Financer les études de ses enfants

Financer les études de ses enfants

Des études supérieures peuvent aussi être très coûteuses. Quelques idées de placement pour bien anticiper.

Quel est le meilleur investissement pour ses enfants ? « Le savoir, autrement dit leurs études. Il est primordial de donner à ses enfants les moyens de créer leur propre richesse une fois adultes », répond Charles Bienaimé, directeur de la gestion privée chez Meeschaert. Sans surprise, cet avis est largement partagé par d’autres professionnels de la gestion de patrimoine. « Les études de ses enfants est l’investissement le plus productif qui soit, tant sur le plan affectif que sur le plan financier », avance de son côté Philippe Baillot, directeur de Bred Banque privée. Mondialisation et renforcement de la concurrence internationale obligent, l’éducation est plus que jamais la clé de la réussite de nos enfants. Le rapport Attali, remis fin janvier au président de la République, Nicolas Sarkozy, va d’ailleurs dans ce sens. Ses auteurs font de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche l’un desmoteurs de la relance de la croissance économique en France. « La croissance dépend à long terme du potentiel de la jeunesse, de sa confiance en elle-même, de son optimisme, de son goût de créer, de sa capacité à innover, enfin de son insertion professionnelle et personnelle au sein de la société », assure le rapport. Pragmatiques et prévoyants, les Américains se projettent très tôt dans l’avenir de leurs enfants. « Le jour même de la naissance de l’enfant, parents et grandsparents commencent à épargner pour financer ses études futures. Pour bien faire, certains misent sur la Bourse. D’autres préfèrent acheter un bien immobilier qu’ils revendront dix-huit ans plus tard », explique Karen, jeune maman travaillant à la Banque mondiale, àWashington. Certes, les Américains n’ont pas vraiment le choix. Leurs universités sont souvent très chères. En particulier les plus prestigieuses, comme Harvard, Standford ou Princeton (46 000 dollars environ l’année), qui forment l’élite de la nation, voire l’élite mondiale. Pour les familles américaines, mieux vaut donc anticiper, car seuls les meilleurs étudiants peuvent prétendre aux quelques bourses au mérite proposées par l’université.

Investir en actions
Les plus brillants (et modestes) peuvent aussi compter sur les bourses d’études financées par certains milliardaires américains philanthropes et convaincus de l’importance de la bonne formation des jeunes. Les riches Chinois partagent cette philosophie etmisent aussi sur l’éducation pour hisser le pays au plus haut niveau. Certains milliardaires, comme Li Ka-shing, créent ainsi des bourses d’études et financent les universités et la recherche. En France, rien de tel. Les frais de scolarité à l’université sont parmi les plus bas d’Europe, et les étudiants modestes bénéficient de bourses d’État. Cependant, parents et grands-parents peuvent aussi faire le choix d’épargner le plus tôt possible pour les études de leurs chères têtes blondes. Cet investissement permettra lemoment venu de régler sans efforts les frais de scolarité des meilleures écoles de commerce, par exemple, ou des années d’études dans une bonne université à l’étranger, promesse d’un bon travail. Où placer cette épargne ? Tout dépend, bien sûr, de l’âge de l’enfant et donc de l’horizon de placement dont on dispose. Les parents de jeunes adolescents privilégieront les investissements sans risques. « Ceux qui ne disposent que de quatre ou cinq ans pour faire fructifier leur épargne auront tout intérêt à miser sur les obligations de courte durée (entre trois et cinq ans) et sur des actifs monétaires », estime Philippe Baillot. Concrètement, si vous estimez avoir besoin de 100 000 euros pour financer toutes les études de votre enfant, vous placerez 85 000 euros en sicav obligataires etmonétaires. Petit conseil aux parents souhaitant envoyer leur enfant étudier à l’étranger : «Mieux vaut investir son épargne dans des obligations d’État du pays d’accueil », recommande Philippe Baillot. Ainsi, pour éviter toute mauvaise surprise liée à la devise, si vous souhaitez que votre enfant passe quelques années à Oxford, en Grande- Bretagne, vous investirez dans des obligations d’État britanniques, libellées en livres sterling. En revanche, plus l’enfant est jeune et plus il est recommandé de placer l’épargne destinée à son éducation en actions. Ce placement est le plus rentable sur le long terme (entre 8 et 10%) et l’un desmoins sensibles à l’inflation (contrairement aux placements de taux). « Actuellement, de 70 à 80% du portefeuille en actions européennes, américaines et émergentes et en or, et le solde en sicav obligataires et monétaires », recommande Philippe Baillot. Cependant, au fil des ans, les parents devront veiller à réduire la part des actions. À l’approche de l’échéance, le placement devra être complètement liquide.

Assurance-vie ou compte titres ?
De quelle façon investir ? Plusieurs stratégies patrimoniales sont envisageables. « Nous conseillons aux parents et grands-parents d’investir au fil de l’eau, mais régulièrement (tous les mois, trimestres…) », explique Charles Bienaimé. De cette façon, l’effort d’épargne est « indolore », mais le résultat, dix-huit ans plus tard, bien réel.Meeschaert a mis en place il y a dix ans un système de prélèvement automatique (au choix, mensuel, semestriel ou annuel) permettant aux parents et (ou) grandsparents d’alimenter progressivement le compte titres de leur enfant. Les familles sont libres d’interrompre momentanément le prélèvement et de le reprendre quand elles le souhaitent. Deuxième solution : placer à la naissance de son enfant une somme importante sur un compte. L’argent peut avoir été offert comme cadeau de naissance par les grands-parents. Ces derniers peuvent utiliser les mesures fiscales leur permettant de donner, sans payer d’impôts, 30 000 euros tous les six ans à leurs petits-enfants. «Mieux vaut privilégier l’assurance-vie : on peut facilement changer de support et si le contrat est ouvert au nom de l’enfant, en cas de problème, l’actif n’est pas saisissable », estime Philippe Baillot. Au nomde l’enfant ou du parent ? Les spécialistes préconisent souvent d’ouvrir le contrat au nom de l’enfant, en particulier s’il est alimenté avec l’argent de ses grands-parents. De nombreux assureurs proposent ainsi depuis quelques années déjà des formules qui combinent don manuel et assurance-vie. Le grand-parent stipule que le capital donné doit être réinvesti sur un contrat d’assurance- vie, ouvert au nom de l’enfant. Il précise aussi que le jeune devra, pour en disposer à sa guise, attendre jusqu’à un certain âge. « Nous recommandons que le dénouement du contrat soit associé à un projet », explique Charles Bienaimé. L’intérêt ? « S’assurer que le jeune adulte qui ne souhaite pas poursuivre d’études n’utilisera pas l’argent pour s’amuser, par exemple », poursuit-il. Pour les mêmes raisons, ce dernier recommande aux parents souhaitant ouvrir un compte titres de le faire à leur nom. Enfin, dernière sécurité : penser à souscrire une assurance-décès, qui aidera vos enfants en cas de décès prématuré.

Source:
Danièle Guinot
25/08/2008
Le Figaro

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