Chômage au Mali, Désespoir chez certains jeunes
Source : Nouvel Horizon
http://www.afribone.com/article.php3?id_article=2343
23 novembre 2005
Les écoles maliennes sont devenues des centres formateurs de “grins”. Les différentes mairies n’ont plus besoin de s’inquiéter pour une éventuelle plantation d’arbre pour border les rues, d’autant plus que les jeunes bornés de désespoir se jettent à la recherche d’ombre où prendre le petit thé. Et pour satisfaire ce besoin d’autres se sont mis à planter des arbres devant leur porte espérant un jour avoir un abri pour le grin et non un travail.
Chaque année les écoles maliennes enregistrent des milliers et des milliers de sortants. Avec les cinq facultés constituant l’université et un grand nombre d’écoles professionnelles et institutions publiques et privées ; on peut dire que l’Etat malien doit se satisfaire d’une formation quantitative au vu du petit nombre d’opportunités de travail.
Pourtant ils sont les plus nombreux des jeunes sans emploi qui envahissent les rues, car ceux qui ne sont pas passés par l’école ont presque tous un métier, même-si celui-ci est généralement mal payé.
Et ceux qui sont formés pour être un jour les cadres du pays sont aujourd’hui communément appelés des <> (terme généralement choisi pour expliquer le mauvais tempérament des chômeurs).
S’il faut rester sur les bancs à ne rien faire que des études, sans apprendre, de métier, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte; et ensuite finir à la rue, la situation donne quand même à réfléchir.
Et le plus choquant est que le secteur privé ne joue pas le rôle qu’il doit pour aider le gouvernement à diminuer voire éliminer ces grins de la rue.
En vue de la politique de l’APEJ qui est une agence mise en place pour la promotion de l’emploi des jeunes; les entreprises privées doivent accepter, sans aucun problème, les jeunes comme stagiaires.
Si nous jetons un regard sur les annonces d’offres d’emplois, nous constatons que partout une expérience est exigée ; que ce soit pour les ONG ou les entreprises nationales ou internationales.
Il est très difficile d’accéder à un emploi sans expérience aucune. C’est le grand problème auquel les jeunes diplômés font face.
Or au Mali, nous savons que pour avoir un stage de performance auprès d’une entreprise, il faut au moins avoir un parent ou une connaissance au sein de la dite entreprise.
L’APEJ ne peut pas s’occuper de tous les jeunes diplômés chômeurs du Mali, il faut donc songer à sensibiliser les acteurs du secteur privé pour qu’enfin ils puissent ouvrir les bras à ces milliers de jeunes, leur expliquer aussi qu’un stagiaire n’est jamais inutile, encore moins nuisible.
Celui qui vous propose d’avoir vos services est forcément prêt à vous être utile ; il peut toujours recevoir de vous mais n’oubliez pas aussi qu’il peut vous apporter à tout moment.
En ce qui concerne les jeunes, nous devons tout mettre en oeuvre pour prouver que nous sommes ambitieux. Le temps qu’on passe au grin à se donner une mauvaise image dans la société, peut nous être utile en recueillant de l’expérience.
Il n’est pas forcément dit qu’il faut immédiatement avoir le fruit de ses études. Nous devons comprendre que passer la journée dans un lieu de travail n’est jamais une perte de temps comme beaucoup l’imaginent.
Un stage est toujours payant, en raison de l’expérience qu’on y acquiert. Nous ne devons pas perdre espoir, il ne faut jamais nous considérer comme des chômeurs, il faut toujours chercher quelque chose à faire afin d’avoir un bon moral.
Au lieu de dissiper nos connaissances acquises à l’école dans les grins, nous devons chercher à les étayer par une expérience professionnelle.
Bref, comme nous avons un Etat pauvre qui ne peut donner de l’emploi à tout le monde, le secteur privé, dans le souci de contribuer sa pierre dans l’édification du développement de notre pays doit se donner comme objectif une formation des jeunes diplômés qui un jour, n’ouvrira-t-elle pas les portes d’emploi ?
Babaye TOURE, Stagiaire
23 novembre 2005.