Un MBA, c’est pour moi ?

Un MBA, c’est pour moi ?

Quand la pénurie des cadres se fait sentir, suivre un MBA est plus que jamais un moyen de booster sa carrière. A condition d’afficher un solide potentiel ! Quatre conseils pour cerner l’intérêt d’un tel investissement.

Dans un marché de l’emploi tendu pour les cadres, ajouter un MBA à son CV est plus que jamais un atout. « Les entreprises recherchent de plus en plus des managers prêts à monter en puissance. Le MBA est bien perçu puisqu’il leur donne une vision transversale de l’entreprise dans un environnement international de plus en plus complexe » observe Yves Couillard, vice-Président exécutif de Mercury Urval. De fait, les cadres qui optent pour un MBA après une dizaine d’années d’expérience font l’objet d’une véritable campagne de séduction : « La plupart de nos participants sont régulièrement contactés par les chasseurs de tête. Et la tendance s’accélère depuis septembre » note Valérie-Claude Gaudillat, directrice du MBA d’Audencia. Mais attention toutefois : si le contexte est porteur et le retour sur investissement quasi assuré, en terme d’évolution de responsabilités et de salaires (en moyenne 30 % de mieux pour les meilleurs MBA), le programme est aussi réputé pour son exigence et pour son coût. D’où la nécessité d’affiner sa stratégie.
Identifiez vos besoins

Première question à vous poser : Avez-vous réellement besoin d’un MBA pour évoluer ? « Si vous avez déjà une formation initiale de haute qualité, un MBA peut ne rien apporter de plus. Il ne s’agit pas d’empiler les diplômes, mais d’identifier en quoi ce cursus vous donnera un plus pour piloter les affaires de l’entreprise » rappelle Jean-Paul Vermes, président du cabinet de recrutement VMS. La vocation du MBA reste de former de futurs dirigeants, en renforçant leurs connaissances dans tous champs décisionnels de l’entreprise. Inutile donc d’entreprendre un tel périple pour acquérir uniquement une double compétence : « Si vous cherchez des compléments techniques pour évoluer du marketing vers les finances par exemple, mieux vaudra opter pour un master que pour un MBA » conseille Alan Jenkins, directeur de l’executive MBA de l’ESSEC. Idem, ce label ne présente guère d’intérêt dans une logique de carrière franco-française : la pédagogie des MBA vise l’ouverture vers des fonctions de direction à l’international, en France ou à l’étranger.
Evaluez votre niveau

Les exécutive MBA, destinés aux cadres en activité, sont réputés pour leur exigence. Etes-vous armé pour entreprendre un tel cursus ? « Il faut un bon niveau intellectuel et des capacités certaines de leadership et de management. Nous devons sentir que la personne à un niveau de fonction suffisant pour passer au stade supérieur » explique Valérie-Claude Gaudillat. Votre expérience (au minima 8 ans, mais en pratique la plupart des participants ont une quinzaine d’années derrière eux), doit être suffisamment riche pour convaincre. Maturité en management d’équipes de projets, évolution constante en responsabilités, participation aux décisions stratégiques forment les grands critères de sélection. A raison d’un candidat sur deux ou trois admis en moyenne, mieux vaut être certain d’avoir la carrure ! « On veut des gens présentant un réel potentiel d’évolution. Il faut être ambitieux mais aussi lucide sur ses manques » insiste Stephan Galy, directeur du exécutive MBA de l’EM Lyon. Un conseil : pour vous tester, prenez l’avis d’anciens managers passés par le programme.
Travaillez votre projet

N’espérez pas intégrer un tel programme sans projet à la clé : « Les candidats doivent avoir une vision claire de la direction qu’il souhaite prendre, en terme de poste et de secteur d’activité » prévient Nathalie Lugagne, directrice des programmes diplômants à l’executive education d’HEC. Si votre entreprise soutient votre démarche et finance en partie votre MBA, (une tendance qui s’accentue), assurez-vous d’avoir une réelle opportunité d’évoluer en interne à l’issue de votre formation. S’il s’agit d’un projet personnel, pensez à utiliser le réseau des anciens du MBA pour valider votre orientation. En règle générale, mieux vaut que votre projet s’inscrive dans la continuité de votre parcours. Mais rien n’est figé : les contacts entre participants peuvent aussi vous ouvrir d’autres horizons, vers un changement de secteur, voir vers la création d’entreprise.
Positionnez-vous

Autre point important : estimer sa capacité à endosser plus de responsabilités. Et le temps nécessaire pour y arriver. Car si le label permet d’évoluer plus vite, tout dépend de votre profil. « Si vous venez de l’expertise fonctionnelle, il faudra sans doute cinq ou sept ans avant de prendre la direction d’une business. Parfois, on ne peut pas faire l’économie de trois ou quatre échelons pour atteindre son objectif » prévient Valérie-Claude Gaudillat. Si le bond est plus rapide pour les cadres dirigeants, « certains se projettent trop bas, d’autres visent trop haut. Par exemple, ce n’est pas réaliste d’envisager de prendre la direction générale d’une entreprise de 3000 personnes quand on a dirigé une PME de 500 salariés » illustre Yves Couillard. Outre des séances de coaching de carrière, dispensés dans la plupart des programmes, une étude du marché auprès d’anciens du MBA au profil similaire au vôtre peut vous aider à bien calibrer votre ambition.

Par Laurence Emmevieille
LExpansion.com du 19 mars 2008

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *