Togo – L’université de Lomé est fermée à la suite de violences

Togo – L’université de Lomé est fermée à la suite de violences
Togo – [04/05/04]

Charles Kondi Agba, le ministre togolais de l’Enseignement supérieur, a décidé de fermer l’Université de Lomé (UL) à la suite de heurts survenus vendredi dernier sur le campus. « La violence n’est pas tolérable » à estimé le ministre. Une violence suscitée et alimentée par des éléments extérieurs à l’université, selon les informations collectées par les forces de sécurité.

"Depuis quelques jours, des groupes d’étudiants manipulés par des partis politiques extrémistes, qui ne veulent pas des consultations en cours actuellement entre l’Union européenne (UE) et notre pays, sèment troubles et désordre sur le campus de l’UL. Pour ramener le calme dans les esprits et entamer des discussions estudiantines vraies, l’UL est fermée à compter de ce jour 2 mai 2004", a indiqué M. Agba, ajoutant que "tous les cours et exercices d’enseignement sont suspendus jusqu’à nouvel ordre".

Par ailleurs, le président de l’UL Nicoué Gayibor a pour sa part dénoncé dimanche la présence d’"individus manifestement étrangers au campus aux côtés des étudiants contestataires", lors de ces manifestations. La police avaient fait les mêmes constatations lors des interpellations de vendredi dernier.

A l’origine de la tension, une demande des étudiants pour que le gouvernement leur verse par anticipation et immédiatement quatre tranches des aides accordées par l’Etat à tous les étudiants togolais.

Ces aides sont versées en trois tranches au cours de l’année, a expliqué M. Agba, estimant qu’il s’agit de "réclamations fantaisistes".

Le montant d’une tranche d’aide s’élève à 20.000 F.CFA (environ 30 euros) par étudiant, soit environ 300 millions de francs CFA (environ 457.000 euros) d’enveloppe financière pour les 15.000 étudiants inscrits dans les universités de Lomé et de Kara (420 km au nord-est de la capitale).

Communiqué du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Depuis quelques jours, des groupes d’étudiants manipulés par des partis politiques extrémistes, qui ne veulent pas des consultations en cours actuellement entre l’Union Européenne et notre pays, sèment troubles et désordres sur le campus de l’Université de Lomé.
Les revendications qui servent de prétexte à ces perturbations ont été annoncées dans une prétendue lettre ouverte aux autorités. Contrairement à la pratique habituelle des rencontres et discussions avec le ministre de l’Enseignement supérieur, les fauteurs de troubles – infiltrés par des éléments totalement étrangers au monde universitaire – ont décidé de procéder par ultimatums, chantages et intimidations à l’encontre des responsables de l’Université et des étudiants qui entendent continuer à suivre les cours et à terminer de façon normale l’année.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche tient à rappeler que, malgré la conjoncture difficile, et sur instructions du chef de l’Etat, le gouvernement consent d’énormes efforts pour les étudiants.
C’est ainsi que cette année scolaire 2003-2004, une 2e Université a été ouverte à Kara. En outre, deux tranches d’aide ont déjà été servies à tous les étudiants, aux dates habituelles. La 2e tranche est encore en cours de paiement.
Réclamer le payement immédiat de quatre tranches d’aide – que l’on présente faussement comme une dette de l’Etat à l’endroit des étudiants – procède de la provocation pure.
De même, le gouvernement a mis à la disposition des étudiants de nouveaux autocars, pour faciliter leurs déplacements dans Lomé. Un arrêté rectoral a fixé le coût du transport à 150 francs ; mais dans un esprit de conciliation, le président de l’Université de Lomé a baissé ce prix à 100 francs. C’est aussi le prix payé actuellement par les étudiants de l’Université de Kara.
Exiger que les bus transportent les étudiants de Lomé à 50 f constitue également une provocation délibérée.
Enfin, s’agissant de la restauration, plusieurs centaines de millions de francs ont été investis récemment pour refaire toute la cuisine de la Cité Universitaire. La réception provisoire des équipements vient d’être faite. II reste à tester les chambres froides et à former le personnel à l’utilisation de ce matériel nouveau et moderne.
Un arrêté rectoral a fixé désormais le déjeuner ou le dîner à 500 francs. Exiger que le restaurant ouvre immédiatement et serve des repas à 100 francs, démontre que ces réclamations, qui ne sont ni raisonnables ni rationnelles, ne sont pas uniquement de dimension estudiantine.
Les heurts, les échauffourées et les actes de vandalisme de la journée du vendredi 30 avril 2004 sur le campus universitaire ont atteint un degré de violence inacceptable. C’est ainsi que des cocktails molotov ont été lancés contre les véhicules de police. Des voitures personnelles et des bus de transport d’étudiants, acquis à grands frais, ont été brûlés. De nombreux agents des forces de sécurité ont été blessés.
En conséquence, pour ramener le calme dans les esprits et entamer des discussions estudiantines vraies, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche décide ce qui suit :
– l’Université de Lomé est fermée pour compter de ce jour 02 mai 2004
– tous les cours et exercices d’enseignement sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.

Fait à Lomé, le 02 mai 2004

Communiqué du président de l’Université de Lomé

Les autorités de l’Université de Lomé ont toujours fait du dialogue et de la concertation, la pierre angulaire de leurs relations avec les étudiants. C’est ainsi que dès le début des mouvements en cours sur le campus, les divers représentants des étudiants furent reçus à maintes reprises par la Présidence de l’Université de Lomé et leurs doléances sur le plan pédagogique et académique ont été ou sont en train d’être satisfaites.
De même, au nom de la concertation et du dialogue, les étudiants ont été autorisés à tenir une assemblée générale sur le campus, à la demande du groupe des cinq, à condition qu’ils s’abstiennent de tout débordement, menace ou expulsion des amphis de leurs camarades désireux de suivre les cours au même moment.
Malheureusement, les étudiants n’ont pas respecté la parole donnée. Alors qu’ils parlent de conciliation et d’apaisement devant les autorités universitaires, ils tiennent plutôt des propos incendiaires et jusqu’auboutistes devant leurs camarades.
Par ailleurs, des individus manifestement étrangers au campus sont apparus aux côtés des étudiants contestataires, molestant sauvagement ceux qui étaient désignés comme opposés au mouvement, s’attaquant aux forces de l’ordre et détruisant les biens publics.
Devant ce déploiement de violence et de désordre généralisé de la part des étudiants contestataires, visiblement manipulés par des forces obscures extérieures à l’Université, dans le but avoué et clairement exprimé de nuire à l’image du Togo à l’extérieur au cours de cette période de négociations entre l’Union Européenne et notre pays, étudiants d’ailleurs en minorité et dont se sont désolidarisés bon nombre de délégués, la Présidence de l’Université de Lomé a dû faire appel à ses autorités de tutelle pour ramener le calme sur le campus.
Nous tenons à rappeler aux étudiants que la formation qui leur est dispensée sur le campus n’est pas seulement scientifique. Elle vise également à leur inculquer les valeurs d’une culture civique et démocratique qui exclut tout absolutisme et tout désir d’imposer par la force sa volonté aux autres.
Par ailleurs, comme il a été maintes fois répété, toute manifestation sur le campus ne peut avoir lieu qu’en dehors des heures de cours, et elle est subordonnée à une autorisation préalable des autorités. Pendant leur mouvement, il est hors de question que les manifestants menacent leurs camarades qui veulent suivre les cours, ou qu’ils perturbent d’une manière ou d’une autre le bon déroulement des activités pédagogiques sur le campus, faute de quoi, l’Université se trouvera dans l’obligation de faire intervenir les forces de l’ordre pour protéger ceux qui veulent étudier en toute quiétude.

Fait à Lomé, le 2 mai 2004

Source: http://www.republicoftogo.com/fr/new…=1&newsID=8031

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