BURKINA-FASO: Bac 2012, l’heure de vérité

Hier 21 juin 2012, les nombreux candidats au baccalauréat, sur l’ensemble du territoire  national, ont pris d’assaut les différentes salles de composition pour décrocher le premier  diplôme universitaire. Au nombre de 49 492, ils composeront durant plusieurs jours dans l’espoir d’accéder au grade de bachelier qui leur ouvrira les portes des différentes universités du pays. Autant dire que l’heure de vérité a sonné surtout qu’un des sujets de philosophie de la série A4, portait justement sur la vérité. Quelle était la situation sur le terrain ? Réponse avec le ministre de tutelle, Moussa Ouattara, qui a d’abord fait le tour de quelques centres à Ouagadougou avant de partir pour Bobo-Dioulasso hier, dans la soirée.

Après le Certificat d’études primaires et le BEPC, les candidats  au premier diplôme universitaire ont pris  la relève dans l’évaluation pour l’obtention des  parchemins de fin de cycle. C’est l’heure du bilan, sinon du résultat, et chacun des postulants au baccalauréat récoltera ce qu’il aura semé. Les candidats en ont pleinement conscience, eux qui ont consacré 9 mois à affûter leurs armes pour être, en cette fin d’année, élevés au grade de  bacheliers. En tout cas au Lycée technique privé des Assemblées de Dieu (LTPAD) où nous étions à 7h, en compagnie du ministre des Enseignements secondaire et supérieur, Moussa Ouattara, le temps était à la concentration et, certainement, à la prière aussi.

Les candidats, déjà installés, attendaient la première épreuve. Tout était calme et même les nourrissons, dont les mamans-candidates étaient en salle, semblaient observer une certaine sagesse. Seul le bruit des “intrus” venait rompre, par moments, ce silence lourd. L’atmosphère allait être même décontractée avec le ministre Moussa Ouattara qui, dans une des nombreuses salles visitées, tenait en substance les propos suivants : “Je suis venu, accompagné de mes collaborateurs, pour vous encourager et vous demander de rester  sereins pour espérer avoir un bon résultat. Faites en sorte par ailleurs que tout se passe bien. Ne tentez surtout pas de frauder. Pour cela, débarrassez-vous de vos vieux documents et portables, et surtout  n’ayez pas un  cou d’autruche que vous pourriez tendre pour regarder chez votre voisin”. Hilarité totale dans la salle où les candidats venaient d’être prévenus par le professeur pédagogue. I

l est 7h20 mn presque, l’heure prévue pour commencer la première épreuve. Une enveloppe aux bordures bien liées par du scotch est remise au ministre. Celui-ci la présente aux candidats puis, avant de l’ouvrir, y lit les écritures en noir bien visibles : “Baccalauréat session 2012, série G2, épreuve de comptabilité. Durée, 5 heures”. Le top de départ des hostilités venait ainsi d’être donné dans cet établissement protestant dont le directeur, le pasteur Wendlassida Innocent Kientéga, se satisfait du bon début des travaux. Que se passe-t-il dans d’autres centres d’examens de la capitale ? Après le LTPAD, le cortège du ministre s’immobilise devant le lycée municipal Vénégré, regroupant 4 jurys où composent les candidats des séries D et A4.

Pas grand-chose à signaler aux visiteurs : tout se passe bien, sauf pour Yimba Kassoum qui, angoissé, s’époumonait à convaincre les examinateurs qu’il avait perdu sa pièce d’identité. Mais ceux-ci voulaient une preuve, ne serait-ce qu’une déclaration de perte. Rien de tout ça. Aura-t-il des chances de composer ? La directrice du centre, Marie Madeleine Diébré, par ailleurs proviseur de l’établissement, rassure : “Pour ce qui concerne l’identification, il n’y a pas de problème. On permet généralement au candidat de composer. Mais à la prochaine épreuve, il est tenu d’apporter les pièces à conviction. Yimba Kassoum pourra composer en attendant”. Bonne chance alors, cher candidat ! Aux lycées Song-Taaba et Marien N’Gouabi par lesquels, le professeur Moussa Ouattara a terminé sa tournée, les élèves composaient sans heurt.

Le langage de celui-ci a été le même aux différents surveillants, membres du secrétariat et de jurys : “Je suis passé pour vous soutenir et vous dire combien cet examen tient à cœur au gouvernement. Faites en sorte alors que tout se passe bien, surtout dans la transparence. Travaillez de sorte qu’à la fin on vous oublie, preuve que le travail a été bien fait. Dans le cas contraire, vous serez amenés à produire à  n’en pas finir des rapports justificatifs, chose que nous souhaitons pas”. Il n’a pas non plus oublié de rappeler à ses interlocuteurs qu’au cas où un candidat serait pris en flagrant délit de tricherie, ils devraient respecter les textes réglementaires en le laissant terminer sa composition avant toute chose. En prenant le pouls de centres d’examen de la capitale, Moussa Ouattara a pu toucher du doigt les réalités du terrain, et c’est un ministre rassuré du bon déroulement des épreuves qui a quitté ses collaborateurs pour rejoindre, hier dans la soirée, Bobo-Dioulasso, l’étape suivante de sa tournée.

 

Nankoita Dofini

Quelques innovations de 2012

Plusieurs mesures ont été prises pour améliorer  l’organisation du baccalauréat cette année : il s’agit notamment du passage aux nouveaux standards de diplômes et de relevés de notes sécurisés ; de la personnalisation informatique des diplômes à partir du fichier validé de la session de 2012 ; de l’ouverture de jurys complets de composition et de correction dans les centres de Boussé (Plateau-Central), Nouna (boucle du Mouhoun) et Tanghin-Dassouri (Centre) ; de l’absence de candidat au baccalauréat professionnel, option maintenance en audiovisuel électronique (MAVELEC) ; du renforcement des centres de déroulement des épreuves pratiques du bac technique et électronique aux lycées professionnels du Kadiogo et Bruno-Buchwieser, etc.

 

Le bac en chiffres

Ils sont 49 492 candidats à cette session de 2012, répartis dans 210 jurys logés dans 99 centres. On dénombre 19 5333 filles représentant 39,51 % de l’effectif total contre 29 939 garçons. Le nombre de candidats libres s’élève à 13 417.

L’organisation de la présente session, qui mobilise 14 230 personnes, a nécessité un budget de 1 843 286 870 FCFA. Le plus jeune candidat est né en 1995 et le plus vieux en 1958.

 

Quelques candidats apprécient

A l’issue de l’épreuve de philosophie de la série A4, dont les deux sujets de dissertation au choix étaient :

“Peut-on se passer de l’usage de la parole dans la relation à autrui ?” et “Dire que les vérités changent et évoluent est-ce dire qu’il n’ y a pas de vérité ?”, nous avons approché des candidats qui apprécient.

Kanazoé Abdoul Kader : J’ai choisi le premier sujet parce que j’aime les sujets qui touchent à la culture et à la langue. En plus, je le trouvais plus abordable que les autres. Il fallait montrer, je pense, dans un premier temps, qu’on ne peut pas se passer de la parole dans la relation à autrui. Mais dans un second temps, on pouvait concevoir la relation à autrui sans la parole parce que quand deux consciences sont mises en évidence, chacune d’elles lutte pour avoir une autonomie.

 

Nadège Tiendrébéogo : J’ai traité le premier sujet parce qu’il était à ma portée. J’ai démontré que la parole est importante et que, par conséquent, on ne peut pas la contourner dans la relation avec autrui. Si tous les sujets sont abordables de la sorte, je pense que je vais avoir le bac.

 

Désiré Kambou : C’est le premier sujet que j’ai choisi parce que c’est celui que je comprenais le mieux. Pour un début, je pense que ça se passe bien. C’est la première fois que je passe le bac et je crois que je vais l’avoir.

Source: http://www.lobservateur.bf/

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