En Guinée, cela fait tout juste huit ans, ce jeudi 28 septembre 2017, que plus de 150 personnes ont été massacrées et plus de 100 femmes violées dans un stade de Conakry. C’était en 2009. Ce massacre et ces viols avaient été perpétrés par des éléments des forces de sécurité guinéennes. Depuis, une enquête a été ouverte. En 2010, elle a connu des avancées notables, mais elle n’est toujours pas finalisée. C’est ce que déplorent plusieurs associations de défense des droits de l’homme, comme Amnesty ou Human Rights Watch, ainsi que l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre 2009.
Le problème aujourd’hui, c’est que l’enquête est toujours en cours. Il semble donc difficile de pouvoir envisager un procès dans les prochains mois. En effet, tant que les juges d’instruction n’auront pas clôturé cette enquête, jusqu’à présent, on reste dans ce que l’on appelle la phase d’instruction, les magistrats ne peuvent pas renvoyer le dossier jusqu’au tribunal criminel et donc le procès ne peut pas s’ouvrir.
L’enquête a commencé en 2010, et depuis son ouverture, il faut noter des avancées, notamment ces deux dernières années. Une dizaine de hauts responsables de l’époque ont été inculpés dont Moussa Dadis Camara, le chef de la junte au pouvoir en 2009 et Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba, son aide de camp qui lui est actuellement en détention provisoire dans la prison de Conakry.
Mais il reste, au moins, un responsable qui n’ont pas été ni inculpé ni entendu. C’est le général Sékouba Konaté, ministre de la Défense de l’époque. Il vit actuellement en France. Conakry assure avoir envoyé une commission rogatoire à Paris pour permettre aux juges d’instruction guinéens de l’auditionner. Cette étape risque de prendre du temps.
Le ministre de la Justice, Cheikh Sakho, avait pourtant assuré sur l’antenne de RFI que le procès s’ouvrirait courant 2017 et le temps presse. En 2018, les élections locales puis les élections législatives sont programmées. En 2020, ce sera la présidentielle. On imagine qu’organiser de front une série d’élections et un procès sensible, car on juge un ancien chef d’Etat, pourra être difficile pour les autorités. SUITE