Burkina-Faso – Le Premier ministre à l’université de Ouagadougou

Le Premier ministre à l’université de Ouagadougou

Tertius Zongo a déjeuné avec les étudiants

Le Premier ministre, Tertius Zongo, a été toute la matinée d’hier 3 avril 2008, l’hôte de la communauté universitaire de Zogona. Objectif, s’imprégner des réalités du premier temple du savoir burkinabè. Mais avant, il a procédé à la pose de la première pierre de l’Université Ouaga II.

Le Premier ministre arpentant les «rues» du campus universitaire de Zogona, entouré des membres du gouvernement et des premiers responsables de l’Université. Cette scène peu habituelle a suscité la curiosité et la mobilisation des étudiants qui ont accueilli le chef du gouvernement et sa suite, dans une ambiance «estudiantine» (musique de tam-tams, sifflets, ovations). Tertius Zongo est allé en effet toucher du doigt, les réalités du premier temple du savoir burkinabè, essoufflé.

Pour ce faire, le Premier ministre Zongo a pris part au conseil scientifique spécial élargi de l’Université de Ouaga I, regroupant outre sa suite, les présidents d’universités, d’instituts, les anciens recteurs et présidents de l’UO, les anciens ministres de l’Enseignement supérieur et les professeurs à la retraite.

Au cours de cette session spéciale, le président de l’Université de Ouagadougou, le Pr Jean Koulidiaty a fait cas des maux qui minent le creuset de la future intelligentsia : inadéquation entre le nombre croissant des étudiants et les infrastructures d’accueil et de formation, paupérisation croissante des étudiants, baisse de la qualité de l’enseignement, rendement en-deçà des attentes… Sur le plan de l’encadrement, le président Koulidiaty parlera d’insuffisance et de vieillissement du corps enseignant. A en croire le patron de l’UO, le corps d’enseignant est très peu attractif, car les universitaires burkinabè ont les salaires les plus bas de la sous-région ouest africaine. A cela, s’ajoutent la vétusté du matériel didactique des laboratoires de recherche, la fuite des cerveaux. «L’Université de Ouagadougou connaît des contraintes d’ordre économique financier, démographique, organisationnel», lâchera même Jean Koulidiaty, qui a aussi employé le mot crise, pour parler de la situation de son institution.

Dans un documentaire de 13 mn, projeté au cours du conseil scientifique élargi, les cas du nombre des étudiants devenu pléthorique (40 000 étudiants pour 433 enseignants) et leurs mauvaises conditions qui en découlent ainsi que les difficultés rencontrées par le personnel administratif et d’appui du campus ont été exposés. Au regard de toutes ces donnes, le président de l’Université a indiqué au Premier ministre que la communauté universitaire attend beaucoup de sa visite.

Ouaga II, pour booster l’excellence et la compétitivité

Pour Tertius Zongo, la priorité du gouvernement est la valorisation du capital humain. Aussi a-t-il invité la communauté universitaire à cesser de «gémir» sur les problèmes de l’Université pour se pencher de façon concertée sur ce que doit être l’université burkinabè : une institution ouverte sur le monde, alliant excellence et compétitivité. «Nous devons former des disciples du développement, des hommes capables d’initiatives, respectueux de toutes les opinions», a dit Tertius Zongo.

Pour y parvenir, le Premier ministre a évoqué ce qui est fait ou en train d’être fait, en réponse aux nombreuses préoccupations de l’Université évoquées plus haut. Tertius Zongo a rassuré que les questions de logement et de restauration d’étudiants seront désormais confiées au privé. Le gouvernement, a aussi dit M. Zongo, sera plus regardant sur le recrutement des enseignants et une attention particulière sera accordée aux étudiants souhaitant effectuer un 3e cycle afin de revenir enseigner à l’Université. Pour redorer le blason de la fonction enseignante à l’UO, le Premier ministre s’est montré favorable à la revalorisation de la fonction à travers une amélioration des conditions salariales et de travail. Dans la même lancée, un terrain serait déjà disponible, afin d’y construire des logements pour enseignants.

Traduisant la volonté du gouvernement de parvenir à l’avènement d’une Université tournée sur l’excellence, le Premier ministre a procédé aux inaugurations d’un bâtiment à usage de bureaux pour enseignants, d’un amphi de 2200 places et à la pose de la première pierre du deuxième restaurant de l’Université de Zogona. Autre pose de première pierre d’importance, celle du futur campus universitaire Ouaga II. Situé à Gonsé, à une vingtaine de km à l’Est de Ouagadougou, Ouaga II sera logée au sein d’un pool universitaire, avec toutes les commodités : banques, postes, espaces verts, eau, électricité, téléphone et cela en plus des UFR, bibliothèques, infrastructures sociales, centres d’enseignement à distance, le tout sur une superficie de 2 111 ha.

Mais dans l’immédiat, un amphi de 2500 places devrait être disponible à Ouaga II dès la rentrée prochaine (octobre-novembre 2008). La journée marathon consacrée à l’Université, entamée aux environs de 8h 30, s’est achevée à 14h autour d’un plat au restaurant universitaire que le Premier ministre a eu du plaisir à déguster entouré des étudiants enthousiastes et médusés.

Propos des acteurs après l’événement

* Armand Gildas, étudiant master II géographie, président de l’UNARES : De prime à bord, c’est une bonne chose que les premiers responsables de ce pays viennent toucher du doigt les réalités concrètes du campus. Nous apprécions à sa juste valeur ce geste. Seulement, nous souhaiterions que les engagements pris soient tenus. Nos avons déjà assisté de par le passé à de nombreux engagements de personnalités qui sont venues sur le campus, mais on a rien vu après. Nous tenons à l’amélioration des conditions de vie des étudiants. C’est notre combat. Sur le volet restauration, il y a encore du travail à faire. Il y a encore de longues files quand il s’agit de venir se restaurer. Nous espérons avec la pose de la pierre d’un nouveau restaurant pouvoir assister à un désengorgement des restaurants existants. Pour nous, le travail a démarré en retard et il faut pouvoir rattraper certaines choses.

*Arnaud Maré , 2e année de droit : Cette visite du Premier ministre vient à point nommé parce qu’il est intéressant que nos autorités se déplacent souvent eux-mêmes pour constater de près ce que nous vivons. Ce n’est pas évident que les comptes-rendus qu’on leur fait soient conformes à la réalité. Dans ce restaurant, ce que nous sommes en train de manger ici ne reflète toujours pas ce que nous y consommons d’habitude. Sa visite s’inscrit dans la mise en Å"uvre de son plan d’action et cela vient vraiment à point nommé. Nous espérons que ce ne sera pas la dernière visite.

* Mohamed Aziz Zida, représentant de l’UNEF : La venue du Premier ministre à l’Université est pour nous d’une grande importance dans le sens où il a eu à se familiariser avec les étudiants et à prendre connaissance de nos doléances. Ces dernières années, nous avons constaté que l’attitude du gouvernement vis-à-vis de nos revendications a été d’une grande rigidité. Peut-être que sa présence va nous permettre d’avoir une suite positive pour ce qui est de nos revendications. Notre souhait est que le Premier ministre soit à notre écoute et que le gouvernement ait un regard sur le fonctionnement interne et externe de l’Université.

* Le Premier ministre Tertius Zongo : Le gouvernement, c’est une équipe, c’est un ensemble de personnes qui mettent les moyens en commun. Je suis venu ici surtout pour toucher du doigt les réalités du campus et écouter les acteurs. Vous les avez entendus montrer les efforts qu’ils peuvent faire. Je verrai avec le gouvernement, je ferai le point de ce que j’ai vu, entendu. Ensemble, les membres du gouvernement vont apporter des solutions qui sont concordées de sorte à donner une visibilité sur le long terme. Ce que les étudiants et les enseignants cherchent, ce ne sont pas des solutions-miracles, mais plutôt à comprendre vers où l’on va.

* Robert Sangaré, directeur général du CENOU : Je me réjouis du fait que le Premier ministre prenne à corps les problèmes des étudiants. Il a été à Koudougou, à Bobo et le voilà aujourd’hui au campus de Zogona. Il a visité les différents services du CENOU, pris le repas avec les étudiants. Nous pensons que cela lui a permis de toucher du doigt les réalités du campus. La restauration vient assez souvent comme leitmotiv dans les revendications des étudiants. C’est un domaine dans lequel il est difficile de satisfaire tout le monde. On ne peut pas trouver des menus convenables à plus de 40 000 étudiants. Le présent restaurant a été construit depuis 1976 et il est actuellement dépassé avec l’effectif actuel. Le restaurant que nous allons construire est d’une capacité de 750 places assises. C’est un restaurant complet qui sera équipé de moyens modernes de cuisson. Ce que les autorités ont mangé est exactement ce que l’on sert d’habitude. Seulement, je regrette qu’on ait pas pu se concerter pour présenter au Premier ministre toutes les réalités de l’Université.

Propos recueillis par Ismael BICABA
Sidwaya (Ouagadougou)
4 avril 2008
By Gabriel SAMA

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