Les établissements de la région du Nord-Ouest Cameroun ont pour la plupart adopté des règles qui permettent d’instaurer la discipline et de marquer la différence entre élèves et enseignants.
Dans les régions francophones du Cameroun, à l’instar de Yaoundé, la capitale politique du Cameroun, il existe de nombreux établissements anglophones et aussi bilingues. En dehors de la langue qui fait toute la différence entre ces deux systèmes anglophone et francophone, un autre aspect permet de démarquer les élèves francophones de ceux du système anglophone.
Le système francophone est plus flexible et permet de varier coiffure, vêtements au-dessus de l’uniforme comme les pull-overs, mais aussi les chaussures des élèves dépendent des moyens de chacun. Pour savoir qu’un élève est d’expression anglophone, surtout chez les filles, il suffit de bien observer sa coiffure. Les élèves d’expression anglophone ont tous des cheveux coupés bien courts (ceci implique aucune fantaisie telles que le défrisage, les coupes extravagantes), des pull-overs de couleurs uniformes dont la couleur est choisie par la hiérarchie de l’établissement, même la barbe est interdite chez les garçons dont ils doivent la raser.
Certaines écoles anglophones ajoutent à cela les chaussettes uniformes de couleur blanche de préférence et des chaussures noires. Pour certains qui ne sont pas habitués au système il s’agit «du manque d’argent qui ne permet pas à ces filles anglophones de se tresser, elles préfèrent se couper les cheveux et cela coûte moins cher» et pour d’autres «c’est juste pour se démarquer des autres, donc faire la différence».
Pourtant d’après Mr. Chick C Tah, surveillant général du Government Technical High School (GTHS) de Nkwen à Bamenda, la décision de se couper les cheveux chez les filles comme chez les garçons part du fait que «l’élève au sein de l’établissement est un élève et en tant que tel il doit être propre. Se couper les cheveux lui permet de les peigner et de les entretenir facilement. Aussi il doit se raser la barbe en ce qui concerne les garçons pour que l’on marque la différence entre l’enseignant et lui. La barbe marque une certaine maturité et au sein de l’établissement, cette maturité est accordée à l’enseignant. Aussi le fait de se tresser pour les filles leur fait perdre du temps et de l’argent qu’elles n’ont pas et qu’elles devraient utiliser pour étudier ou acheter des livres importants pour leur formation. Vous avez des coiffures qui prennent 3 à 4h pour être réalisées pour une élève c’est une perte de temps. L’établissement est un lieu où tout le monde est égal entre élève et on ne saurait créer des différences. C’est pour tant de raisons que cette décision a été prise».
Ces restrictions ne sont appliquées en majorité que dans les établissements publics, quant aux établissements privés, il n’est pas rare de voir des élèves avec des cheveux, des mèches sur la tête en guise de coiffure et sans que cela ne gène personne.
Le fait étant qu’il n’y a pas de règle sans exception, on retrouve aussi dans ces mêmes établissements privés des élèves avec des longs cheveux mais comment cela peut-il arriver ? Mr. Ndoh Edwin, enseignant au Privilege Bilingual Nursery School de Ntob, explique que «le fait de couper les cheveux a été décidé pour tout le monde sans exception, mais au fur et à mesure on s’est rendu compte que certaines cultures n’acceptaient pas cela. Il a fallu choisir entre le fait de respecter une règle et prendre le risque de voir un enfant rester à la maison pour cela, ou accepter l’enfant à cause de la tradition. Chez les Bororos (populations nomades que l’on localise dans la partie septentrionale du Cameroun) il est interdit de couper les cheveux. Rien que pour les populations issues de cette région, nous avons décidé d’admettre leurs enfants avec des cheveux longs».
Salma Amadore pour ExcelAfrica
27-01-2013