Un étudiant africain nous a écrit pour nous raconter son expérience en Russie (ExcelAfrica).
Après l’obtention de mon baccalauréat en juin 2002, mon frère alors étudiant à Moscou, à l’université de l’Amitié des Peuples, m’a aidé à entreprendre toutes les démarches dont une demande de bourse d’étude hors de la Côte d’Ivoire, pour mon départ pour la Russie. Malheureusement et à notre grande surprise, la bourse n’a pas marché. Cependant, je fus accepté par une université russe à Moscou.
En octobre 2002, j’atterris alors à l’aéroport international Cherementieva de Moscou, à l’accueil, mon frère et quelques-uns de ses amis. Direction mon foyer, celui des nouveaux étudiants, là où vivent en particulier des étudiants chinois, vietnamiens, indonésiens, gambiens, gabonais, latinos, bissau-guinéens….ainsi que quelques Russes.
Je fus vraiment choqué à mon arrivée dans ce foyer, le bloc 6, là même où est survenu l’incendie, il y a 2 années de cela, faisant plusieurs morts dont certains n’ont même pas été déclarés car le jour de l’incendie, ils n’étaient pas encore officiellement enregistrés. L’hygiène dans ce bloc faisait vraiment défaut. Les chambres très restreintes étaient pour êtres partagés par 3 étudiants chambre. Ma chance, il n’y avait à mon arrivée qu’une personne, grâce à Dieu, un étudiant ivoirien.
Je voulais pendant les 1ers jours retourner au pays, avec la neige qui me fatiguait aussi vue la défaillance de notre réchaud dans la chambre. Mais mon frère m’en a dissuadé, et m’encourageait, et petit à petit j’ai pris goût à la vie, et me suis vite adapté… pas facilement d’ailleurs.
En hiver on ne sortait presque pas, et le plus marrant c’est que nous sommes obligés de porter des collants sous le pantalon ou sous le jean’s, de porter des vêtements qui cachent la gorge, dans le cas contraire c’est une liste de maladies que nous attrapons. On sortait également toujours en groupe, de peur d’êtres tabassés ou même abattus par les Skin-head, groupes de racistes n’aimant pas les noirs voire même les non russes. Ainsi, de l’année préparatoire jusqu’à ma 2-eme année, c’était toujours la peur au ventre, en allant au marché, dans le métro, dans le trolebus, autobus, ou même en allant aux cours.
Vers la fin de la 2-eme année d’étude, j’ai commencé à ne plus avoir peur, à marcher un peu rassuré, puisque la nouvelle politique en Russie luttait plus ou moins contre ce fléau (racisme), la milice se faisait voir à tout coin des rues, tout acte de racisme se faisait sévèrement sanctionné.
On commençait alors à aller en disco, au centre-ville, sur la Place Rouge c’est-à-dire sur la place du kremlin, dans les endroits touristiques dans chaque coin de la capitale qu’est Moscou.
Mais, quelle que soit la sécurité, qui se faisait sentir, les promenades nocturnes étaient à éviter, car quand certains jeunes Russes sont ivres, ils s’en prennent aux noirs, et souvent veulent comme ils le disent, comparer qui est le plus fort, l’homme à la peau noire ou celui à la peau blanche.
Certains nous insultent, nous traitent (d’abiziane) de singes, de nègres au sens péjoratif du terme, de chocolat, d’aventuriers…etc., mais le mieux c’est de ne jamais prêter attention si ceux qui vous insultent s’ils sont nombreux, s’il est seul et que tu peux le frapper, tant mieux, dans le cas contraire poursuis ton chemin. Il m’est arrivé quelques fois de me battre, soit parce que quelqu’un m’a insulté, m’a pour rien tapé, ou encore craché sur moi.
Vous ne rencontrez jamais quelqu’un c’est-à-dire étranger, un noir, qui ne s’est jamais battu ou s’est jamais fait battre ou insulter ici en Russie. Ces derniers temps, ce sont nos frères de race des villes de Petersbourg et Varonej qui sont traqués voire même abattus, c’est vrai que maintenant les coupables sont toujours retrouvés et condamnés, mais comme on le dit, mieux vaut prévenir que guérir. Il serait bien de sensibiliser les Russes, surtout la jeunesse sur ce fléau qu’est le racisme.
La difficulté de la langue russe quel que soit le nombre d’années passées ici, le manque de boulot pour les noirs sont également des freins pour nous autres, Etudiants Noirs.
En ce qui concerne les études, nous avons toujours ce proverbe en tête : << quand tu ne sais pas ce que tu fais, souviens toi de l à d’où tu viens>>. Juste pour dire que nous sommes conscients dans les études, nous nous donnons à fond, car nos parents comptent sur nous et l’Afrique compte sur ses dignes fils.
Ce qui nous met la joie au coeur, c’est plus ou moins cette attention, ce soutien moral et financier parfois, cet amour, cette envie d’échanger que les filles russes ont pour nous. Et, bien entendu, cela provoque des mécontents, des aigris, des jaloux… raison de plus pour nous tabasser.
Voici en quelques paragraphes de mon expérience ici en Fédération de Russie, à Moscou, mais également à travers moi, vous êtes informés sur le quotidien de plusieurs autres, Africains ou pas, mais étrangers en Russie./.
jojoju
Quelle idee d’aller etudier en russie. La cote d’ivoire ne reconnait pas les diplomes russes!