Admission Post-Bac, la vraie épreuve des lycéens
Education. Le portail unique d’inscription au supérieur est un puits de complexité.
Diane part en vacances soulagée. En plus d’avoir eu son bac, elle a réussi à s’inscrire dans le supérieur avec le système d’Admission Post-Bac, sans trop de problèmes. «Pour mon premier vœu, une prépa, j’ai été refusée. Pour mon deuxième, une double licence, l’université m’a répondu qu’elle me déconseillait de le faire. J’ai été acceptée sur mon troisième vœu, le droit. J’ai hésité à répondre "oui, mais" et à attendre le tour suivant avec d’autres propositions. Mais le "oui, mais", c’est très compliqué, j’ai eu peur de perdre ma réponse positive. Alors j’ai mis un "oui définitif".»
Cette année pour la première fois, la procédure d’Admission Post-Bac a été généralisée à tout le pays. Jusqu’ici seules 12 académies l’appliquaient. Désormais chaque lycéen passe par ce portail unique pour s’inscrire dans les filières du supérieur, sélectives ou non : en première année de licence, de médecine ou de pharmacie, comme en DUT (diplôme universitaire de technologie), en BTS (brevet de technicien supérieur), en classes préparatoires, en formations d’ingénieurs du public, etc.
Corsé. Le plus simple a encore été l’inscription et l’établissement d’une liste de vœux – 36 au maximum tout de même par lycéen -, entre le 20 janvier et le 20 mars. Puis cela s’est très vite corsé. Les lycéens ont eu jusqu’au 6 juin pour arrêter leur classement. Un ordre qui allait se révéler capital. L’étape suivante – les réponses des établissements – a débuté le 9 juin. Elle se déroule en trois phases successives, la dernière s’achevant vendredi.
A chaque phase, le lycéen reçoit une seule proposition. Et là, il ne doit pas se tromper de réponse. S’il obtient par exemple son troisième vœu et qu’il veut tenter d’obtenir son premier ou son second au tour suivant, il peut répondre «non, mais». Mais c’est extrêmement risqué. Il y a déjà moins de places. Et il ne pourra plus s’inscrire dans la formation qu’il refuse, ni dans celles placées en-dessous qui sautent du même coup. Mieux vaut dès lors répondre «oui, mais». Et encore. Il ne faut pas changer d’avis. Si le lycéen obtient ensuite son deuxième vœu mais qu’entretemps il préfère garder le troisième, il ne le peut pas immédiatement et doit retenter sa chance au troisième tour, sans être sûr de rien.
«Rigide». «De nombreux lycéens risquent de rester aux portes de l’enseignement supérieur à la rentrée» : l’Unef, le premier syndicat étudiant, dénonce un dispositif beaucoup trop «complexe et rigide». Tirant un premier bilan, il estime que beaucoup de lycéens se sont déjà trompés. Une procédure complémentaire est prévue du 25 juin au 30 septembre mais elle est top tardive : «Les «capacités d’accueil de nombreuses filières non sélectives seront atteintes». Le syndicat dénonce aussi la confusion avec le processus d’«orientation active», qui permet aux universités de donner leur avis sur les vœux du lycéen – et y voit un risque de «sélection déguisée». Enfin, exemples à l’appui, l’Unef dénonce «la suppression de la sectorisation des étudiants en Ile-de-France qui remet en cause la mixité sociale et accroît la concurrence entre les universités en consacrant l’existence d’établissements de premier [très demandés et pleins dès le premier tour, ndlr] et de second choix».
La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, se félicite, elle, que 80 % des bacheliers y soient déjà inscrits. Elle n’exclut toutefois pas de «petits réglages». Mais surtout grâce aux chiffres fournis par le dispositif, elle promet d’«adapter l’offre à la demande».
Par VÉRONIQUE SOULÉ
14 juillet 2009
Source: http://www.liberation.fr