Une école d’ingénieurs pour les étudiants africains

Installé au Burkina Faso, le 2iE attire des élèves de toute l’Afrique de l’Ouest. Il leur offre une formation de haut niveau, reconnue à l’international et appréciée des entreprises. Une exception sur le continent.

C’est une école d’ingénieurs unique en son genre. Capable de faire mentir tous les préjugés sur l’Afrique : le manque de moyens chronique, le système D… En plein coeur de Ouagadougou, au Burkina Faso, l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) entend être « une institution de référence » pour le continent.

« Nous formons des ingénieurs adaptés aux réalités du terrain et aux besoins des entreprises », affirme le directeur général, Paul Giniès, un Français aussi volubile que déterminé. Pour cela, le 2iE fonctionne suivant les meilleurs standards internationaux. Il recrute ses enseignants sur le marché mondial, même s’il peine à leur offrir les mêmes salaires qu’ailleurs. Il mise sur la recherche appliquée : son école doctorale compte déjà 24 thésards. Et il multiplie les enseignements bilingues, français et anglais.

S’ajoute à cela un positionnement judicieux sur trois domaines porteurs pour l’Afrique : l’eau, l’énergie et l’environnement. Sur ces sujets, l’école entretient des liens étroits avec les industriels. Les journées entreprises, début mai, ont attiré quelque 90 firmes, dont plusieurs de l’Hexagone (Total, Bolloré, Veolia, Suez Environnement…), venues proposer stages et emplois. Les diplômés sont quasiment assurés de trouver un travail. Conséquence, le diplôme du 2iE est reconnu depuis l’an dernier par la Commission des titres d’ingénieurs française -un gage de qualité.

Du public au privé

Surtout, le 2iE offre à ses élèves un cadre d’études qui soutient la comparaison avec nombre d’institutions occidentales : un campus en centre-ville, à côté de l’université, avec terrain de sport et chambres d’étudiants, un second site de 110 hectares à Kamboinsé, à une vingtaine de kilomètres de la capitale, avec résidences et labos de recherche. Côté outils de communication, rien à redire : Internet haut débit et Wi-Fi partout, bibliothèque virtuelle, visioconférence, plate-forme d’enseignement à distance… Chaque étudiant dispose même d’un ordinateur portable, offert par la France.

Créé il y a quarante ans, au lendemain de l’indépendance, à l’initiative d’une quinzaine d’Etats africains et sur la base d’un financement public, le 2iE a changé de modèle en 2005, pour devenir une école privée, de droit burkinabé, qui bénéficie cependant du soutien de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement. Aujourd’hui, le 2iE attire des étudiants de toute l’Afrique de l’Ouest (Gabon, Mali, Cameroun, Togo…), prêts à payer des frais de scolarité pourtant importants pour le continent : de 2.130 à 3.800 euros par an. « Nous ne sommes pas dans un système de subventions, souligne Paul Giniès. Ici, les gens sont prêts à faire des sacrifices pour une formation de qualité. Et nous sommes compétitifs : nous formons des ingénieurs pour trois à quatre fois moins cher qu’en France. »

Reste un autre point fort de l’école : la motivation des étudiants. « Ils sont très créatifs et entreprenants, se réjouit Jacqueline Guibal, qui anime des séminaires de méthodologie et de gestion du temps. Ils rêvent de réussir une carrière qui les nourrit, mais qui fasse aussi honneur à leur famille et participe au développement de la région. »

Même enthousiasme chez les enseignants. « Ce qui me motive, ce n’est ni l’argent ni la qualité de vie, indique par exemple Azoumah Yao, un Togolais de trente-trois ans, titulaire d’un doctorat en génie énergétique. Je veux contribuer au développement de l’Afrique. Il y a ici un potentiel humain et des ressources naturelles en abondance. »

Certes, tout n’est pas parfait au 2iE. Les locaux ne sont pas aussi confortables qu’en Europe, les étudiants sont parfois à l’étroit dans certains amphis. Et surtout, le 2iE souffre encore d’un manque de visibilité hors d’Afrique. Mais cela ne l’empêche pas d’afficher ses ambitions et de multiplier les projets. Au programme, doublement des effectifs dans les deux ans, création d’un MBA entrepreneuriat et éco-innovation ou lancement de cursus en alternance

Par JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI
Source: Les Echos

La fiche d’identité du 2iE
– 870 étudiants en formation initiale, de 24 nationalités (60 % d’étudiants non burkinabés).
– 95 % des diplômés ont un emploi six mois après leur sortie.
– 56 professeurs (dont une trentaine de docteurs), de 16 nationalités.
– Budget annuel : 8,3 millions d’euros, dont 10 % d’aides de la France.
– Un plan d’investissement de 12 millions d’euros sur trois ans est financé par l’Agence française
de développement, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.

La fiche d’identité du 2iE
– 870 étudiants en formation initiale, de 24 nationalités (60 % d’étudiants non burkinabés).
– 95 % des diplômés ont un emploi six mois après leur sortie.
– 56 professeurs (dont une trentaine de docteurs), de 16 nationalités.
– Budget annuel : 8,3 millions d’euros, dont 10 % d’aides de la France.
– Un plan d’investissement de 12 millions d’euros sur trois ans est financé par l’Agence française
de développement, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.

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