La France choisit ses immigrés
mercredi 30 novembre 2005,
Valentine Piedelièvre
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Les ministres ont adopté ce matin une série de mesures renforcant la sélection des étudiants étrangers et la lutte contre les mariages blancs
Le Comité interministériel de contrôle de l’immigration (Cici), présidé à Matignon par Dominique de Villepin, a décidé de nouvelles modalités de contrôle des étudiants étrangers et de lutte contre les fraudes au mariage.
La France est le troisième pays le plus attractif, derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, avec 50 000 nouveaux étudiants étrangers par an. "Il ne s’agit pas de contingenter les jeunes qui viennent faire leurs études ici mais de procéder à davantage de sélection avant l’entrée en France. Il faut faire en sorte que les meilleurs d’entre eux viennent chez nous et pas ailleurs", a-t-on insisté dans l’entourage du Premier ministre. Ainsi une circulaire va être envoyée aux ambassades françaises dans le monde fixant quatre critères supplémentaires pour l’obtention d’un visa étudiant: projet d’études, parcours académique et personnel, compétences linguistiques, état des relations bilatérales avec le pays d’origine. Pour faciliter également la sélection, le dispositif CEF (Centre pour les études en France), qui existe actuellement en Chine, au Maghreb, au Sénégal et au Vietnam, sera étendu à six pays: Mexique, Corée du Sud, Liban, Cameroun, Turquie, Madagascar. Les élèves à "fort potentiel" (mastères, grandes écoles…) pourront obtenir une carte de séjour de six mois pour travailler et s’installer en France. Il s’agit, via ces mesures, de tester sur les étudiants le concept d’"immigration choisie" lancé par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, qui entend l’étendre aux "actifs qualifiés" dans sa future loi sur l’immigration.
Surveiller les mariages et organiser le regroupement familial
Le gouvernement a décidé d’allonger de deux ans le délai de vie commune à l’issue duquel un étranger ayant épousé un Français peut demander une naturalisation. Cette période transitoire devrait donc passer de deux à quatre ans pour un couple résidant en France, et de trois à cinq ans pour les autres.
Le Cici s’est aussi prononcé pour l’allongement à deux ans – contre un an actuellement – de la durée de séjour en France à l’issue de laquelle un résidant peut faire une demande de regroupement familial. "Le regroupement familial est aujourd’hui la deuxième source d’immigration régulière après le mariage", a expliqué le Premier ministre. "C’est un droit garanti par la Constitution et les conventions internationales: il n’est pas question de le remettre en cause, mais de mieux l’organiser pour faciliter l’intégration des personnes concernées, car le regroupement est généralement le point de départ d’une installation durable en France", a-t-il insisté. Dominique de Villepin a aussi souligné qu’il fallait "être en mesure de vérifier le respect de la loi, qui interdit la polygamie dans notre pays".