La classe africaine (1). Le pays, qui consacre 27 % de son budget à l’éducation, a construit 44 universités publiques en quelques années. Au risque de sacrifier la qualité de l’enseignement.
Awoke Belay garde le sens de l’humour. Début janvier, deux jours avant l’arrivée des premiers étudiants de l’université de Debark, dans le nord de l’Ethiopie, un transformateur électrique a explosé, l’un des dortoirs n’est pas encore meublé et les rayons de la bibliothèque sont clairsemés. « Bienvenue dans notre université rurale ! », s’exclame son vice-président dans un éclat de rire.
Bientôt, environ 1 500 étudiants venus de toute l’Ethiopie se promèneront sur le campus, une vaste étendue poussiéreuse parsemée de milliers d’acacias qui s’étire sur plus de 200 hectares. Ils suivront des cours d’agriculture, de tourisme, d’économie, de sciences sociales et de sciences naturelles, à quelques kilomètres du parc national du Simien, un site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et connu notamment pour ses colonies de babouins gelada.
Dans cinq ans, il devrait y avoir 10 000 étudiants dans cette ville de plus de 100 000 habitants. Pour l’heure, les ouvriers achèvent les travaux. Ils ont construit 22 bâtiments en moins de quinze mois pour la première phase du projet, qui coûte 580 millions de birrs (environ 17 millions d’euros). « C’est un bon rapport qualité-prix, jure l’ingénieur Erizik Wodaje, 40 ans, chef de projet. Bien sûr, les salles de classe ne sont pas luxueuses. » SUITE