Congo – De nombreux enfants soldats ou esclaves sexuels au Nord-Kivu

Congo – De nombreux enfants soldats ou esclaves sexuels au Nord-Kivu

«Des centaines d’enfants continuent d’être envoyés sur la ligne de front par les groupes armés au Nord-Kivu», dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où des mineurs sont recrutés de force ou utilisés comme «esclaves sexuels», a dénoncé l’ONU vendredi.

Depuis la reprise des combats en août 2007, l’Equipe spéciale de la RDC, regroupant agences de l’ONU et partenaires en charge de la protection de l’enfance, «rapporte des activités de recrutement d’enfants au Nord-Kivu», indique un communiqué de la Mission de l’ONU en RDC (Monuc).

Le recrutement, constaté chez différents groupes armés, est pratiqué de manière «systématique» par les troupes insurgées du général déchu Laurent Nkunda.

«Plusieurs témoignages recueillis récemment confirment qu’après un recrutement forcé, les enfants reçoivent un entraînement militaire et sont envoyés sur la ligne de front, au coeur des combats, alors que d’autres sont utilisés pour des tâches logistiques variées ou comme esclaves sexuels», selon l’Equipe spéciale.

Les affrontements opposent principalement l’armée congolaise et des troupes insurgées du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de l’ex-général tutsi congolais Laurent Nkunda, qui se pose en «protecteur» de sa minorité en RDC et accuse l’armée de complicité avec des miliciens «génocidaires».

Des accrochages ont aussi impliqué des milices locales Maï Maï et des rebelles hutus rwandais regroupés au sein des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), dont certains ont participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre les Tutsis.

Selon l’Equipe spéciale, certains groupes armés «semblent délibérément viser les écoles ou autres lieux de rassemblement, là où les enfants sont particulièrement exposés au recrutement forcé».

L’équipe relève aussi un phénomène de ré-enrôlement d’ex-enfants soldats, sortis des groupes armés depuis la fin de la dernière guerre en RDC (1998-2003). Début 2007, l’ONU estimait à plus de 11.000 le nombre d’enfants restant à démobiliser sur un total d’environ 30 000 en RDC.

«Depuis 2004, plus de 8500 enfants avaient déjà rejoint leur famille après avoir quitté volontairement les groupes armés du Nord-Kivu. D’après les témoignages recueillis, plusieurs de ces enfants ont été à nouveau recrutés», indique l’Equipe spéciale, déplorant la crise actuelle, qui «compromet tous les acquis durement obtenus pendant les trois dernières années».

L’Equipe spéciale a noté une «absence généralisée d’enfants et de jeunes dans certaines communautés et, en particulier, parmi les populations déplacées».

«Dans les zones sous contrôle du CNDP, les familles et les communautés qui ne veulent pas remettre leurs enfants pour le soutien de +la cause+, rapportent subir intimidations et persécutions», indique l’Equipe spéciale, qui désigne le CNDP de Nkunda et les FDLR comme «premiers responsables du recrutement et de l’utilisation d’enfants» au Nord-Kivu.

L’Equipe spéciale «exhorte à l’arrêt immédiat du recrutement et de l’utilisation d’enfants» et demande «aux groupes armés de remettre aux agences de protection de l’enfant tous ceux qui, garçons et filles, sont présents dans leurs rangs».

Elle rappelle que le recrutement et l’utilisation d’enfants de moins de 15 ans par des forces et groupes armés sont des crimes de guerre passibles de poursuite devant la Cour pénale internationale.

Source: Agence France-Presse
14/12/2007

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