’afficher sa différence. Voire de changer de statut et de passer de celui d’ESC à vocation régionale à celui de business school ouverte sur le monde. C’est précisément cette mutation qu’est en train de vivre l’ESC Toulouse. La raison en tient, pour l’essentiel, au développement de deux implantations à l’étranger, en Espagne et au Maroc. « Bien sûr, nos racines sont à Toulouse, et c’est un ancrage très fort, explique Hervé Passeron, le directeur. Nous participons, sous des formes diverses, aux trois pôles de compétitivité toulousains. Mais cela ne doit pas nous empêcher de regarder hors de l’Hexagone – et notamment vers le sud. »
A Barcelone, où il est présent depuis 1995, le groupe s’apprête à ouvrir un campus entièrement rénové pour l’Esec (Escuela Superior Europea de Comercio), une école autrefois propriété de la CCI de Toulouse, et dont il a repris la gestion en direct en 2004. Depuis, l’ESC Toulouse a choisi d’y mettre les bouchées doubles. Elle y disposera, à compter du mois de mai, de 1.800 m2, près de la place de Catalogne, en plein coeur de la ville. De quoi accueillir quelque 350 étudiants dès la rentrée 2008, au lieu de 180 jusqu’alors. Par la suite, l’effectif catalan devrait atteindre 500 inscrits à l’horizon 2010. Le site recevra des étudiants espagnols, mais aussi des élèves venus de France pour un séjour académique à l’étranger, ainsi que des étudiants internationaux venus de tous pays. « Nous entendons maîtriser le contenu de nos formations, précise Hervé Passeron. L’enseignement dispensé à Barcelone restera donc strictement identique à celui que nous offrons à Toulouse. » A la clef, pour les étudiants qui suivront la totalité du cursus, un double diplôme, le master espagnol venant en sus du diplôme ESC.
Image forte et attractive
« Nous sommes une école privée de droit espagnol, indique pour sa part Olivier Benielli, le directeur de l’Esec. Nous proposons un modèle original pour le pays, celui de la «french business school», avec un cursus très orienté vers l’entreprise et pour une large part en anglais. Alors que les écoles espagnoles, à l’exception de l’Esade, ont tendance à privilégier les programmes post-diplôme. Nos étudiants acquièrent ainsi une véritable dimension multi-culturelle. Ils sont très appréciés par les entreprises : nos diplômés trouvent en général un emploi bien rémunéré, dans des firmes françaises ou espagnoles. »
« Barcelone bénéficie d’une image internationale forte et attractive, renchérit Hervé Gasiglia, directeur adjoint du groupe. Et beaucoup de nos élèves toulousains qui viennent étudier ici débutent leur carrière en Espagne. » C’est le cas de Olivier Geynet, vingt-six ans, manager chez Vueling, une jeune compagnie aérienne. « J’ai tout de suite été séduit par l’ambiance qui règne ici. C’est une ville très dynamique, qui offre en outre une qualité de vie exceptionnelle », observe le jeune cadre. Le groupe peut ainsi s’appuyer sur un réseau de plusieurs dizaines de diplômés à Barcelone. A plus long terme, l’école souhaite faire de la ville sa tête de pont pour l’Amérique latine et le monde hispanophone en général.
L’ESC Toulouse affiche également de solides ambitions au Maroc. Jusqu’à présent, elle se contentait d’y proposer des mastères spécialisés et un programme de type Bachelor (bac +3). Elle s’apprête à franchir une étape clef en s’installant à Casablanca, à côté d’un lycée français actuellement en construction. Le campus sera implanté sur un site splendide, un ancien orphelinat. Le démarrage est prévu à la rentrée prochaine, avec une cinquantaine d’élèves. Par la suite, le groupe prévoit une montée en puissance progressive, pour arriver rapidement à 250 élèves et une centaine de diplômés par an. « Nous avons été sollicités par des anciens et des dirigeants d’entreprise locaux pour délivrer notre diplôme au Maroc, expose Hervé Passeron. Le ministère de l’Education nationale nous a donné son feu vert. » Un comité de parrainage prestigieux, composé de patrons et de responsables politiques, a été mis en place.
Accréditation internationale
« Nous avons désormais trois pieds dans trois villes qui connaissent un fort développement économique, dont la population est en expansion rapide, et qui sont situées sur le même méridien – sans oublier des centres d’intérêt communs, comme l’aéronautique, la santé ou le tourisme, poursuit le directeur. En outre, Casablanca est en passe de devenir une plate-forme de formation supérieure pour tout le nord de l’Afrique. Déjà, nous avons plus de 1.000 diplômés en poste au Maroc. Tout cela correspond à une réelle logique géopolitique. Pendant une période, toutes les écoles convergeaient vers le modèle HEC. Aujourd’hui, des stratégies de différenciation émergent, comme celle que nous avons élaborée. » Ce positionnement est renforcé aussi par les accréditations internationales : l’école a ainsi été la troisième en France à décrocher les trois grands labels de l’AACSB (1), de l’EFMD (2) et de l’Amba (3). L’occasion pour elle de mettre l’ensemble de ses programmes aux standards internationaux. Sans compter son Aerospace MBA, qui, malgré des effectifs limités, est aujourd’hui visible dans le monde entier.
Logiquement, les effectifs ont triplé en dix ans, et dépassent aujourd’hui 3.000 étudiants. D’autant que, dans le même temps, le portefeuille de programmes s’étoffe. L’école a par exemple lancé un MBA Management Consulting et en prépare deux autres, un MBA Jeunes Entrepreneurs, notamment pour les PME à réseau, et un MBA pour le secteur des biotechnologies. Elle aligne désormais une gamme de 23 mastères spécialisés et fait école doctorale commune avec l’université Toulouse-I. Quant au budget, il a lui aussi été multiplié par trois depuis 1997, à plus de 30 millions d’euros. Le groupe prend bel et bien une nouvelle dimension.
JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI

Quelques chiffres
· 3.000 élèves dans
les programmes longs, 1.300 cadres et dirigeants
en formation continue.
· 75 professeurs permanents,
dont une trentaine de non Français, et 44 professeurs affiliés.
· 55 universités étrangères partenaires.
· 23 mastères spécialisés,
6 centres de recherche.
· 9.500 diplômés.
· Budget annuel : 30 millions d’euros.

(1) Association to Advance Collegiate Schools of Business.(2) European Foundation for Management Development.(3) Association of MBA.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *