Des jeunes de 75 pays suivent une formation de professeur ou d’entraîneur de sport
PAR SUNDRED SUZARTE MEDINA, de Granma international (http://www.granma.cu)
CUBA est une puissance sportive, grâce aux efforts du gouvernement révolutionnaire pour mettre la pratique du sport à la portée des masses. On a maintes fois vu l’île se hisser au sommet des grandes rencontres internationales. Mais elle ne se contente pas de ces brillants résultats: elle a entrepris de partager son expérience avec d’autres pays, et ce à titre gratuit.
L’École internationale d’éducation physique et de sport est un centre d’études supérieures ouvert à ceux qui n’ont d’autre richesse que la volonté de faire du sport leur profession.
Cette jeune université est née en 1999; elle est située à une quarantaine de kilomètres au sud-est de La Havane et elle est due à l’initiative du président Fidel Castro, qui a proposé de former des spécialistes d’Amérique latine *capables de promouvoir cette saine et noble activité dans leur pays d’origine*. L’école accueille aussi des étudiants d’Afrique et d’Asie dans un ancien centre d’études militaires aujourd’hui transformé en une institution sans précédent dans l’histoire d’un pays doté de ressources limitées.
Le recteur de l’École, Jorge Armando Polo Vazquez, a bien voulu répondre aux questions de Granma international: *L’École internationale d’éducation physique et de sport a été conçue pour la formation de jeunes étrangers disposant de faibles ressources économiques. Il a donc fallu procéder à certaines adéquations, confectionner un nouveau programme d’études de sorte que la langue, par exemple, ou d’autres matières ne constituent pas un obstacle pour que ces jeunes obtiennent leur licence et soient considérés chez eux comme licenciés.*
Selon le recteur, il a aussi fallu tenir compte des habitudes alimentaires, des normes de cohabitation, de la diversité des religions propres à chaque pays. *Nous avons donc été amenés à concevoir un programme de formation intégrale de jeunes professionnellement bien préparés mais ayant aussi acquis des valeurs telles que la solidarité, l’humanisme, la fraternité.*
Le centre universitaire s’étend sur trente hectares et compte des bâtiments administratifs, des cantines, des dortoirs, une infrastructure d’entretien et de services et, bien sûr, des installations sportives : terrains en plein air et gymnases. La construction d’une piscine et d’une piste d’athlétisme est actuellement en projet. L’institution a débuté avec des étudiants de 51 pays, mais ce chiffre est aujourd’hui passé à 75 et continuera sans doute d’augmenter. Selon Polo, *le centre est sur le point de devenir une référence mondiale. Des dirigeants du monde des sports ont visité notre école et ils ont eu des paroles de reconnaissance pour la formation que reçoivent ici les jeunes de leurs pays.*
GRATUITÉ TOTALE, ET BOURSES POUR LES ÉTUDIANTS
Tous les services sont gratuits pour les étudiants: hébergement à la Cité universitaire, alimentation, transports, services académiques, livres, uniformes scolaires et sportifs, soins médicaux et dentaires, blanchisserie-teinturerie. Ils reçoivent en outre une bourse dont le montant mensuel est de cent pesos cubains.
En outre, les étudiants accèdent à des services de téléphonie nationale et internationale; ils trouvent sur place une cafeteria ouverte 24 heures sur 24, un salon de coiffure, un bureau de poste, une banque et un bureau de change.
Ils reçoivent trois chaînes de télévision en circuit fermé, répondant à leurs besoins en matière de formation et de loisirs; ceux qui le souhaitent peuvent aussi communiquer avec leurs familles et amis par courrier électronique.
Mais le recteur le reconnaît lui-même: *aucune œuvre n’est jamais parfaite, et si nous sommes satisfaits de la qualité de nos jeunes diplômés, il faut bien reconnaître qu’il reste des améliorations à apporter à l’infrastructure de l’école ainsi qu’aux contenus de l’enseignement, à partir de la conception scientifique mondiale de la pratique du sport*.
Les études durent cinq ans et les étudiants en sortent avec le titre de licencié en sciences de l’éducation physique et du sport. Le programme d’études compte 13 disciplines qui vont des lettres, des humanités et des sciences de base à l’exercice de la profession.
Pendant les deux premières années, les étudiants se préparent à l’enseignement de l’éducation physique, avec une préparation au football, au volley-ball, aux sports de combat mais aussi à la gymnastique de base et à l’exercice rythmique; ils apprennent aussi l’espagnol et l’anglais. À partir de la troisième année ils se spécialisent dans un sport et se préparent à devenir entraîneurs. En fin d’études, ils doivent présenter un mémoire sur la pratique d’un sport spécifique devant un tribunal spécialisé.
Selon le recteur, à leur départ pour leur pays les étudiants *connaissent pleinement la réalité cubaine car il sont eu l’occasion de passer de la connaissance théorique à la pratique, dans des écoles et des centres sportifs*. Ils deviendront chez eux professeurs d’éducation physique ou entraîneurs, mais auront aussi acquis des aptitudes à la rééducation physique et à l’organisation des loisirs.
L’école a déjà diplômé 807 jeunes de 60 pays, en deux promotions, et certains des diplômés occupent actuellement des postes d’importance dans des institutions sportives de leur pays. Carlos Cavallo, un Bolivien appartenant à la première promotion, travaille actuellement dans le football professionnel.
De l’avis du recteur il reste encore des obstacles à franchir aux jeunes diplômés: il leur faut en particulier faire reconnaître leur diplôme chez eux, ce qui n’est pas sans difficultés, d’ordre bureaucratique et économique. D’autre part, l’école compte sur eux pour *créer un réseau mondial servant à échanger des expériences et des connaissances en matière de développement des activités sportives*. L’objectif est *qu’ils restent en contact avec nous et rétroalimentent l’institution où ils ont fait leurs premiers pas dans la profession*.
MERCI À FIDEL
Les étudiants se font une haute idée du développement du sport à Cuba et estiment que ce pays est le lieu idéal pour se préparer à l’enseignement sportif. C’est ce que nous dit Alexander Saborio; un jeune Costaricien actuellement en deuxième année: *Je suis venu ici parce que tout le monde me disait que Cuba est un des pays où le sport et l’éducation physique sont les plus développés, et quand l’occasion s’est présentée, grâce à Fidel, je n’ai pas hésité. Je ne le regrette pas. Ici on en apprend beaucoup plus que dans mon pays. Ma plus grande surprise? La rencontre avec des jeunes venus de tant de pays et porteurs de cultures si différentes. Les conditions matérielles sont bonnes, et nos professeurs sont excellents, ce sont aussi des amis.*
Polo assure que *les étudiants trouvent ici un environnement favorable non seulement parce qu’ils sont en contact avec la nature mais aussi parce que tout le personnel, enseignant et de service, fait de son mieux pour que leur séjour de cinq ans parmi nous leur permette d’acquérir une formation académique solide*.
Les candidats à l’entrée à l’école doivent faire une demande de bourse auprès de l’ambassade cubaine de leur pays. Pour sa part, l’institution recherche des étudiants qui aient déjà fait le choix d’une spécialité en fonction des intérêts et des besoins de leur pays, et qui connaissent la Banque de problèmes du sport de leur pays pour que leur mémoire de fin d’études porte sur un sujet utile *.
Un étudiant colombien de deuxième année, Paulino Llanos, nous explique: *On voit arriver ici des jeunes qui n’ont pas encore fait le choix de leur sport et dont la spécialisation se décidera donc en cours d’études. Il y en a même qui ne sont pas des athlètes et qui souhaitent juste devenir professeurs d’éducation physique.*
Llanos signale aussi que son pays manque de licenciés en éducation physique. *La licence existe, mais on ne lui concède pas la même importance, sans compter que les coûts de formation sont très élevés.*
La jeune Tema Dlamini, du Royaume du Swaziland, parle de ses motivations: *Je souhaitais faire des études en rapport avec le sport. C’est ainsi que je suis arrivée ici et je m’y sens très bien. Au début j’ai eu du mal, à cause de la langue, mais au bout de deux mois je me débrouillais en espagnol. Mon professeur m’a beaucoup aidée.*
Que dit-elle du contenu de ses études? *Il y a des matières très difficiles, comme l’athlétisme, mais cela ne m’inquiète pas parce que j’adore le sport et je tiens à garder la forme. Dans mon pays, on ne fait pas grand-chose pour le développement du sport, et je voudrais que cela change. Je n’y arriverai pas toute seule, mais avec l’aide du peuple, qui sait¼ Je serai la première personne de mon pays à avoir fait ces études, et c’est une chance qu’il ne faut pas laisser passer. Cuba est un des pays du monde où le sport est le plus développé, et je suis reconnaissante au gouvernement cubain de l’opportunité qu’il m’a donnée.*
Même si beaucoup viennent sans préparation sportive préalable, ceci est l’expression la plus élevée de ce qui a commencé dans mon pays il y a seulement quelques années, affirme la vietnamienne Linh Nguyen Thy.
*J’ai participé à une course dans une université de mon pays, dit-elle, et le prix était justement la bourse d’études à Cuba. Au début, l’entraînement m’a semblé dur, mais cela va mieux car il est quotidien. J’ai fait des études de pédagogie du sport au Vietnam, mais je n’avais pas de préparation en sport à proprement parler.*
L’école accueille fondamentalement des jeunes du tiers monde, mais aussi quelques Cubains sélectionnés sur la base de leur rendement sportif dans les provinces du pays. C’est le cas de l’entraîneur de volley-ball Yosvany Tabares, diplômé en 2006.
*La diversité des pays m’a fourni d’excellentes expériences, dit-il. J’en ai été impressionné et marqué pour la vie. Je suis fier d’être Cubain. Au début je voulais devenir entraîneur, mais j’ai été sélectionné comme professeur. J’avais un peu peur, mais j’enseigne maintenant depuis un semestre et cela me plaît.*
Que peut-il dire de son expérience de professeur? *Les étudiants aiment bien ce que je fais; mon objectif est de leur transmettre ce que j’ai appris et je crois que j’y parviens. Ils mettent beaucoup de bonne volonté à apprendre.*
Tabares entend poursuivre ses études, faire une maîtrise ou un doctorat, et rester à l’Université pour y faire cours.
*CHEZ NOUS CELA AURAIT COÛTE TRÈS CHER*
Le corps professoral est d’un niveau élevé, mais les étudiants participent aussi à l’enseignement et contribuent à la formation de futurs spécialistes. Francisco Javier Uribe, étudiant de cinquième année, est entraîneur d’athlétisme.
*C’est une expérience très importante pour ma vie professionnelle; indépendamment de l’enseignement, j’ai connu ici beaucoup de camarades qui m’ont apporté leurs idées et leurs expériences. Ici, la plupart sont licenciés, certains ont même une maîtrise, et c’est cela qui fait le niveau, la qualité de l’école. Je suis très reconnaissant au président Fidel Castro pour ce geste de solidarité qui nous donné la possibilité de nous former. Chez nous cela aurait coûté très cher.*
A-t-il des perspectives d’avenir? Il se dit optimiste car *si on applique les connaissances acquises ici, on peut obtenir des résultats très positifs pour le sport dans le tiers monde.
Les équipes de l’École internationale de sport et d’éducation physique participent toujours aux Olympiades du sport cubain et aux jeux universitaires nationaux. Au plan interne, l’école compte des jeunes appartenant à des équipes ayant gagné une coupe de monde de football et une autre de basket-ball.
L’école envisage d’établir des échanges de coopération avec d’autres institutions universitaires, cubaines et étrangères.