Francophonie : L’éducation au cœur des préoccupations
Le Soleil – [23/01/06]
La 3e session du Haut conseil de la Francophonie vient de se tenir au Centre international des conférences de Kléber, à Paris 16e. Ouverte par le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, cette rencontre qui a eu pour thème « Education et Francophonie » a été sanctionnée par un communiqué final dans lequel les participants dont des sommités et anciens ministres se sont dits « préoccupés par la situation critique qui perdure dans les régions les plus défavorisées de la Francophonie avec 60 % d’analphabètes chez les plus de 15 ans, notamment en Afrique ».
Les membres du Haut conseil ont proposé que la Francophonie mette en œuvre son expertise et renforce sa coopération dans les domaines que sont la refondation des systèmes éducatifs africains, dont la dégradation compromet l’avenir du français et de la Francophonie dans le monde ; l’articulation des langues locales et du français (selon l’approche dite de « pédagogie convergente ») pour améliorer l’acquisition des connaissances, y compris celle de la langue française, le recours plus systématique aux moyens modernes de communication tant pour la formation initiale que la formation tout au long de la vie. Il y a aussi le domaine du développement de programmes de bourses sur le modèle de l’Erasmus européen. Ce système permet de faciliter la circulation des étudiants dans l’espace francophone et ainsi renforce les échanges entre eux et l’aide à apporter aux Etats du Sud pour un accès plus large et efficace aux financements internationaux.
Aussi, les membres du Haut conseil ont-ils demandé au Secrétaire général de la Francophonie que leurs recommandations nourrissent la réflexion des chefs d’Etat et de gouvernement qui se réuniront à Bucarest, en Roumanie, en septembre 2006 lors du XIe Sommet de l’Oif consacré aux Technologies de l’information dans l’Education. Durant ces assises ouvertes et clôturées par Abdou Diouf, qui préside le Haut conseil et animés par Boutro Boutros-Ghali, vice-président du Hcf, les travaux se sont déroulés autour de trois thèmes de débat que sont « Le partenariat entre le français et les langues nationales », « La Francophonie doit-elle limiter son action à l’espace francophone ? » et « La Francophonie et les coopérations internationales ».
Selon les conclusions des travaux de Paris, le Hcf a décidé d’appuyer le projet de création, à Bucarest, d’une université francophone à vocation régionale, projet présenté par Emil Constantinescu, membre du Hcf et ancien président de la Roumanie, et Cristian Preda, secrétaire d’Etat roumain à la Francophonie. L’ensemble des membres présents soutient également l’initiative présentée par Mary Robinson, membre du Hcf et ancienne présidente d’Irlande, pour le droit à la santé, « droit fondamental de la personne humaine ».
Dans son discours, Abdou Diouf a rappelé « qu’après le thème de la diversité culturelle en 2004 et celui de la démocratie et des droits de l’Homme en 2005, c’est aujourd’hui la question fondamentale de l’Education sur laquelle vous allez vous pencher ».
Avant d’évoquer ce thème, poursuit-il, « je voudrais profiter de notre rencontre pour revenir sur l’année écoulée et vous rendre compte du travail que nous avons accompli en vous rappelant que la Francophonie vient de franchir quelques étapes importantes ».
Selon M. Diouf, le premier événement marquant de cette année aura été l’adoption par la Conférence générale de l’Unesco de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. « Vous savez combien la Francophonie s’est mobilisée sur cette question et combien elle a fortement contribué à ce projet. A la session de 2003 du Haut conseil, vous aviez, vous-mêmes, recommandé que les œuvres de culture ne soient pas soumises aux lois du marché », a rappelé M. Diouf. Il a ajouté : « vous nous avez soutenus, vous nous avez aidés et stimulés : aussi est-il juste que vous soyez associés à cette victoire et à notre satisfaction. Même s’il ne faut pas relâcher nos efforts, tant que la ratification nécessaire du plus grand nombre d’États signataires possible ne sera pas acquise ».
« Vos conclusions et vos suggestions nous aideront à élaborer et à valider les nouvelles orientations qui s’imposeront à l’occasion de notre prochain sommet, puisque le thème de ce sommet portera justement sur l’Education, sous l’angle des Technologies de l’information et de la communication », a enfin déclaré le Sg de l’Oif.
ABDOULAYE THIAM, ENVOYE SPECIAL A PARIS