Source: Observateur Paalga N°6740 du 06 au 08 octobre 2006
Bourses d’études françaises, un vrai parcours du combattant
De plus en plus, au "Pays des hommes intègres", les bourses d’études étrangères deviennent rares comme les larmes d’un chien. On en entend parler, on en voit des traces, mais on ne peut pas en être attributaire. Cela est-il dû à la maigreur des aides au développement de l’éducation ou à l’attitude de nos responsables ? Manque-t-il de potentiels postulants ? Faut-il forcément avoir les bras longs pour en jouir ? De toutes les façons, la quête des diplômes internationaux est une épreuve de battue dans les montagnes, empreinte de beaucoup de difficultés. Le Burkina Faso devra adopter un nouveau système dans le processus de formation de ses futurs cadres.
En France, la proportion des étudiants burkinabè dans la communauté estudiantine étrangère est infime par rapport à celle des autres pays francophones (anciennes colonies françaises). Selon l’Eveil l’Education n°66 du 6 février 2006, les Burkinabè étaient alors seulement 648 sur 200 723 étudiants africains. Le Togo a environ 1500 étudiants, le Mali 1500, le Bénin 2050, la Côte d’lvoire 3 700, le Cameroun 4550, le Sénégal 8000.
Cette place du Faso, on le voit, n’est pas enviable, vu l’ampleur de la coopération entre la France et le Burkina. L’ambassadeur de France au Burkina, Francis Blondet, qui souhaite relever ce taux, a donné une conférence de presse sur cette situation, courant 2005. Au cours de sa sortie, il a affirmé que les Burkinabè ne se battaient pas. Ce propos est loin d’être tout à fait fondé, d’autant plus que le taux d’admis au Bac, au fil des années, est plus élevé et d’excellentes mentions n’y manquent pas. A l’université de Ouagadougou, on enregistre de bonnes moyennes partout dans les UFR (Unités de formation et de recherche). Mieux, nombreux sont les cadres professionnels qui disposent de moyens pour approfondir leurs connaissances.
Depuis l’année dernière, la France a décidé d’augmenter le nombre de bourses d’études à octroyer aux Burkinabè (290 bourses au compte de l’année académique 2005-2006). Un nombre nettement en hausse comparé aux années précédentes. L’ambassade de France au Burkina dit avoir accordé 80% des demandes de visa pour études au cours de l’année 2004-2005. Pour l’année académique 2006-2007, elle s’apprête à augmenter le taux d’accord des demandes de bourses d’études en France : 40% par rapport à 20% les années précédentes.
Et cette fois-ci, il ne s’agit que de bourses de stages professionnels. Seuls les étudiants de 3e cycle et les fonctionnaires ou professionnels qui veulent mener des recherches dans un domaine spécifique ou approfondir leurs connaissances pourront y postuler. L’aide de l’Hexagone en matière de développement de l’éducation au "Pays des hommes intègres" est assortie de conditions rudes et nombreuses. Surtout pour des étudiants dont les revenus des parents sont faibles. C’est comme vouloir aider un infirme en lui demandant des efforts excédant ses capacités physiques.
Trop de conditions à remplir
Les Burkinabè ne manifestent pas outre mesure d’intérêt pour les bourses d’études en France parce que d’une part les conditions à remplir pour obtenir une bourse française sont nombreuses et rudes. A la fin de l’année académique 2004-2005, un étudiant en licence de lettres, à la suite d’un choix de l’administration de l’UFR, dans laquelle il poursuivait ses études, a bénéficié d’une bourse française de coopération bilatérale en vue de faire un master en France (Poitiers). Pour une aide de 3 824 euros (montant de la bourse), l’étudiant devait débourser près d’un million de FCFA.
La première moitié de cette somme était destinée aux préparatifs du voyage (passeport, visa et autres) ; la seconde, à son transport et à sa survie, puisque la bourse devait prendre effet en janvier 2006, tandis que l’étudiant allait commencer les cours en septembre 2005. Pour les bourses de stage au compte de l’année 2006-2007, les rudes conditions décourageront encore des candidats. Pour avoir le visa pour la France, il faut présenter une attestation bancaire de virement irrévocable d’un montant de 350 000 FCFA. Les documents constitutifs du dossier de candidature sont nombreux et difficiles à obtenir.
En plus de l’essentiel (acte de naissance, diplôme, curriculum vitae…), il y a des obligations à satisfaire : des lettres d’appui ou de recommandation, le dernier diplôme reconnu par le CAMES (Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur), une attestation de réinscription 2007-2008 en France dans un établissement d’enseignement supérieur… En ce qui concerne les doctorats, les postulants doivent joindre le programme détaillé de la recherche ainsi que la lettre de présentation du directeur de thèse de l’établissement d’accueil. Et les thèses en alternance ont un calendrier spécifique : trois (3) séjours de 2, 4, 5 ou 6 mois étalés sur trois (3) années (application de la réforme sarkozienne sur l’émigration en France).
C’est le bouche-à-oreille qui marche
D’autre part, l’offre des bourses d’études en France n’est pas publique. Contrairement à plusieurs autres chancelleries qui prennent contact avec le Centre national de l’information, de l’orientation scolaire, professionnelle et des bourses (CIOSPB) pour faire connaître et publier leurs offres de bourses, c’est de bouche-à-oreille ou à travers des relations de parenté que quelques personnes en sont informées. Qui pis est, il y a tellement d’embûches sur la voie conduisant à la chose, que même si l’on arrive à postuler, il faut avoir "des bras longs" pour appuyer ou suivre pas à pas le cheminement du dossier (cas de sélection sur dossier).
Les autorités compétentes (responsables de coopération universitaire, directeurs d’UFR et directeurs ou proviseurs de lycée) ne sont pas prêtes à guider les candidats, sauf si elles y trouvent un intérêt quelconque. L’étudiant de lettres dont il est question plus haut n’a eu les échos relatifs à sa bourse qu’au dernier jour (25 septembre 2005). A ce qu’on dit, certains responsables universitaires voulaient détourner cette bourse de coopération bilatérale au profit de leurs proches. Un premier voulait la retirer pour sa nièce qui était de la même promotion que le bénéficiaire.
Malheureusement, elle n’avait pas une assez bonne moyenne. L’université d’accueil attendait un étudiant brillant et, de surcroît, de l’option Arts et Spectacles. Pourtant, la fille dudit responsable était en option ELAN (Esthétique littéraire négro-africaine). Le second aurait tenté de l’attribuer à une étudiante de son UFR. Mais, il se trouvait que les jeux étaient déjà faits…
A vrai dire, pour beaucoup de postulants, l’ambassade de France ne montre pas d’enthousiasme débordant à stimuler ses décisions d’aide au développement dans le domaine de l’éducation au Burkina. Par exemple, l’abonnement à la bibliothèque du CCF (Centre culturel français Georges-Méliès), est de 2 500 F CFA pour les étudiants et de 500 F CFA pour les élèves des lycées et collèges alors qu’au Centre culturel américain (CCA), il est gratuit.
Allez-y comprendre. Souvent, la France donne des bourses qui sont insuffisantes pour couvrir les besoins vitaux et les études des candidats. Et ces derniers ne s’en rendent compte que lorsqu’ils ont déjà déployé leurs propres moyens, s’ils en ont. Cela ressemble, à s’y méprendre, à une exploitation et non à une aide. La sagesse africaine dit qu’il ne faut pas enterrer le bouc jusqu’aux cornes. Ce sont là les raisons qui découragent les éventuels postulants du "Pays des hommes intègres".
Harmoniser la circulation des savoirs
De plus en plus, les Burkinabè tentent leur chance avec d’autres pays (Québec, Etats-Unis, Allemagne, Angleterre, etc.), pour, entre autres, des raisons liées à la qualité de la formation. Dans ces universités, l’accent est mis sur la pratique, le pragmatisme de la formation et non sur les grandes théories. Toutes choses qui préparent efficacement à l’insertion professionnelle immédiate. Ce pragmatisme a du reste donné naissance au système LMD (Licence-master-doctorat) qu’on est en train d’introduire chez nous. Malgré la barrière linguistique et le coût important de la formation, de nombreux Burkinabè en quête du savoir sont obligés d’aller à la recherche d’une performance.
Le Burkina Faso se prépare à donner une nouvelle orientation à la formation de ses futurs cadres. Comme les autres universités de la sous-région ouest-africaine, il s’apprête à adopter donc, d’ici à 2010, ce fameux LMD encore appelé "3-5-8", c’est-à-dire 3 ans pour obtenir la licence, 5 ans pour le master et 8 ans pour le doctorat, déjà appliqué dans les universités européennes.
Sur le plan académique, le premier intérêt du LMD est l’harmonisation de la circulation des savoirs et des modèles pédagogiques. Ce système, approuvé et recommandé par le CAMES, réduit, pour tout cursus universitaire, le nombre de diplômes à trois (Licence-master-doctorat). Pour tout dire, le LMD offre des diplômes facilement lisibles et comparables, permet la promotion de la mobilité, de la coopération et de la promotion des valeurs scientifiques, culturelles et sociales des partenaires.
Un autre avantage du système LMD, il est une déclinaison, une offre de formation en termes de domaines de spécialité, etc. Au regard de ces multiples avantages, les responsables de l’enseignement supérieur burkinabè mènent plusieurs activités en vue de préparer le terrain à l’adoption de ce nouveau système. C’est dans cette perspective que s’est tenu, les 9 et 10 juin 2006 à l’université de Ouagadougou, un atelier interuniversitaire, sur le thème :"Construire un espace de technologie intégrée de gestion du LMD".
Il s’agissait pour les participants, venus des 12 universités membres du RESEAU (Renforcement de l’enseignement supérieur et de l’action universitaire) d’impliquer les TIC dans la réussite de la mise en œuvre du système LMD. Comme l’a dit le Pr Gustave Kabré, vice-président chargé des enseignements et des innovations pédagogiques de l’UO, dans les colonnes de l’Observateur paalga n°6661 du 16 au 18 juin 2006 : "Nous ne voulons pas le faire de manière trop risquée. Nous ne voulons pas oublier des étapes ni des dispositions qui pourraient s’avérer préjudiciables à notre marche concertée vers le LMD. Nous voulons prendre toutes les précautions pour assurer un succès à notre démarche". Quelle chance pour l’aboutissement de cette démarche ? L’histoire nous le dira. Peut-être à brève échéance.
Adama Barro
(Stagiaire)
Jacques Monès, adjoint de coopération
"L’ambassade de France exige le minimum"
Que n’a-t-on pas entendu sur les conditions d’octroi des bourses d’études en France ? Aides maigres, visa cher, voyage budgétivore… Jacques Monès, conseiller adjoint de coopération à l’ambassade de France au Burkina, s’en défend pourtant, estimant qu’il y a tout de même un minimum exigible en la matière.
Avez-vous une idée du nombre d’étudiants burkinabè dans la communauté estudiantine en France ?
• Je n’ai pas une idée précise du nombre d’étudiants burkinabè en France. Mais, je peux avoir une idée précise du nombre d’étudiants boursiers en France, puisque nous avons leur dossier. Ils sont à peu près 250 bénéficiant de bourses de longues durées, mais en gros payées par la France.
Ce sont soit des bourses de stage de deux, trois ou quatre mois, soit des bourses d’études qui durent 2, 3, 4 ans. Mais, il y a beaucoup d’étudiants burkinabè qui partent d’eux-mêmes, c’est-à-dire qui financent leurs études eux-mêmes.
En gros, on considère que le nombre d’étudiants burkinabè en France varie entre… disons 800 et 850. Il faut compter également les boursiers du gouvernement burkinabè et ajouter à cela les boursiers de l’Union européenne (UE). Ils font des études dans le domaine des travaux publics. A l’école nationale des travaux publics de Lyon par exemple. Donc si on fait la totalité du nombre d’étudiants burkinabè en France, on peut dire qu’il y a 1/3 de boursiers, 2/3 de non-boursiers. Et on arrête le tout autour de 800, comme je l’ai dit tantôt.
Connaissant le pouvoir d’achat des Burkinabè, ne trouvez-vous pas que les conditions d’obtention des bourses d’études sont dures pour les étudiants, dont la plupart sont issus de familles pauvres ? Par exemple, l’acquisition d’un visa pour aller en France est conditionnée à la possession d’une attestation bancaire de virement irrévocable.
Effectivement, pour délivrer un visa, on demande à connaître les moyens dont dispose l’étudiant pour vivre en France. On ne peut pas envoyer un étudiant en France alors qu’il ne va pas pouvoir payer son logement, son transport, ses études, etc. On ne veut pas qu’il y ait des étudiants burkinabè sans domicile fixe (SDF).
Donc, pour ce qui est du visa, ce qui est exigé, c’est la somme de 535 euros soit 350 000 FCFA/mois. Mais, il faut savoir qu’aucun étudiant ne peut véritablement vivre en France avec 350 000 FCFA/mois. Le devis indicatif de la vie d’un étudiant en France, qu’il soit français ou étranger, est de 700-750 euros par mois, c’est-à-dire à peu près 450 000 FCFA mensuellement.
Mais, ce que nous, nous exigeons, c’est le minimum (pour se loger, manger…) de 350 000 FCFA. Il faut savoir que cette exigence ne vient pas du consulat. C’est une exigence de la préfecture. Puisque, lorsque l’étudiant arrive en France, il doit aller à la préfecture pour demander un titre de séjour.
A la préfecture, les principales choses qu’on va se demander sont : "est-ce qu’il a un logement ? Est-ce qu’il a des moyens pour exister ? C’est sur cette base (logement et moyens d’existence) que le titre de séjour peut lui être livré. C’est pourquoi, nous insistons ici pour qu’il jouisse d’un certificat de virement irrévocable pour que l’étudiant soit sûr qu’a son arrivée à la préfecture de police à Paris, à Lyon ou à Toulouse, il aura son titre de séjour sans risque d’être rapatrié. Puisque sans cela, ça voudrait dire qu’il n’a pas les moyens de subsister en France.
Il y a quelquefois des fraudeurs. Mais, dès que quelqu’un se présente avec une attestation de virement irrévocable, on essaye de vérifier, en lui demandant trois relevés bancaires des trois mois précédents. Pour savoir si l’intéressé a suffisamment d’argent pour son ambition. Par exemple, si quelqu’un s’engage à envoyer 350 000 F/mois à son fils en France alors qu’il n’a que 250 000 F/mois comme salaire, cela n’est pas possible. On lui refuse le visa immédiatement".
Quelle appréciation faites-vous de l’intérêt que les Burkinabè accordent aux bourses françaises ?
• Il y a beaucoup de gens qui pensent que nous donnons des bourses aux étudiants burkinabè pour le premier cycle ou pour le 2e cycle. Surtout les nouveaux bacheliers. Ils viennent dire : "Voilà, j’ai décroché mon baccalauréat avec une bonne moyenne, je voudrais une bourse pour aller continuer mes études en France. J’ai même mon inscription, donc donnez-moi une bourse". La politique que nous menons ici consiste à offrir uniquement des bourses aux étudiants de 3e cycle. C’est-à-dire à partir du DEA, au-delà de la maîtrise, qu’on appelle habituellement le "Master 1" et Doctorat.
La raison en est très simple. C’est que d’un côté, la France (ambassade de France) fait un effort très significatif pour aider les universités du Burkina à améliorer leurs prestations, à avoir des contacts avec les universités françaises, à travailler en relation avec les universités françaises, à améliorer les connaissances des enseignants par les bourses d’études ou de stage. Mais, pour l’acquisition des DEA, DESS, Doctorat, les universités du Burkina ont plus de difficultés. Parce qu’elles n’ont pas le nécessaire à fournir aux étudiants, etc. Nous intervenons par les bourses pour leur faciliter la tâche. Il y a une grande demande de bourses, mais souvent les gens ne savent pas que les bourses sont principalement données aux admis dans les grandes écoles, soit au 3e cycle.
Certaines chancelleries passent par le CIOSBP pour publier leurs offres de bourses. Cela n’est pas le cas pour la France. Pourquoi ?
• Sans faire de réclamation ou de publicité ordinaires, on a déjà énormément de dossiers. Je pense qu’au niveau de l’université et des grandes écoles (nos cibles), ils savent qu’ils peuvent demander une bourse. Mais, dans la commission paritaire de bourses, il y a le directeur du CIOSPB. Celui-ci est totalement au courant de la façon, des critères, etc., par lesquels les bourses françaises sont données. Tout étudiant qui ira voir le nouveau directeur du CIOSPB, Vincent Tiendrébéogo, aura des informations sur les bourses françaises.
Les autres chancelleries ne sont pas comme nous. Sur le plan de l’organisation, nous avons un bureau spécifique pour les cas de bourses d’études. C’est le bureau d’étudiants, où on les accueille, les écoute et les informe des formalités des bourses d’études, des conditions de vie en France, etc. Je ne pense pas que la fiche suffise pour donner tous les renseignements sur les bourses. Il faudrait que le CIOSPB indique aux éventuels postulants le bureau des étudiants, qui se trouve à l’ambassade de France. Et c’est ouvert de 8h du matin à 6h du soir. N’importe qui peut y venir avoir des renseignements. Présentement, nous recevons 30 à 35 étudiants par jour. Le cadre n’intimide pas les étudiants.
Il semblerait que les étudiants burkinabè, lorsqu’ils arrivent en France, sont recalés d’un an. C’est-à-dire qu’ils sont souvent obligés de reprendre l’année qu’ils ont déjà validées dans leur pays. Pourquoi cela ?
• Le directeur de la thèse à l’université de Ouagadougou peut accepter ou refuser le diplôme et vous allez voir un autre directeur pour vous diriger. Au niveau du 3e cycle en France, le problème ne se pose pas. Il faut savoir cependant qu’en France, chaque université est totalement autonome au niveau des équivalences. Lorsque vous voulez par exemple vous inscrire pour une licence de linguistique ou n’importe quelle autre option, vous pouvez vous adresser aux universités de Toulouse, de Grenoble ou de Strasbourg en disant que vous voulez faire une linguistique anglaise.
Celles-ci vont partir de la filière de base de l’étudiant pour accorder sa demande. Si vous avez fait une série scientifique jusqu’en licence, on ne peut pas vous accorder une place en lettres. Cette vérification se fait bien sûr à partir des programmes que l’étudiant a eus pendant les années précédentes. Si ces programmes sont en conformité avec ceux de l’université d’accueil, on lui accorde la place. Dans le cas contraire, il va chercher ailleurs.
Ou il reprendra carrément le programme de DEUG jusqu’en licence avant de faire son option de linguistique en anglais. Il est absolument faux, que tout étudiant qui arrive en France est rétrogradé. D’ailleurs, souvent, ce sont les étudiants (surtout les étudiants burkinabè) qui demandent à être rétrogradés d’un an, parce que justement ils ont peur de ne pas avoir le bagage nécessaire pour faire un DEA ou un autre diplôme supérieur.
Il y a des bourses françaises pour l’obtention desquelles on demande plus que le minimum. Qu’est-ce que leurs donateurs recherchent au fait ?
• Il y a un certain nombre d’organismes ou des universités qui donnent des bourses ne pouvant pas couvrir la vie des étudiants. Souvent, ce sont des bourses qui paient par exemple l’inscription et le transport de l’étudiant. Et c’est à l’étudiant de prendre le reste (logement, habillement, bibliothèque, etc) en charge. Donc il faut que l’étudiant aille au niveau de la préfecture pour prouver qu’il a les moyens de vivre en France. Si on vous donne une bourse et qu’on paie votre transport (même à l’intérieur de Grenoble) et votre billet d’avion pour y arriver, il vous faudra payer votre logement vous-même, vos vêtements, vos fournitures scolaires, le divertissement, aller au café avec ses copines…
Ces dépenses ne sont pas comprises dans la bourse qui a été donnée par l’organisme. La majorité de ces organismes donne seulement une partie et c’est à l’étudiant de compléter ce qui manque. Dans les bourses du gouvernement français tout est pris en charge billet, d’avion, transport en France, logement ; par contre, le visa n’est pas conditionné à la possession des 350 000 F, puisque votre carte d’étudiant est valable pour vérifier. Les cas des organismes sont rares. C’est à peu près dix cas par an.
En ce qui concerne les doctorants, les séjours en alternance ne compliquent-ils pas leurs recherches ?
• Souvent, les étudiants n’ont pas les moyens de rester pendant douze mois en France. C’est pourquoi on leur accorde un séjour en alternance de 2, 3, 4 ou 5 mois pour qu’ils puissent entrer en contact successivement avec leurs directeurs de thèse et faire leurs recherches de biographie. C’est aussi une stratégie pour pouvoir envoyer le maximum d’étudiants, avec notre budget. Par exemple si nous devons envoyer un étudiant pour douze mois, en alternance nous envoyons 3 étudiants qui vont faire chacun quatre mois, cela permet aussi de donner l’opportunité à d’éventuels postulants.
Propos recueillis par
Adama Barro
Stagiaire
Encadré
L’ambassade de France au Burkina a reçu, de juillet 2006 à la période où nous avons bouclé ce dossier, 312 demandes de visa. Parmi elles, 180 ont eu une réponse positive, 27 ont été refusées (soit 10%). Et 105 sont en attente. Parmi les 180, 106 sont des visas pour études de 3e cycle. Sur les 312, 285 émanent de Burkinabè.
Pour les dossiers de demande de bourse d’études, l’ambassade en a reçu 220 dont 70 ont été écartés. Les 150 restants seront classés selon des critères d’opportunité et par rapport au nombre de bourses disponibles.
Pour la seconde session, elle attend des dossiers pour des écoles de 3e cycle dans le domaine des mines, des BTS en partie. Les informations y relatives sont disponibles au bureau des étudiants dans l’enceinte de l’ambassade de France.
A. B.
Observateur Paalga