Mon aventure chinoise: un douloureux apprentissage
Un étudiant ivoirien en Chine – 15 juillet 2007
En Côte d’Ivoire, je vendais les journaux pour payer mes cours à l’université. Un jour, un de mes amis est venu m’informer qu’une ONG ghanéenne donnait des bourses d’études pour la Chine et ensemble nous nous sommes engagés dans les démarches jusqu’à ce qu’on obtienne la lettre d’admission d’une université chinoise.
Avant de venir en Chine, la soit-disante structure (ONG) qui nous a aidé à obtenir la lettre d’admission, nous a dit qu’une fois que nous serons en Chine, ils allaient tout prendre en charge. Cependant grande a été ma surprise de constater que ce n’était pas une bourse et que je devrais tout prendre en charge moi-même. Je dois moi-même payer ma scolarité qui est de 1,500 dollars pour un an d’apprentissage de la langue chinoise. Ensuite, je dois payer mon loyer qui est 150 dollars par mois et m’occuper de ma nourriture et de ma santé.
Ici en chine, les étudiants étrangers n’ont pas droit à la cité universitaire. Ils doivent plutôt loger à l’hôtel.
En quittant mon pays la Côte d’Ivoire, j’avais comme argent de poche 250 dollars. C’est donc avec cet argent que je vis actuellement et c’est presque fini. Lorsque je suis arrivé ici en Chine, et que j’ai appris le problème, automatiquement je me suis rendu à mon ambassade pour qu’ils m’aident à faire une réservation d’avion pour que je retourne au pays; mais hélas, ils ont tenté et ils n’ont pas pu. Actuellement où je vous parle, mon billet a expiré donc je ne peux plus retourner au pays. J’ai donc appelé quelques personnes au pays pour qu’elles essayent de m’apporter une aide financière mais jusque là personne m’a répondu. Certains de mes cousins et cousines préfèrent me raccrocher au nez quand ils entendent ma voix au téléphone.
Ma mère et mes frères sont extrêmement pauvres. Lorsque ma mère a appris ma situation, elle est allée demander de l’argent à crédit, mais comme elle n’est pas solvable, elle n’a rien reçu pour moi. Le mois dernier, elle m’a expédié avec difficulté une somme de 55 dollars.
L’université qui m’a donné la lettre d’admission après leur avoir donné des explications sur les circonstances de notre arrivée (nous sommes 7 étudiants) a décidé de nous faciliter la tâche en nous demandant de payer la première moitié de la scolarité qui est de 750 dollars avant de commencer les cours. Certains de mes amis ont payé pour eux et ont commencé les cours. Car leurs parents sont des fonctionnaires en Côte d’Ivoire.
Cela fait un mois et une semaine que je suis arrivé mais jusque-là, je n’ai pas eu de l’argent encore pour payer cette somme. L’université m’a donc fait une faveur de prendre les cours en attendant que je puisse recevoir de l’argent pour payer. Jusque-là, je ne sais où et comment je pourrais avoir les 750 dollars pour payer cette première moitié car je n’ai personne au pays sur qui je peux compter. J’ai actuellement comme l’impression que le ciel est tombé sur ma tête. Car cela fait plus d’un mois que je sollicite de l’aide partout sur le net et je ne reçois même pas de réponse. C’est donc la raison pour laquelle je suis très content de recevoir votre mail. Parce ce que même si vous ne faites rien pour moi, au moins je sais que j’ai pu partager par le biais d’Internet mon problème avec d’autres personnes.
Actuellement, je vis au jour le jour, et je ne sais pas où je vais. Même en classe, je suis le plus souvent distrait car lorsque je pense qu’un jour, ils me mettront dehors, cela me fait énormément mal.
Ce qui est plus grave, c’est qu’actuellement j’ai deux semaines pour m’inscrire et bénéficier d’une carte de séjour chinoise. Si donc ces deux semaines passent et que je ne m’inscris pas, je ne pourrais pas bénéficier de cette carte de séjour. Or en Chine quand ton visa expire et que tu ne quittes pas leur pays, chaque jour que tu passes sur le territoire chinois, tu dois payer une amende de 70 dollars par jour ; sinon tu fais la prison. Mon souhait actuel est de pouvoir m’inscrire afin de bénéficier de la carte de séjour et de pouvoir bien poursuivre mes études.
En effet avant mon arrivée en Chine, j’avais eu mon baccalauréat série C au Lycee moderne d’Agboville. Après j’ai eu mon diplôme universitaire de technologie en écologie et en environnement à l’université d’Abobo Adjame (Abidjan). Je suis donc venu en Chine dans l’optique d’apprendre 1) la langue chinoise et après 2) faire un master en environnement.
Cette ONG anarque qui nous a fait venir ici, dès notre arrivée, elle a coupé les contacts avec nous. Nous tentons chaque jour de les joindre, mais nous n’arrivons pas. J’ai vraiment été victime d’une duperie extrême qui me coûte assez de problèmes aujourd’hui. Les conditions d’études difficiles dans mon pays m’ont plongé dans une duperie extrêmement dangereuse. Parce que pour moi aller étudier en Asie me faisait assez du bien et je suis venu tomber dans des problèmes….