La première femme chef de mission diplomatique issue de l’Iric
Léger Ntiga
Elle vient d’être nommée Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Cameroun aux Pays Bas. Sans véritable flonflon à sa résidence du quartier Ngousso au lieu dit Santa Barbara à Yaoundé, Mme Odette Melono, ministre plénipotentiaire, nommée par décret présidentiel jeudi, 10 juillet 2008, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Cameroun au Royaume des Pays-Bas, avec résidence à la Haye, reçoit quelques amis et aînés. Dans les jardins où quelques membres de la famille devisent à voix basses, aucun signe particulier de fête. A peine un véhicule dans la cour perturbe la verdure luxuriante des lieux. Pour rompre avec le calme de cette résidence située en retrait de la route principale qui traverse le coin, de temps à autre, la maîtresse de céans répond aux appels de collègues, amis et connaissances qui lui témoignent leurs encouragements.
Le verbe haut, le pas alerte et large sourire aux lèvres, cette dame de 48 ans à qui on donnerait la trentaine, accueille sans protocole. Mme Melono est surtout perçue par ses confrères et collègues comme un cas "unique dans la diplomatie du Cameroun dans la mesure où elle est la première femme formée à l’Institut des Relations internationales du Cameroun (Iric), promue aux fonctions de chef de mission diplomatique, depuis sa création en 1971". Au terme de longues études de droit (sanctionnées par moins un Dess en droit des affaires notamment), cette mère de deux enfants "majore au concours d’entrée de l’Institut des Relations internationales, termine haut la main sa formation en 1990. Elle débute une carrière diplomatique au ministère des Relations extérieures (Minrex) où elle exerce à la division des Affaires économiques et des Traités", indique un extrait de son curriculum vitae (Cv).
Gender Equity
Elle-même, ne se considère pas outre mesure comme une spécificité. Tout au plus se détermine-t-elle comme une amoureuse du travail bien fait et disciple de l’approche genre "gender equity", sans être féministe. Elle estime à ce sujet que " c’est une grâce si je suis la première femme diplomate nommée ambassadeur, de toutes celles formées par l’Iric. D’ailleurs, je considère cette exception comme un motif supplémentaire pour réaffirmer la compétence des femmes qui sont déjà pour nombre d’entre elles, directeurs au Minrex ". On cite à ce propos, le directeur des Affaires d’Europe au Minrex, Mme Julie Kamto ou encore, le sous-directeur de l’Union africaine dans le même département ministériel, Mme Chantal Mfoula.
Cette fille de l’arrondissement d’Okola dans la Lékié doit cependant sa vocation à sa mère. Secrétaire dans le cabinet de nombreux ministres camerounais des Affaires étrangères "c’est elle qui me suggère fortement de présenter le concours de l’Iric lorsque je rentre d’Europe à la fin des années 80". Alors que nombre de ses promotionnaires en France embrasse des carrières très bien rémunérées dans des entreprises publiques de la place.
" De cette proposition, nait une carrière qui me conduit du ministère des Relations extérieures et à la présidence de la République " où, celle qui se présente comme un produit des milieux modestes, séjourne à la division des Affaires diplomatiques d’abord comme attachée, puis comme Chargée de missions en 2006 à la présidence de la République. Elle est, à la lumière de sa récente nomination, le premier chef de mission diplomatique du Cameroun au royaume des Pays Bas avec résidence à la Haye. Elle remplace à son poste Mme Isabelle Bassong qui avait la charge des pays du Benelux (Belgique, Luxembourg et Pays Bas). Une nouvelle page s’ouvre sur le parcours de cette dame qui veut faire "mieux que tout le monde". Elle est par ailleurs l’unique femme qui prendra les rênes d’une mission diplomatique du Cameroun à l’étranger dans le vaste mouvement engagé par le président de la République en septembre dernier.
Source: http://www.quotidienmutations.info
15/07/08