Cameroun: La course effrénée aux stages
Source: Cameroon Tribune
3 août 2006
Eric Elouga
Les demandeurs d’emplois de vacances débordent largement l’offre.
En ressortant du bureau de Marceline Sena Mouelle, directeur de l’administration, de la réglementation et de la vie associative à la CUD, Aline Massoma arbore un large sourire. Dans la main droite de cette étudiante en Droit 2ème année à l’université de Douala, le document lui notifiant qu’elle pourra effectuer un stage à la Communauté urbaine. " La première fois que j’avais sollicité un stage de vacances en 2000, ça ne s’était pas très bien passé. Raconte la jeune étudiante. J’ai fait plusieurs demandes qui n’ont rien donné.
Depuis, j’avais carrément arrêté d’en chercher. ". D’où sa grande joie. D’autant que cette fois, elle n’avait ni piston, ni connaissance dans l’institution. Des éléments décrits par quelques camarades comme les indispensables conditions pour avoir un emploi – vacances. " C’est vrai que j’aurais préféré faire un stage dans un cabinet d’avocat, plus en rapport avec mon cursus académique. Mais ils ne prennent que les étudiants de niveau supérieur ", poursui t Aline Massoma. Mais à la CUD, c’est un mois d’occupation et un peu d’argent de poche de gagné. Une chance en laquelle, beaucoup de jeunes espèrent, sans trop y croire.
Pour beaucoup, c’est en effet devenu une réalité. Les stages, surtout de vacances (donc payants), tendent à se raréfier. Tant au niveau des structures qui en offrent, des places disponibles, que des voies d’accès. Constat que dresse Ivan E., étudiant en Sciences économiques et de gestion. Un stage effectué dans une société de transit en 2002, un autre aux Brasseries du Cameroun en 2003, et depuis plus rien. "
Dans certaines boîtes où des amis ont pourtant effectué leurs stages, on m’a répondu que cette année on n’en donnait plus. Dans d’autres, que les dossiers étaient bouclés depuis des mois. Et pour le reste, faute de parents cadres dans les sociétés que je recherchais une place, je n’ai pas pu avoir les rares places disponibles ", explique Ivan E. avec amertume.
La recherche des emplois de vacances obéit pourtant à une méthode minutieuse que nous ont expliqué des jeunes. D’abord, grâce à un tiers on recense les institutions, accueillant les vacanciers. Autant que possible, on essaie de coller l’objet de la structure à ses études, question d’augmenter le poids de son " CV ".
Et enfin, on cherche une connaissance susceptible d’introduire son dossier auprès de qui de droit. Mais malgré toutes ces précautions, tous nos interlocuteurs ont reconnu une réelle difficulté à obtenir les stages depuis quelques années. La faute à une conjoncture économique drastique qui amène nombre de structures à privilégier les stages académiques non payants. Et à l’impitoyable loi du " piston " qui continue à fortement prévaloir en la matière.