LU SUR LE NET –
Le gouvernement va ouvrir une concertation en janvier pour tenter de sortir du débat dans lequel il s’est embourbé. Les contestations liées à la hausse des droits d’inscription des étudiants étrangers non européens se sont multipliées depuis les annonces d’Edouard Philippe, mi-novembre.
Il faut « déshystériser le débat » sur les droits d’inscription des étudiants étrangers, confie un haut responsable. Edouard Philippe avait annoncé, le 19 novembre, qu’ils paieraient dès septembre prochain 2.770 euros pour la licence (au lieu de 170 euros aujourd’hui) et 3.770 euros pour le master et le doctorat (contre 243 euros pour le master et 380 euros pour le doctorat). Depuis, la contestation n’a cessé de s’amplifier : après les syndicats étudiants, les présidents d’université et plusieurs personnalités – Alain Juppé, Anne Hidalgo, Jack Lang -, la colère a gagné les rangs de la majorité. Onze députés LREM, parmi lesquels Aurélien Taché, Matthieu Orphelin, Hugues Renson et Guillaume Chiche ont écrit à la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. La hausse va, selon eux, empêcher un nombre important d’étudiants d’origine modeste de venir étudier en France.
Concertation
Les annonces de Frédérique Vidal – étudiants déjà en France et doctorants bénéficiant de contrats doctoraux ne seront pas concernés – n’ont pas apaisé les contestations. La ministre va ouvrir une concertation en janvier. Les conclusions sont attendues mi-février.
Le gouvernement va-t-il reculer ? « Tous ceux qui s’imaginent que le gouvernement peut lâcher sur ce sujet font une énorme erreur, confie un proche du dossier. Il y a eu, dès le départ, un arbitrage d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe sur lequel il n’y a jamais eu l’ombre d’une hésitation. » La concertation porte sur les conditions d’accueil, sur leur amélioration et sur la politique d’exonérations des établissements, mais pas sur le montant ni sur le principe des droits, a affirmé la ministre. Frédérique Vidal dit vouloir augmenter le nombre d’étudiants internationaux en France – de 324.000 à 500.000 d’ici à 2027 – en « identifiant ceux qui seront en capacité de contribuer à un système redistributif qui permettra un meilleur accueil pour tous ». En clair, certains étudiants vont devoir payer pour d’autres. « Il y a une demande de France », assure-t-elle.
« Moduler » la hausse des droits
Le gouvernement envisage de laisser chaque établissement construire sa stratégie. Il y aurait bien un décret, qui confirmerait la dimension « obligatoire » de la hausse annoncée par le Premier ministre, mais il serait mis en oeuvre avec une souplesse telle que les établissements pourraient appliquer ou non l’augmentation, la faire peser sur certains étudiants et pas sur d’autres. Un président d’université bien informé prédit « une mesure globale avec deux niveaux de droits et, entre les deux, une liberté pour chaque université de faire ce qu’elle veut ». Les établissements pourraient ainsi « moduler » la hausse : « conclure une convention particulière avec une université marocaine et une autre avec une université américaine, avec des propositions différentes ».
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« Les chemins des transformations doivent être pensés par leurs acteurs, indiquait Frédérique Vidal, la semaine dernière, devant la Conférence des présidents d’université (CPU). La marche vers l’autonomie des universités doit se poursuivre. Cela veut dire, pour le ministère, de ne pas tout contrôler, de ne pas tout décider, de ne pas rentrer dans le détail de tout, mais faire confiance aux universités et aux écoles et reconnaître qu’in fine, c’est à elles qu’il revient de faire. »
27/12/2018 – Marie-Christine Corbier
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