ALGERIE – La crédibilité du bac 2012 sérieusement mise à l’épreuve

Suite à la décision du ministère de l’Education d’arrêter les cours pour les élèves de terminales le 30 avril, la question de la crédibilité du bac 2012 se pose avec acuité. A vrai dire, l’année scolaire 2011/2012 a été perturbée par les grèves répétées et aussi par les intempéries, dans certaines régions, les écoles sont restées fermées plus d’une quinzaine de jours.

Les élèves des classes terminales  ont un mois pour préparer l’examen. Le bac blanc aura lieu, selon le ministère, avant le 10 mai, alors que «l’officiel» est prévu le 3 juin. Le ministère a annoncé également que les mesures d’organisation adoptées l’année écoulée seront reconduites. Des cours de soutien et des révisions sont également programmés pour les candidats.

Pour le ministère de l’Education nationale, les programmes scolaires seront achevés à temps, mais «les résultats du bac 2012 seront-ils  à la hauteur des espérances des bacheliers et de leur parents?», s’est interrogée Mme Belhamla, enseignante dans un lycée constantinois, car selon elle, «le bac n’est qu’un simple diplôme, mais c’est l’avenir qui se dessine en le décrochant et aujourd’hui, il ne sert qu’au bonheur des parents».

Pour sa part, M. Meziane Meriane, coordinateur national du SNAPEST, estime qu’il faudrait tout d’abord attendre le rapport de la commission nationale d’évaluation qui va élaborer le pourcentage des programmes enseignés  avant de se prononcer. «C’est une chose que nous avons toujours dénoncée dans notre syndicat (…) nous demandons aux élèves de réviser la totalité des cours étudiés pour ne pas pénaliser l’effort fourni durant l’année scolaire. De plus, le seuil va être élaboré en fonction du minimum, c’est-à-dire la wilaya qui a le moins de programmes, ce qui est une aberration».

Pour le SNAPEST qui  a toujours milité pour supprimer le seuil des cours, «cette année a été marquée par  les grèves et les intempéries, et bien que les cours aient été rattrapés pour la majorité, il faut revoir le volume horaire de telle sorte qu’il y ait un équilibre entre le volume horaire et le programme», a encore précisé M. Meriane qui poursuit : «Le ministre a cédé à chaque fois et chaque année face aux élèves. Il  faut  leur faire comprendre qu’il s’agit de leur avenir et qu’ils ont un cursus universitaire à préparer, raison pour laquelle il faut s’armer avec le maximum de bagages».

D’un autre côté, M. Hadji, coordinateur de la wilaya de Constantine et membre du bureau national du  SNTE,  souligne que  «le ministère fonctionne à chaque fois sous la pression des élèves et fait tout pour calmer leur  colère». Il poursuivra : «cela ne peut en aucun cas être bénéfique au système éducatif de manière générale. Pour cela, la crédibilité  des examens et notamment du baccalauréat en prend un coup. Notons aussi la  rupture de confiance entre la tutelle, les syndicats et les parents d’élèves».

La position du SNTE est claire : «les  décisions concernant les dates des examens  ne doivent pas obéir aux conditions politiques». M. Hadji précise : «au niveau de notre syndicat, nous refusons les décisions dictées par une conjoncture politique».

Si le SNTE estime que la crédibilité des examens est menacée, le CLA via un communiqué déplore le fait que «l’année scolaire 2011/ 2012 tire à sa fin, une année scolaire dont la durée est loin des 35 semaines appelées de tous ses vœux par Benbouzid». Le communiqué du CLA est clair : «La crédibilité du baccalauréat est de plus en plus remise en cause, sacrifiant l’avenir de milliers d’élèves».

Qu’en est-il des parents d’élèves ?
Le Pr Mohamed Habib Belmahi, enseignant au département de pharmacie de l’université de Constantine et parent d’un élève de terminale, indiquera qu’à son avis, «le problème avec le seuil des programmes, c’est qu’on va pénaliser les enfants qui ont travaillé toute l’année. Et en fin de compte, les répercussions vont apparaître au niveau de l’université». Il ajoutera qu’«en tant que parent d’élève, je constate que les programmes notamment de maths et de physique- chimie ont été presque shuntés. En plus, tous les établissements ne fonctionnent pas avec le même rendement, ce qui explique le niveau très bas et le taux d’échecs à l’université.»

Par IlhemTir

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