Guinée – Déclaration de la Coordination des Etudiants de Kankan en exil à Dakar (Séné

Guinée – Déclaration de la Coordination des Etudiants de Kankan en exil à Dakar (Sénégal)
ExcelAfrica – [09/12/04]

La Coordination des Etudiants de Kankan – 10 décembre 2004

Voici deux ans, jour pour jour que le campus Universitaire de Kankan fut investi par les Commandos Rangers et nouvelles recrues de l’armée transformant ainsi le campus en véritable champ d’application de la formation militaire. A toutes les entrées, au moins une trentaine de soldats stationnés. A l’intérieur du campus, nombreux étaient-ils à assurer la garde devant les différents départements et dortoirs. La plupart des étudiants avaient vidé leurs cabines et les salles de classes étaient également vides. Il n’y avait pas de cours, la ville et le campus étaient au cœur de la tourmente.

Ce jour, 10 décembre 2002, restera pour toujours une date à la marque indélébile dans la mémoire des étudiants et de la population de la ville de Kankan mais aussi une psychose et un cauchemar hantant pour les trente-trois étudiants qui furent détenus au camp militaire Soundiata KEITA de Kankan du 10 au 16 décembre 2002 dans des conditions cruelles et dégradants ( torture, exposition au soleil…)

De centaines d’étudiants, filles comme garçons, furent lunchés, blessés, pourchassés et atrocement atteint par coups de crosses. Force est de croire que le sang de l’étudiant a coulé et son cri de détresse s’est envolé vers des horizons où l’espoir d’un secours ne s’affichait guère. Sous le regard impitoyable et complice des autorités Universitaires, administratives et militaires de la région de Kankan, ces atrocités se déroulaient comme si de rien n’était.

Et pour quelle cause ?

Pour avoir et de façon légitime réclamé de meilleures conditions d’études et de vie ainsi que la reconnaissance de la C.E.K comme structure représentative pouvant défendre les intérêts des étudiants et servir de pont entre les autorités Universitaires et les l’ensemble des étudiants. Ces droits aussi élémentaires que ceux-ci furent, à la plus grande surprise de tous et de chacun teintés de la couleur politique ( étudiants à la solde des politiciens, étudiants voulant renverser le pouvoir en place… ) et sauvagement réprimés avec pour bilan :

– trente-trois étudiants détenus dans des conditions inhumaines au Camp Soundiata KEITA

– neuf étudiants renvoyés au titre de l’année 2002-2003 avec blâme et inscription aux dossiers

– onze étudiants licenciés et radiés définitivement des registres officiels de l’Université.

Sentant leur liberté et leur vie menacé, les membres du bureau exécutif de la C.E.K vivent présentement en exil à Dakar dans des conditions précaires de tous points de vue car, même un ancien Ministre accusé d’être en intelligence avec la C.E.K eut la concession familiale violée par les forces de l’ordre en février 2003 lorsque les étudiants réclamaient la réhabilitation sans condition des membres de la C.E.K licenciés. Et malgré l’intervention du Ministre de la Justice d’alors en faveur de la C.E.K et les multiples démarches auprès des autorités administratives, politiques, universitaires et même traditionnelles, il ne fut pas possible de faire entendre raison à Monsieur le Recteur qui considère les membres de la C.E.K comme des ennemis à abattre.

On ne pourrait imaginer qu’en ce siècle de la civilisation de l’universelle et de la concurrence scientifique, nos autorités considèrent comme anti-démocratique une grève estudiantine qui pointe du doigt les zones d’ombre du système éducatif et qui revendique une meilleure formation de la relève de demain. L’exemple des grèves des étudiants de Conakry et de Faranah illustre parfaitement cette obstination des autorités à ne pas faire face et de façon bénéfique aux problèmes de la jeunesse en général et ceux des élèves et étudiants en particulier.

Toutefois, réaffirme sa ferme abnégation à toujours combattre les torts commis à l’endroit des étudiants. C’est pourquoi elle saisit cette date du 10 décembre 2004, pour inventer tous les citoyens Guinéens en général et les élèves et étudiants en particulier pour :

– Dire NON à la répression des grèves en milieu universitaire et scolaire

– Dire NON à la torture et l’emprisonnement des élèves et étudiants qui est une violation des droits universels de l’homme

– Rendre un hommage à tous les élèves et étudiants mort (es) en situation de grèves. Que ce jour soit établi pour toujours afin qu’on se souvienne d’eux.

– Rendre un hommage à tous les anciens élèves et étudiants qui se sont battus corps et âme pour l’amélioration des conditions d’études et de vie dans les écoles et universités. Ils sont par centaines ceux qui ont perdu l’usage de leurs jambes, qui ont perdu un œil, qui ont eu des traumatismes crâniens ou des fractures

– Rendre un hommage à tous ceux qui se battent encore aujourd’hui pour que l’éducation guinéenne retrouve sa place d’hier et marche au rythme du progrès de la science, de la technique et de la technologie.

– Apporter notre compassion et notre soutien moral à toutes les familles des victimes de grèves.

– La libération sans condition du reste des étudiants emprisonnés et la réhabilitation des étudiants licenciés et radiés définitivement des universités de Kankan, Faranah et Conakry.

– Demander aux autorités universitaires d’user du dialogue dans la résolution des problèmes estudiantins plutôt que d’user de la force qui ne saurait mettre un terme aux multiples grèves.

Enfin, la C.E.K exprime sa profonde gratitude aux organismes de Défense de droits de l’Homme plus particulièrement l’Organisation Guinéenne de Défense de Droits de l’Homme ( O.G.D.H ) qui ne ménagent aucun effort pour leur apporter un soutien moral tant précieux. Elle lance également un appel à toutes les Organisations Internationales et nationales à lui apporter dans le cadre de ses objectifs un soutien.

La jeunesse Guinéennes d’aujourd’hui reste et demeure la relève de demain. La Guinée de demain ne se fera sans elle. Alors, faut-il bien ou mal la préparer ? Faire d’elle une bonne ou mauvaise relève ?.

Vive l’Etudiant Guinéen.

Que Dieu bénisse la Guinée.

Dakar, le 10 décembre 2004

La Coordination des Etudiants de Kankan

Contact :
Email : [email protected]
Tél : 00 221 527 66 23

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