Les Masters en management français règnent sur l’Europe
par Guillaume Evin
D’après un palmarès des masters en management établi par le Financial Times, la France truste 6 des 10 premières places et compte au total treize nominations sur les quarante d’un classement dominé par HEC.
Avant de rivaliser avec leurs homologues nord-américaines ou asiatiques, les écoles supérieures de commerce françaises peuvent au moins se targuer de dominer le continent européen. De fait, à la lumière du dernier classement établi par le Financial Times sur les Masters (bac +5) en management, l’Hexagone parvient à placer 6 de ses représentants dans les 10 premiers et 11 dans les 25 meilleurs. Mieux, sur les 40 cursus en management les plus convoités du Vieux Continent, le contingent français est le plus conséquent avec 13 représentants contre 9 pour le suivant, le contingent britannique. Enfin, cerise sur le gâteau éducatif, HEC reste le champion des champions pour la 3ème année consécutive. L’établissement de Jouy-en-Josas devance là la London School of Economics et surtout un tir groupé constitué de l’ESCP, l’Essec, l’EM Lyon, Grenoble et Audencia (ex-SupdeCo Nantes).
Trois mois après le traumatisant palmarès de l’université Jiao Tong de Shanghaï – où seules 22 écoles françaises parvenaient à s’immiscer dans les 500 premières du monde et encore loin des premiers rangs ! –, le hit-parade du FT a de quoi rasséréner Paris. Outre leur passé, les business schools du pays ont aussi un présent. Ce qui en creux revient à valoriser le business model généraliste de leurs masters (bac +5 sans expérience professionnelle préalable) face aux puissants MBA anglo-saxons (5 ans avec expérience professionnelle). « Notre modèle à l’européenne commence à s’imposer. Tant mieux, note pour LExpansion.com, Bernard Ramantsoa, le DG du groupe HEC. Mais il n’est pas en rivalité avec celui des MBA. C’est une offre complémentaire. C’est un autre standard de référence ».
Fort logiquement, les écoles figurant plus qu’honorablement dans le classement ne se privent pas de le faire savoir bien qu’elles se défendent de céder aux mirages du « ranking » : L’Essec s’est ainsi empressée de rappeler que deux de ses programmes étaient référencés : l’un, 5ème, au sein du FT ; l’autre, un MBA, 7ème au Wall-Street Journal, qui a listé le même jour que son confrère britannique les meilleurs MBA du monde. « Les rankings existent, il ne faut pas s’en cacher. Mais, ils ne doivent pas non plus conditionner notre politique pédagogique », confie à LExpansion.com, Martine Bronner, la directrice marketing du groupe Essec. Même son de cloche ou presque au sein du groupe HEC, l’éternel rival du précédent, le « gagnant » du FT et 9ème au Wall Street Journal : « Les rankings, dont celui du Financial Times, ont ceci d’intéressant qu’ils sont extrêmement ciblés. Ils procèdent segment par segment. Seulement, cela suppose de savoir les décrypter avec précaution. Ce à quoi du reste excellent nos candidats, notamment les étrangers » explique le patron du groupe HEC.
« Il ne faut cependant pas s’emballer, tempère Andres Atenza, président du chapitre des écoles de commerce au sein de la Conférence des grandes écoles (CGE) et également directeur-général de SupdeCo Clermont. Car tous ces classements sont tributaires de leurs critères. Or, chaque critère est une posture. Aujourd’hui, les palmarès sont de plus en plus « vendeurs », que ce soit auprès des étudiants et de leurs familles, des entreprises et des écoles évidemment, alors ils se multiplient. Simplement, certains mettront l’accent sur les performances académiques quand d’autres vanteront leur ancrage sur le marché. La mode en ce moment par exemple est à la proportion d’ étudiants asiatiques dans les effectifs ; ce qui atteste d’un certain degré d’ouverture à l’international ».
Mais comment se repérer dans la jungle des sigles, des normes et des certificats tous plus ronflants les uns que les autres apposés par les écoles dans leurs luxueuses plaquettes de présentation ? « D’un côté, les élèves et les entreprises sont en quête de rationalité pour opérer ce qu’ils croient être le choix optimum ; de l’autre, les établissements se livrent une course à la puissance. Et donc au volume (corps enseignant, nombre d’élèves, publications prestigieuses, salaire sur le marché des nouveaux diplômés ou des anciens élèves, etc…) pour attirer les meilleurs éléments, les meilleurs enseignants, décrocher les meilleurs partenariats et ainsi de suite » constate désabusé Andres Atenza. A présent, le seuil fatidique de reconnaissance internationale semble se résumer à deux chiffres : au moins une centaine de professeurs permanents dans l’équipe pédagogique (généralement dotés de doctorats) et un ratio idéal d’1 enseignant pour 8 diplômés. En-deçà, point de salut.
A vrai dire, il ne fait pas bon ne pas atteindre la taille critique. Les écoles dites « moyennes » peinent tout simplement à exister faute de visibilité : « On fait aussi de la qualité, se désole le « patron » de SupdeCo Clermont, mais à l’échelle de notre bassin économique régional. Savez-vous pourtant que l’actuel PDG d’IBM France est un ancien de chez nous ? » Jacques Chaniol, le directeur de l’ESCEM, fusion récente des écoles de commerce de Tours et Poitiers, se félicite, lui, dans Les Echos de son opération de croissance interne : « Nous avons eu raison de regrouper nos deux écoles pour avoir une taille critique à l’international ». La preuve, et on est pas loin du syllogisme : l’ESCEM fait une entrée remarquée au classement des Masters en management à la… 39ème place !
Source:
http://www.lexpress.fr
17/09/07