Entre Kiev jeudi et Moscou vendredi après-midi, François Hollande a tenu à faire un crochet de 4500 kilomètres pour recevoir, vendredi matin à Bercy, plusieurs chefs d’État, des dizaines de ministres et de patrons conviés à un forum franco-africain. Les piliers de l’Afrique – le Gabonais Ali Bongo, l’Ivoirien Alassane Ouattara ou le Sénégalais Macky Sall – étaient au rendez-vous. L’homme du jour n’était pourtant pas un chef d’État mais un chef d’entreprise. Le Franco-Béninois Lionel Zinsou a lancé officiellement la Fondation AfricaFrance qu’il préside, dont le principe avait été décidé lors d’un précédent sommet, fin 2013 à Paris.
Au moment où la France perd des parts de marché sur un continent fort d’une croissance économique de 5 % par an, AfricaFrance veut mobiliser la société civile, entreprises et collectivités locales, à côté des États autour de trois programmes centrés sur la formation de chefs d’entreprise et de dix «clubs sectoriels». Exemple: les groupes Mars et Danone ont déjà contribué à un fonds de 120 millions d’euros pour investir dans l’agriculture familiale à travers tout le continent. Un secteur qui manque chroniquement de capitaux, souligne Lionel Zinsou. Fondateur du fonds d’investissement PAI Partners, cet ancien conseiller de Laurent Fabius et du président du Bénin présente AfricaFrance comme «un réseau social» «capable de porter les projets et les entreprises». AfricaFrance travaille avec la fondation de Jean-Louis Borloo qui vise à électrifier tout le continent dont, rappelle-t-il, trois habitants sur quatre n’ont toujours pas le courant. François Hollande a au passage «appuyé» l’initiative de l’ancien ministre de l’Écologie de Nicolas Sarkozy, un homme selon lui «capable de tout déplacer».
Crédits trop chers
Le chef de l’État a pour sa part confirmé un engagement de la France à hauteur de 1 milliard d’euros pour les nouvelles technologies et la transition énergétique en Afrique qui s’ajoutera au milliard que la France apportera pour le climat. François Hollande a aussi annoncé la création d’une «banque de l’exportation». Il ne s’agit pas d’un nouvel établissement mais d’un mécanisme, adossé à la Société de financement local (SFIL, la banque des collectivités locales), qui permettra de réduire le coût de financement des grands contrats (centrales nucléaires, métros, ventes d’armes). Les crédits proposés par les entreprises françaises à leurs clients étrangers pour les gros contrats restent encore trop chers par rapport à la concurrence, explique-t-on à Bercy. Cette «banque de l’exportation» s’adressera à l’Afrique et au reste du monde.
Source: Le Figaro