Après avoir été défaite ce week-end dans le nord du pays, l’armée camerounaise a sorti l’artillerie lourde. L’ampleur de l’attaque de Boko Haram comme de la contre-offensive marque un tournant dans la lutte contre ce groupe terroriste.
Le groupe terroriste Boko Haram a franchi un nouveau palier dans la violence. Pour la première fois, les combattants de la secte ont pris, lundi, une localité du Cameroun : Achigachia, un village situé à la frontière avec le Nigeria, base de Boko Haram. Dans une impressionnante contre-offensive, l’armée camerounaise a repris la localité.
“Des drones et des hélicoptères de l’aviation camerounaise ont, pour la première fois depuis cette guerre, pris part aux combats. L’armée a ainsi repoussé les assaillants, arraché le drapeau noir aux écritures blanches, symbole de l’Etat islamique”, raconte le quotidien Mutations.
Le Nigeria semble avoir abandonné le combat
D’une plume rude, l’éditorialiste du journal, Xavier Messè, accuse : “Il n’y a plus aucun doute : le Cameroun est en guerre totale contre Boko Haram. Il est en guerre seul contre un ennemi qui lui impose une guerre asymétrique. Cet ennemi égorge des civils, arrache le bétail aux paysans, détruit les produits agricoles avant de frapper les forces de défense nationale par surprise et de disparaître si possible dans la nature. Le pays qui devrait être au front du combat, parce que pays d’origine de Boko Haram – le Nigeria –, semble avoir abandonné l’Etat du Borno, à la frontière avec le Cameroun. Le gouvernement central du Nigeria s’est retiré à plus de 160 kilomètres à l’intérieur de son territoire, laissant le champ libre à Boko Haram, qui pavoise sur un terrain conquis. Il se donne ainsi une zone de repli dans une totale impunité, après avoir frappé en territoire camerounais. Pourtant, s’il y avait un engagement du côté nigérian, Boko Haram serait mis à l’étau depuis longtemps.”
L’armée camerounaise poursuit son opération. Elle a perdu quatre éléments. Huit autres sont portés disparus.
Boko Haram : deux mots qui ont le mérite de bien résumer le programme de l’organisation. Ce néologisme haoussa, langue la plus parlée au nord du Nigeria, signifie “l’Occident est impur”. L’organisation a été fondée en 2002 par Mohamed Yusuf, un prédicateur radical de Maïduguri, capitale du Borno [Etat musulman situé dans l’extrême nord de la fédération du Nigeria]. Mais ce n’est qu’en 2009 que Boko Haram se signale par des attentats meurtriers. Le gouvernement nigérian réagit. En juillet, l’armée lance une opération militaire contre la secte. Mohamed Yusuf est tué. L’Etat nigérian croit avoir décapité le mouvement. En vain ! Depuis, l’organisation s’est radicalisée, semant de nouveau la terreur dans le pays. Boko Haram est notamment très implantée dans le nord du pays – essentiellement musulman – et réclame l’application de la charia. (La fédération dans son ensemble est composée pour moitié de chrétiens et d’animistes.) “L’émergence de Boko Haram traduit la maturation d’impulsions extrémistes ancrées de longue date dans la réalité sociale du nord du Nigeria” explique l’analyste Chris Ngwodo dans la revueThink Africa Press.
Source: http://www.courrierinternational.com/
31/12/2014