Elèves et étudiants burkinabè de Côte d’Ivoire : Retour au bercail dans la sérénité
jeudi 29 septembre 2005.
Ils sont de plus en plus nombreux, les élèves et étudiants burkinabè vivant en Côte d’Ivoire à regagner le sol de leur mère patrie afin de poursuivre leurs études. Pour faciliter l’insertion dans le tissu social burkinabè de ces jeunes qui découvrent (certains) pour la première fois leur pays, l’Association burkinabè des élèves et étudiants des universités et grandes écoles de Côte d’Ivoire a entrepris à leur endroit des actions de sensibilisation.
Joseph Ouédraogo et Aminata Nacoulma, deux jeunes Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire viennent de regagner pour la première fois le bercail après l’obtention du BAC, premier diplôme universitaire. Leur seul contact avec le Faso était des images de quelques minutes diffusées sur des chaînes de télévision, des reportages parus dans la presse écrite ou encore des photos de leurs parents. En Côte d’Ivoire où ils sont nés et y ont vécu jusqu’à présent, certaines mauvaises langues dressaient sans cesse et de manière fréquente, un tableau sombre et peu enviable de leur pays.
C’est ainsi que depuis leur jeune âge, ils ont vécu et grandi avec ces préjugés bien ancrés dans la tête, jusqu’au jour où après avoir obtenu avec brio le Baccalauréat ; ils décident de regagner Ouagadougou pour poursuivre leurs études à l’Université.
« Lorsque j’ai décidé de venir ici, je ne savais pas à quoi ressemblait mon pays. Mais je fus agréablement surpris de constater, depuis la frontière de Dakola qu’on m’avait intoxiqué avec de fausses informations tendant à me faire croire que le Burkina était le dernier pays au monde avec une population qui vivait à une autre époque. Je fus très heureux de contempler le spectacle combien fascinant de Ouagadougou la nuit avec ses nombreuses lumières et surtout les retenues d’eau que j’ai aperçues en venant de Pô », déclare Joseph Ouédraogo.
Aminata Nacoulma quant à elle a dû balayer du revers de la main les assertions d’une de ses camarades ivoiriennes qui affirmait de manière péremptoire qu’il n’y avait pas match entre Abidjan et Ouagadougou.
« Mais mes premiers pas dans Ouagadougou me permettent d’oser une comparaison », soutient Aminata avec une conviction ferme.
Le cas de ces deux nouveaux bacheliers n’est pas isolé car en Côte d’Ivoire, il y a beaucoup d’enfants burkinabè qui n’ont jamais découvert leur pays. L’Association burkinabè des élèves et étudiants des universités et grandes écoles de Côte d’Ivoire veut changer cette situation. Créée depuis 2000, elle a jeté ses bases pour être un pont entre la Côte d’Ivoire et le Burkina. Elle a déjà organisé des voyages d’études et de découverte au profit des élèves et étudiants burkinabè de Côte d’Ivoire, des conférences, la nuit de l’étudiant burkinabè et initié des tournées à l’intérieur de la Côte d’Ivoire pour donner des informations aux futurs bacheliers sur les filières existantes à l’Université de Ouagadougou et les grandes écoles.
Hospitalité légendaire
Ces jeunes Burkinabè, communément appelés « Diaspo », une fois de retour dans leur pays, sont bien accueillis par leurs frères comme le témoignent ces propos de Brahima Tamboura, étudiant en première année à l’UFR/Sciences exactes et appliquées. « Ce qui m’a beaucoup marqué à mon arrivée, c’est l’hospitalité de mes frères burkinabè. A mon arrivée à Ouagadougou, je ne connaissais personne. Je n’avais que l’adresse d’un ami de mes parents. J’ai pu dès mon arrivée dormir dans une chambre de la cité universitaire de Zogona. Avec les étudiants qui y étaient, l’ambiance était bonne et j’ai eu l’impression qu’on se connaissait depuis longtemps ».
L’Association, avec l’aide de certaines bonnes volontés trouve des endroits où loger « ces diaspos ». Ces derniers qui ont été façonnés dans le moule ivoirien veulent vivre en parfaite symbiose avec leurs frères.
« Les élèves et étudiants reviennent au pays non pas parce que la Côte d’Ivoire traverse une période de crise mais parce que ce retour était programmé depuis longtemps. La guerre en Côte d’Ivoire a peut-être précipité les choses et c’est en cela que je dis qu’à quelque chose malheur est bon », selon Augustin Ouédraogo, membre actif de l’Association.
Pour l’heure, les nouveaux bacheliers sont en attente de leur orientation dans les différentes UFR. Ils reconnaissent que certains documents, difficilement trouvables leur sont demandés dans la constitution des dossiers d’attribution des chambres à la cité universitaire. Ils souhaitent bénéficier de certains allégements.
Romaric DOULKOM ([email protected])
Sidwaya