Me Abdoulaye Wade procede au LANCEMENT : Les passeports numérisés, une exigence de l’Oaci
Le chef de l’Etat, le président Abdoulaye Wade, a procédé hier, dans les locaux de la Direction de la police des étrangers et titres de voyages, au lancement officiel du nouveau passeport numérisé. C’était en présence du président du Sénat, Pape Diop, du Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré, de Mme l’Ambassadeur de Malaisie à Dakar, du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom, des membres du gouvernement et de plusieurs invités.
Obtenir un passeport au Sénégal est un véritable parcours du combattant. Mis en service depuis 2002, le passeport actuel dit « passeport Cedeao », bien que fiable et sécurisé, n’en a pas moins montré ses limites, car les procédures de dépôt et de fabrication nécessitent des délais d’attente très longs pouvant aller de trois à six mois, du fait, d’une part, d’une demande exceptionnelle qui dépasse largement les capacités de l’offre et, d’autre part, de la faible performance du matériel de production. En accueillant le chef de l’Etat, le ministre d’Etat ministre de l’Intérieur a souligné que devenu obsolète, le matériel de production des passeports tombe souvent en panne, faute de pièce de rechange. « Il faudra alors attendre longtemps avant de trouver une solution au moment où les demandes s’accumulent à la direction des passeports », a dit Me Ousmane Ngom. Il a aussi indiqué que cette solution pénalise davantage nos compatriotes vivant à l’étranger « qui, faute de passeport, ne peuvent plus renouveler leurs titres de séjour ou leur contrat de travail. Ce qui entraîne parfois leur perte d’emploi.
Un système juteux pour l’Etat sénégalais
Le ministre de l’Intérieur a également signalé que l’Etat débourse chaque année environ un milliard et demi de nos francs pour l’achat de talons de passeports ou de pièces de rechanges, mais aussi pour certaines opérations coups de point du ministère de l’Intérieur à la direction des passeports pour faire les procédures de délivrance du précieux document. « Toutes ces tentatives, malheureusement, n’ont pas permis de juguler les problèmes liés à la centralisation, à l’obsolescence du matériel, aux difficultés dans l’acheminement des dossiers et surtout à une demande accrue sans cesse ».
Aussi, pour Me Ousmane Ngom, cette situation a-t-elle amené les autorités, sur instruction du président de la République, à trouver une solution définitive au lancinant problème des passeports au Sénégal. Cette volonté politique a donné naissance au projet de passeports numérisés, « la 3ème révolution numérique », après les cartes d’identité et d’électeur lors des dernières élections présidentielle et législatives ». Le ministre de l’Intérieur, tout heureux de ces trois révolutions, a fait savoir que « c’est le Père Noël qui en est à la base. Et ce Père Noël a pris un nouveau visage : Celui du président Me Abdoulaye Wade qui a refusé d’emprunter les sentiers battus en décidant que le Sénégal va résorber très bientôt, le gap numérique ».
Une exigence de l’Oaci
D’autre part, a-t-il dit, ce système permettra des rentrées financières de 4 milliards de nos francs. Il a aussi fait savoir que dans ce domaine, notre pays est en train de dépasser beaucoup de pays développés. « Nous sommes le 1er pays de l’Afrique francophone à avoir ce passeport numérisé. Monsieur le Président, votre vision est celle qui est porteuse d’espérance pour l’Afrique ».
L’organisation internationale pour l’aviation civile a demandé aux Etats membres, pour des raisons de sécurité, d’instituer des passeports numérisés d’ici à 2010. Et les Etats-Unis commencent à l’imposer dès 2009 à leurs partenaires européens et occidentaux. Notre pays, à en croire le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, n’attendra pas cette date pour se mettre aux normes de l’Oaci. Aussi, me Ousmane Ngom, en septembre dernier, avait-il annoncé la volonté exprimée par le chef de l’Etat de doter les Sénégalais d’un nouveau titre de voyage qui réponde aux normes fixées par l’Oaci.
Après avoir salué le niveau de sécurisation qui entoure la fabrication de ce document « et qui décourage les faussaires », le président de la République s’est aussi souligné que des cartes numérisées, il y en aura. « Les étudiants en auront aussi pour percevoir leurs bourses. Ce qui veut dire qu’il n’y aura plus de retard dans le paiement, mais également qu’ils ne pourront pas la percevoir avant… ». Me Abdoulaye Wade s’est dit heureux d’assister à un système dont il avait émis l’idée, il y fort longtemps. Pour le chef de l’Etat, avec la numérisation, on invente beaucoup plus vite, avant d’ajouter que le passeport numérique est devenu indispensable, « car en 2009, il sera exigé pour entrer aux Etats-Unis et dans d’autres pays en 2010. Mais, la grande révolution, c’est d’avoir choisi le numérique. C’est ce passage qui est important. Entrons avec confiance dans la civilisation du numérique », a-t-il souligné.
Ce qui fera dire au président Abdoulaye Wade que le Sénégal ne déboursera aucun franc pour le financement du matériel nécessaire à la fabrication de ce sésame. « C’est un système de partenariat inspiré du BOT qui a été retenu ». Pour Me Abdoulaye Wade, il fallait y croire « et nous y avons cru. Nous avons posé ce système. Nous l’avons mis en place avec le concours de tout le monde (les partis politiques, les associations, les Ong sous l’œil critique des ambassades qui ont accepté de venir suivre le processus d’enregistrement des électeurs et de fabrication des cartes d’électeur ».
Sécurité absolue
Pour lui, il fallait maintenant réussir l’opération finale, c’est-à-dire l’enregistrement des électeurs et de réaliser le scrutin. « Nous l’avons fait et cela a été une réussite saluée par tout le monde, particulièrement des pays qui entretiennent avec nous des relations d’amitié et de coopération ». Il a salué « cette véritable révolution ». Après ce stade, l’on est à celui des passeports, « j’ai été frappé par la complexité du processus, surtout par tous les niveaux de sécurisation qui font que je ne suis même pas sûr que des gens tenteraient la profession de faussaires de cartes d’identité numérisées, tellement c’est compliqué, tellement il y a des contrôles à tous les stades. C’est vraiment la sécurité absolue avec ces passeports numérisés, et c’est indispensable ».
Le président de la République a fait savoir que la véritable révolution avec, « c’est lorsque nous avons choisi des numériques. Nous sommes passés d’une autre civilisation du crayon, du crayon à bille, de la machine à calculer ou de l’ordinateur simple pour aller au numérique. C’est ce passage qui est important. Et Avec les pas que nous avons marqués, nous rentrons dans la civilisation du numérique et nous y entrons avec confiance, parce qu’il y a beaucoup d’autres choses que nous devons numériser et que nous numériserons parce que cela correspondra à une mentalité des citoyens ».
A ce niveau, Me Abdoulaye Wade a remercié la Malaisie, son Premier ministre et Mme l’Ambassadeur au Sénégal. Il a également dit que c’est le voyage qu’il a effectué en Malaisie qui l’a conforté dans sa conviction « qu’il fallait nous orienter vers le numérique. Nous avons encore un système à emprunter à la Malaisie. C’est le système du suivi des projets des ministères à partir du bureau du Premier ministre, à partir de mon bureau. Nous l’avons vu en Malaisie et nous avons demandé qu’on ait ce système ici. Il permet pour chaque projet de savoir à l’instant quand est-ce qu’il a commencé, où en est-on pour la réalisation et ensuite pour tout ce qui reste à faire et surtout voir si le projet suit le chronogramme de réalisation ».
Il a pensé que tous les membres du gouvernement sont acquis au numérique et « que nous allons assez rapidement, avec l’assistance de nos amis malaisiens, réaliser ce système ». Le chef de l’Etat a dit apprécier dans le bureau du Premier ministre qui le lui a expliqué dès qu’il y est venu « et j’ai dit, ça c’est bien ». Me Abdoulaye Wade a demandé que les gens aient conscience que maintenant, nous sommes entrés dans l’air du numérique « et nous allons l’appliquer de plus en plus ». Selon lui, les domaines d’application sont très nombreux. Aussi, a-t-il fait comprendre, il nous faut également adopter le tableau blanc. « Le maître dispose d’un ordinateur avec lequel il peut tout illustrer au tableau pour dire à ses élèves voilà un arbre, un fromager, un baobab, ceci, cela, etc. ».
A en croire le chef de l’Etat, les enfants vont aussi vivre l’air du numérique, « car déjà, dans les cases des tout-petits, il y a des ordinateurs ». Il a félicité le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur « pour savoir traduire mes aspirations assez rapidement et assez fidèlement ». Il a aussi remercié le ministre des Finances avant de révéler que le passeport numérique va se faire dans beaucoup de villes du Sénégal et ailleurs en dehors de nos frontières. En langue nationale, le président Abdoulaye Wade a martelé, concernant les Accords de partenariat pour l’Afrique (Ape) : « cela ne marchera pas ».
Le passeport numérisé ne coûte que 20.000 francs Cfa et est valable pour une durée de cinq ans.
Babacar DIENG
http://www.lesoleil.sn
28/12/2007