Rapport : La Tunisie reprend des centaines de migrants piégés dans la zone frontalière avec la Libye
Un rapport publié par le Toronto Star révèle que des centaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont été renvoyés en Tunisie après avoir été poussés dans un dangereux no man’s land à la frontière libyenne et y avoir été piégés pendant une semaine sans avoir accès aux produits de première nécessité. Cet incident s’est produit dans un contexte de tensions anti-migrants et de racisme dans la ville portuaire tunisienne de Sfax, qui est une plaque tournante pour les trafiquants qui organisent des voyages en bateau risqués et parfois mortels à travers la mer Méditerranée pour rejoindre l’Italie.
Le sort de ces migrants et leur situation dans la région frontalière entre la Tunisie et la Libye ont suscité l’inquiétude des groupes humanitaires internationaux et soulevé des questions sur les politiques migratoires de la Tunisie. Cette situation survient également après que l’Union européenne a offert à la Tunisie un milliard de dollars pour aider son économie en déclin et pour renforcer ses services frontaliers afin d’empêcher les bateaux de migrants de traverser vers l’Europe.
Un homme de 29 ans originaire de Côte d’Ivoire, qui faisait partie des personnes piégées dans la zone frontalière, a décrit les conditions désastreuses auxquelles elles étaient confrontées. Il a déclaré qu’environ 600 migrants subsahariens avaient été pris au piège dans la zone située entre la Méditerranée et la frontière terrestre tuniso-libyenne, près de Ben Guerdane. Il a accusé la garde nationale tunisienne de maltraiter les migrants, de les battre “comme des animaux, comme des esclaves” et d’agresser les femmes du groupe. Les forces de sécurité libyennes présentes à la frontière auraient également tiré des coups de feu en l’air pour tenir les civils à distance.
Sous la pression des organisations humanitaires, le président tunisien Kais Saied a ordonné au Croissant-Rouge tunisien d’apporter de l’aide aux migrants. Le chef du Croissant-Rouge tunisien, Abdellatif Chabou, a déclaré que l’organisation avait fourni de la nourriture et de l’eau aux migrants et leur avait permis de contacter leurs familles. Certains migrants ayant besoin d’une aide médicale, dont une femme enceinte, ont été transférés dans un hôpital local.
L’Observatoire tunisien des droits de l’homme a indiqué qu’un total de 450 migrants de la zone frontalière étaient progressivement transférés vers diverses régions de Tunisie. Ces migrants n’avaient pas accès à des installations sanitaires de base et étaient exposés à une chaleur extrême sans abri.
L’Organisation internationale pour les migrations travaille avec les autorités tunisiennes pour assurer une assistance humanitaire et a appelé la Tunisie à respecter la dignité et les droits de tous les migrants. La Ligue tunisienne des droits de l’homme a demandé la création d’un centre de crise pour répondre aux tensions à Sfax. Toutefois, Nejib Chebbi, homme politique de l’opposition, a accusé les autorités d’attiser les préjugés et d’expulser les migrants sur la base de leur race, déclarant qu’il s’agissait d’une honte et que cela resterait une page sombre de l’histoire de la Tunisie.
Dans l’ensemble, ce rapport met en lumière le sort des migrants piégés dans la région frontalière entre la Tunisie et la Libye et souligne la nécessité d’une action urgente pour remédier à leur situation et protéger leurs droits.