75 millions de 15-24 ans à la recherche d’un emploi : le constat alarmant du chômage des jeunes dans le monde et la tentation du “ni ni”
Dans un rapport rendu public ce mardi, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) estime à 75 millions de 15-24 ans à la recherche d’un travail. Un triste record confirmant que les jeunes sont bien les premières victimes de la crise économique de ces dernières années. Depuis 2007 et le début de la crise, c’est une augmentation de près de 4 millions de moins de 25 ans en quête d’un emploi. Autre mauvaise nouvelle : le pessimisme des experts qui ne prévoient aucune amélioration d’ici 2016.
Des chiffres alarmants
Si le taux moyen de demandeurs d’emploi entre 15 et 24 ans est de 12.7% à l’échelle mondiale, la jeunesse de tous les pays n’est pas logée à la même enseigne. En tête niveau dégradation de la situation, l’Europe du Sud où le taux de demandeurs d’emploi avoisine les 18%. Des pays comme la Grèce, mais aussi l’Espagne sont, comme on le sait, particulièrement touchés. Les révolutions arabes, si elles semblent avoir apporté un espoir de démocratie et de liberté pour la nouvelle génération, se sont souvent accompagnées d’une hausse du taux de chômage des jeunes. Entre 2010 et 2011, celui-ci a en effet connu une augmentation d’environ 5% en Afrique du Nord. Région où il toucherait 27,9% des 15-24 ans. Au Moyen Orient, le chiffre serait de 26.5%.
Y auraient ils des pays mieux lotis? Oui et non. Quand le chômage des jeunes recule, c’est légèrement et sans espoir de progrès dans les prochaines années. C’est le cas en Amérique Latine, aux Caraïbes, en Asie du Sud Est ou encore en Europe centrale et de l’Est. Et même dans les régions les plus favorables aux jeunes, le chômage des 15-24 ans reste deux à trois fois plus élevé que celui des adultes.
Les conséquences sur le travail des jeunes
Evidemment, les conséquences sur le niveau de vie des jeunes sont directes et dramatiques. En 2011, alors que 11.1% des adultes occupaient un emploi temporaire, ils étaient 42.2% des 15-24 dans ce cas. Il est vrai que le monde du travail est en train d’évoluer et que tous les jeunes n’aspirent plus forcément à rester toute leur vie dans une entreprise, mais ces chiffres reflètent la précarité toujours plus forte des entrants sur le marché du travail. Temporaire, l’emploi des jeunes est souvent partiel, un temps partiel la plupart du temps subi. De même, avec plus de concurrents pour un poste, les rémunérations sont plus faibles. Comment négocier un bon salaire quand cinq autres se battent pour le même travail?
Les postes étant rares, beaucoup sont obligés d’accepter un emploi en dessous de leurs capacités. Ils sont alors sur-diplomés et sur-qualifiés. Non seulement ils ne sont pas utilisés à leur juste valeur, mais ils prennent aussi la place de jeunes moins qualifiés qui, avant la crise, auraient trouvé du travail.
Les “ni – ni”, rebels de la crise économique
Des millions de jeunes font un autre choix. Plutôt que d’être sous payés ou d’occuper des postes qui ne leur conviendraient pas, ils décident de prolonger leurs études pour retarder au maximum leur entrée dans la vie active et s’assurer un maximum de chance de décrocher un job décent. Là aussi, cela suppose une plus grande précarité et, pour nombre d’entre eux, un petit boulot peu gratifiant pour pouvoir se payer un micro-studio. D’autres encore deviennent des “ni-ni”. Ni études-ni boulot, cette “génération ni ni” augmente et a été popularisée, notamment en Espagne par une émission de télé réalité. Ils représenteraient là-bas 15% des 15-24 ans. Les “ni ni” se caractérisent par un manque de projet à long terme et un pessimisme sur l’avenir. Attention cependant avec ce concept. Il n’y a qu’un pas entre reconnaître cette tendance et le fantasme des jeunes paresseux. Une étude du sociologue Lorenzo Navarrete démonte ce mythe du jeune ne voulant rien faire. Pour lui, seuls moins de 2% de ces jeunes ne voudraient pas que leur situation change.
Précaires, éternels étudiants, blasés avant l’heure… La nouvelle génération souffre plus que les autres des conséquences de la crise économique. L’OIT tire la sonnette d’alarme et préconise aux gouvernements de prendre des mesures d’incitations financières pour favoriser l’emploi des 15-24 ans.
http://www.keek.fr
23/05/2012