Elles avaient été bannies de l’école pour être tombées enceintes durant l’épidémie d’Ebola en Sierra Leone: 5.000 jeunes filles et fillettes ont repris le chemin des classes, laissant toutefois derrière elles des camarades moins chanceuses.
La nouvelle a été annoncée jeudi par le ministre de l’Education Brima Turay à l’AFP: “Elles ont commencé les cours en janvier, durant l’année scolaire, mais nous regardions leurs performances avant d’en faire part et je suis heureux de dire qu’elles font des progrès remarquables et au-delà de nos attentes”.
Ces écolières, dont certaines étaient au primaire quand elles sont tombées enceintes, ont été réintégrées après avoir été exclues du système scolaire classique par crainte d’une “influence négative” sur les autres élèves, selon les termes du ministre.
Toutes les écoles avaient été fermées entre juin 2014 et avril 2015 dans le cadre des efforts du gouvernement pour freiner la propagation du virus Ebola, qui a tué près de 4.000 personnes dans le pays.
Les enfants, et notamment les fillettes et jeunes filles, se sont parfois retrouvés livrés à eux-mêmes durant cette période. Pour le représentant local d’Amnesty International, Solomon Sogbandi, nombreuses parmi les milliers de filles n’allant donc plus à l’école “ont été victimes d’hommes ayant de l’argent ou de garçons habitant près de chez elles”.
Une étude récente menée conjointement par trois ONG (Save the Children, Plan et World Vision) estimait que 10% des enfants entre 7 et 18 ans “étaient vulnérables dans leurs communautés et ont été contraints à des rapports sexuels pour aider leurs parents à payer la nourriture et le logement”.
Lorsque les écoles ont rouvert, les filles ont été évaluées à l’aide des méthodes invasives pour vérifier si elles étaient enceintes ou si elles avaient récemment donné naissance à un enfant.
Kadie, en troisième année d’école secondaire dans le sud du pays, a raconté à l’AFP l’examen qu’elle a subi: “Mes seins ont été pressés pour voir s’ils contenaient du lait avant qu’on me permette de reprendre les cours”.
Si à l’inverse il était découvert qu’il y avait ou avait eu grossesse, les élèves n’avaient d’autre choix que d’aller dans des centres de rattrapage où elles avaient droit à des classes alternatives temporaires financées par les gouvernements britannique et irlandais.