VISA POUR L’ESPACE SCHENGEN : L’assurance-voyage obligatoire

VISA POUR L’ESPACE SCHENGEN : L’assurance-voyage obligatoire
Les Etats de l’espace Schengen ont rendu public, en début de semaine, un communiqué exigeant des demandeurs de visa de court séjour la présentation d’une assurance-voyage suffisamment provisionné pour les couvrir en cas de maladie ou de décès lors de leur séjour en Europe. C’est un nouveau et juteux marché qui s’ouvre pour les compagnies d’assurance.

L’information a été donnée, par voie de presse, par l’ambassade des Pays-Bas, pays qui assure, en ce moment, la présidence du conseil de l’UE. A compter du 1er juin, en plus de la paperasserie et des conditions habituelles, toute personne désirant obtenir un visa, pour un court séjour dans un des pays européens concernés par l’Accord de Schengen, devra désormais compléter sa demande par une assurance-voyage en bonne et due forme. Celle-ci doit couvrir les frais médicaux et hospitaliers occasionnés au voyageur par une maladie ou un accident, ou encore son rapatriement comme malade ou personne décédée. Ceci avec un capital garanti d’au moins 30.000 euros. Pas très loin de 20 millions de francs CFA !

ASSUREURS ET DEMANDEURS PRIS AU DÉPOURVU

Déjà applicable à nombreux ressortissants étrangers se rendant en Europe, cette mesure est ainsi élargie, notamment aux Sénégalais. L’assurance exigée est souscrite ici même au Sénégal ou, en cas d’impossibilité, dans tout autre pays. Pour une personne invitée, elle peut aussi l’être en Europe, par l’hébergeant, au nom du demandeur de visa. L’assurance-voyage doit, dans tous les cas, être valable sur l’ensemble du territoire des États qui appliquent les dispositions de la Convention de Schengen et pendant toute la durée du séjour de la personne concernée dans cet espace.

La preuve de l’assurance-voyage sera demandée au moment de la délivrance du visa à son demandeur et est exigée à toute personne, quelle que soit sa fonction. Aucune forme de dérogation n’est prévue. Pour l’instant, à l’ambassade de France, on explique par ailleurs que les séjours de longue durée ne sont pas visés par la nouvelles mesures, puisque les personnes concernées, qui sont des travailleurs ou des étudiants en règle, sont déjà obligatoirement couvertes par une assurance.

La disposition sur les courts séjours résulte de la décision du conseil de l’Union Européenne du 22 décembre 2003, consistant en la mise en œuvre d’une politique commune de délivrance des visas. Mais l’application de cette mesure, qui intervient ainsi abruptement, quelque six mois après son adoption, a pris au dépourvu aussi bien les demandeurs de visa que les assureurs censés leur délivrer le sésame requis.

Sur la place de Dakar, les candidats au voyage n’ont de cesse d’appeler les compagnies et leurs courtiers, s’ils ne se rendent pas à leurs guichets, pour s’enquérir du montant de la prime à payer pour obtenir l’assurance exigée. Non sans râler et pester contre ceux-là qui, derrière les ambassades et consulats, useraient de tous les artifices pour les empêcher de débarquer sur le vieux monde.

Les compagnies d’assurances sont rares à être prêtes pour répondre immédiatement à la nouvelle donne introduite par cette assurance-voyage toute particulière exigée par les Européens. Certains de leurs administrateurs déplorent n’en avoir été informés que par voie de presse, en même temps que ceux qu’ils doivent assurer. Si d’autres ont reçu une notification ou une demande de propositions, c’est il y a à peine quelques jours.

Or, il leur faut, dans tous les cas de figure, prendre le temps d’étudier le dossier pour être à même de faire aux assurés potentiels des offres de prime à souscrire qui tiennent tout à la fois compte des capacités financières de la moyenne des demandeurs et du taux de couverture porté au minimum à 30.000 euros (19.678.710 francs CFA précisément) par les autorités européennes. Les « soins médicaux et hospitaliers d’urgence », dont la prise en charge est introduite par la disposition nouvelle, est aussi un paramètre contraignant de taille.

Comme rappelé par cet assureur, l’assurance-voyage n’est, en fait, pas un produit nouveau sur le marché sénégalais. Avant son exigence officielle par les Européens, nombre de Sénégalais la souscrivaient, de leur propre chef, pour se couvrir des risques d’accident corporel sur leur trajet vers l’extérieur et dans leur pays de destination. Selon les informations fournies, la prime qu’ils payaient variait entre 7.000 et 16.500 francs pour un capital garanti entre 500.000 et 2.000.000 de francs CFA chez certains assureurs. Il pouvait atteindre ou dépasser 5 millions de francs CFA chez d’autres.

DEBOURSER PAS MOINS DE 20 MILLIONS DE F. CFA ?

Ce capital permettait, suite à un accident, la couverture des frais médicaux et pharmaceutiques de l’assuré, son rapatriement en cas d’invalidité ou de décès. Avec, bien entendu, des variantes suivant les compagnies et les conditions de souscription de l’assurance.

Ce que la disposition européenne introduit de nouveau, c’est d’abord le caractère obligatoire de l’assurance-voyage vers toutes les destinations de l’espace Schengen, ensuite « les soins médicaux et hospitaliers d’urgence » et enfin la multiplication par 40 du montant minimal de la couverture exigée.

Et c’est ce dernier point qui fait enrager les candidats au voyage demandeurs du visa Schengen. Ils sont nombreux à croire – à tort – qu’en plus de la paperasserie jusque-là demandée et des conditions assez pénibles dans lesquelles leurs dossiers sont traités, ils doivent maintenant débourser pas moins de 20 millions de francs CFA par personne pour pouvoir décrocher le sésame qui leur ouvrira les portes de l’Europe. Il faut comprendre que cette somme est le montant minimal que l’assureur, qui acceptera de couvrir un voyageur, devra débloquer, pour sa prise en charge, si jamais il lui arrivait malheur dans l’espace Schengen. C’est le paiement d’une prime bien moindre qui lui donnera le bénéfice de couverture.

Mais quel sera le montant de cette prime ou souscription ? Tout en se gardant d’aller vite en besogne, les assureurs interrogés estiment qu’elle ne devrait pas dépasser 30.000 francs CFA par personne. « Nous sommes sûrs que les demandeurs accepteront de payer n’importe quelle prime d’assurance que nous leur proposerons, car l’important pour eux c’est d’obtenir le visa Schengen. A tout prix. Mais nous serons modérés dans nos offres, car ce n’est pas parce qu’ils ont le dos au mur que nous allons les acculer », assure-t-on du côté des compagnies.

Les assureurs sont nombreux à considérer la disposition européenne comme salutaire pour les demandeurs de visas qui se bousculent du matin au soir devant les ambassades et consulats européens. « Il ne faut pas laisser ces gens-là partir à l’aventure, sans aucune couverture. Cette assurance avec le minimum de capital garanti fixé par les Européens mettrait un terme aux problèmes généralement rencontrés quand, par malheur, il faut faire face aux problèmes que posent nos compatriotes quand ils subissent un accident ou décèdent à l’étranger » ; fait remarquer un assureur. Mais il faut aussi noter que c’est un gros marché qui est en train de s’ouvrir pour lui et ses confrères. Et dans les compagnies de la place, on commence déjà à se frotter les mains…
AMADOU FALL
Source : http://www.lesoleil.sn

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