Quand je suis arrivée en France, en 1996, j’avais 16 ans. Sénégalaise issue d’une famille très engagée dans la lutte pour les indépendances, j’avais été élevée dans un rapport intransigeant avec la France, mais aussi dans la passion de sa langue.
C’est en arrivant en France que j’ai pris conscience de ce que cela représentait d’être Noire. Je fis l’expérience du racisme ordinaire. Ou, plus exactement, des racistes ordinaires : ceux qui ouvertement se défient de vous parce que vous êtes Noire et ceux qui croient avoir dépassé tous les préjugés, mais les nourrissent encore sans le savoir, presque sans y penser. Mais ce racisme-là, qu’il soit explicite ou impensé, n’était jamais validé par la société ni par les institutions françaises. SUITE